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LIBERIA : Un Nobel de la paix qui divise

lundi 10 octobre 2011.

 

Critiquée sur le soutien financier qu’elle avait apporté au début des années 1990 au chef de guerre, Charles Taylor, président du Liberia de 1997 à 2003, Ellen Johnson Sirleaf, actuelle présidente libérienne, a été faite prix Nobel de la paix à seulement quatre jours d’une élection à laquelle elle est candidate à sa propre succession. Il n’en fallait pas plus pour susciter de la part des opposants au régime de Monrovia, des critiques acerbes. Le Nobel de la paix qui, comme le suggère son nom, est censé célébrer les efforts consentis pour l’avènement de plus de paix dans le monde, devient, ironie du sort, source de division au Liberia.

En plus de trouver les résultats des cinq ans d’exercice du pouvoir de la première femme africaine présidente insuffisants, les contempteurs de celle-ci ont trouvé à redire sur la période choisie pour la distinguer. Selon eux, le choix de la période de campagne est loin d’être fortuit et viserait à favoriser la candidate présidente. Toute chose qui serait susceptible de fausser le jeu électoral. L’opposition libérienne est dans son bon rôle, surtout en période électorale, en critiquant la gestion du pouvoir d’Etat par la chef d’Etat.

C’est également de bonne guerre si elle n’apprécie pas la coïncidence entre la remise du prix Nobel et la présidentielle libérienne. Car, auréolée d’une aussi prestigieuse distinction, la présidente sortante peut théoriquement avoir une longueur d’avance sur ses concurrents. Ceux-ci manifestent ainsi leur refus de se faire coiffer au poteau à cause d’un détail de dernière minute. Mais est-ce pour autant qu’au nom de calculs politiques, ils doivent confondre les conditions à remplir pour mériter un Nobel de la paix et les critères d’appréciation ou d’évaluation d’un mandat présidentiel ? Selon les volontés de son initiateur Alfred Nobel, définies par testament, le prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ».

C’est donc le volet qui concerne la paix qui est pris en compte ici, ce qui ne représente qu’une partie dans la gestion d’un Etat. Et en cela, l’on ne saurait dire que lady Sirleaf a démérité. Après avoir fait la prison pour avoir milité pour un pays sans dictature, ni guerre, elle est arrivée, comme "Le Pays" a souligné de façon presque prémonitoire dans ces mêmes colonnes, à redonner aux Libériens, après quatorze ans de conflit, le goût de revivre ensemble. Quant à la période de découverte des Nobel de 2011, la co-lauréate du Nobel de la paix de cette année aurait pu influencer son choix qu’elle l’aurait anticipée de sorte à pouvoir porter ce noble titre tout le long de la campagne électorale en vue d’en profiter le plus largement et le plus longtemps possible.

De plus, le mois d’octobre a toujours été celui au cours duquel les différents prix Nobel sont proclamés. Fallait-il, juste pour faire plaisir aux opposants libériens, modifier cette légendaire programmation ? Et si les partisans de la « dame de fer » rétorquaient à ses challengers, dans ce cas, qu’une éventuelle modification spéciale de la date de publication des Nobel serait motivée par une tricherie visant à priver leur candidate d’une chance à laquelle elle a naturellement droit ? Le comité Nobel a donc vu juste en maintenant, malgré sa grande proximité avec l’échéance électorale, le délai habituel. Aux acteurs politiques qui voient cela d’un mauvais œil de trouver un autre terrain qui leur est plus favorable pour contre-attaquer. Ils auront d’ailleurs du mal à persuader les électeurs libériens que leur remise en cause du prix de leur adversaire n’est pas guidée par des considérations politiques. La visée électoraliste de leurs diatribes est d’autant plus apparente qu’elle épargne les deux co-récipiendaires de la chef d’Etat libérienne, à savoir Leymah Gbowee, elle aussi Libérienne, et la Yéménite Tawakkul Karman. Journaliste de profession, cette dernière, tout en défiant les règles de sa société, a été la première Yéménite à avoir osé manifester, le visage découvert. La compatriote de la présidente libérienne, elle, a été à la base de l’originale et payante initiative ayant consisté pour les femmes à se refuser aux hommes tant que ceux-ci n’enterreront pas la hache de guerre.

Elle fait partie donc de celles qui ont posé les jalons de l’avènement de la paix dans le premier pays indépendant d’Afrique et balisé le terrain politique pour favoriser l’arrivée d’une femme à la tête d’un Etat africain. Certes, le passé de la présidente libérienne n’est pas exempt de reproches, tout comme ses cinq ans de règne. Toutefois, nul n’étant parfait en ce bas monde, il serait plus sage d’avoir foi au travail du comité Nobel et considérer, comme l’ont dit les lauréates elles-mêmes, que cette distinction est celle de l’Afrique, particulièrement sa gent féminine. Les clivages politiques mis de côté, les Libériens doivent répondre avec promptitude à l’appel de la seule présidente prix Nobel au monde, en travaillant avec elle pour atteindre la vraie réconciliation voulue de tous. En tout cas, l’Afrique ne peut qu’être fière de voir deux de ses femmes récompensées.

"Le Pays"



Vos commentaires

  • Le 10 octobre 2011 à 07:02 En réponse à : LIBERIA : Un Nobel de la paix qui divise

    Un prix nobel de la paix se mérite et cette prestigieuse institution est très indépendante et est au dessus de la melée quant à nos petites querelles africaines.En tout cas toutes mes sincères félicitations à lady Ellen Johson Sirleaf pour son prix nobel de la paix.Je ne boude pas mon plaisir comme ce monsieur qui boude dans son palais parcequ’il a été retoqué une fois de plus,lui qui coure comme un lièvre derrière ce prix nobel de la paix.Suivez mon regard mes chers compatriotes.Il oublie que les gens n’ont pas oublié son passé sulfureux surtout dans un assassinat emblématique pour parvenir au pouvoir sans oublié aussi qu’il s’est spécialisé pour les trafics d’armes.En fait tout le contraire des idéaux d’Alfred Nobel et donc il est banni à jamais pour ce prix

  • Le 10 octobre 2011 à 12:16, par Sidgomde En réponse à : LIBERIA : Un Nobel de la paix qui divise

    De toute facon le prix novel de la paix est un prix malheureux dans le sens qu’il est attribue aux pauvres just pour les calmer or pour leur dire vous qui connaissez toujours les guerres, les famines, les maladies..... arretez maintenant.
    Moi j’attends avec impatience le jour ou les vrai prix nobel comme la medcine, la chimie et l’economie voire la literrature tomber dans les mains des pays pauvre notament un compatriote Burkinabe.
    Nous au Faso on connait une paix par la grace de Dieu, on veut aussi notre prix novel pour ca. Faut-il attendre le jour ou les Burkinabes vont prendre les armes comme au liberia et en Sierra leone pour obtenir un malheureux prix appeler prix nobel de la paix ?

    • Le 10 octobre 2011 à 18:42 En réponse à : LIBERIA : Un Nobel de la paix qui divise

      Je crois qu’un africain a déjà eu le prix de la littérature.Pour le prix nobel de chimie,math, medecine ou autres,tu rêves trop mais l’espoir est permis sinon c’est pas avec nos misérables facultés et labo qu’on aura ces génies pour le nobel.Déjà que la population arrive a se nourrir dignement,ce qui n’est pas le cas au jour d’aujourd’hui.Pour terminer sur tes propos le prix nobel n’est pas donné qu’a des pauvres.Ex Mandela,Obama

      • Le 10 octobre 2011 à 22:58, par Sidgomde En réponse à : LIBERIA : Un Nobel de la paix qui divise

        Mon Cher quand je dit le prix des pauvres tu me dis Obama et Madela et Madela ont deja eu ca. Mais qui sont Obama et Madela ? D’ou viennent t-ils ? renvoit leur histoire et tu comprendras ce que je veux dire.
        Madela merite son prix mais laissez moi vous dire que le prix novel d’Obama est un prix de complaissance. Je suis contente qu’il l’a eu mais il ne le merite pas desolee !

  • Le 11 octobre 2011 à 07:35 En réponse à : LIBERIA : Un Nobel de la paix qui divise

    Pour un attarde mental comme moi, c’est cette Gbowee ou bien ’ autre Yemenne qui meritaient vraiment le prix Nobel de la Paix. Pour cette grande dame, il fallait attendre un peu. Comme du reste Abama devait attendre. Ca donne du grain a moudre aux opposants liberiens meme s’ ils sont trop pwetits devant Sir Leaf.mai le Nobel, elle ne le merite pas encore. C’est bon mais c’est pas arrive. Entre nous. Les blanc ont toutes les tictacs pour nous manupiler.