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PESTICIDES : Des produits dangereux introduits au Burkina

vendredi 30 septembre 2011.

 

Dans la rubrique confidences du week-end de notre édition du lundi 19 septembre 2011, nous faisions cas de l’importation d’environ 50 tonnes de produits chimiques non conformes au Burkina. Il faut rappeler que cette importation fait suite à un projet pilote de lutte contre le paludisme dans la commune de Ouagadougou dont la convention a été signée le 26 novembre 2010 entre l’UEMOA, le ministère de la Santé et la mairie de Ouagadougou. Mais voilà que les pesticides importés ne répondent pas aux normes prescrites. Ces pesticides sont du Bactivec, du Griselesf et du Ciperméthrine. Pour faire entrer ces produits, l’importateur a déclaré à la frontière de Bittou que ce sont des désinfectants afin d’échapper à la réglementation nationale en matière de pesticides.

C’est au niveau de Ouaga route que le pot aux roses semble avoir été découvert puisqu’on s’est rendu compte que ce ne sont pas des désinfectants mais plutôt des pesticides qui, en plus, sont interdits d’usage dans tous les pays membres du CILSS dont le Burkina. Le problème, c’est qu’il s’agit de produits dangereux non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la santé humaine. Alors dans ces conditions, comment comprendre que les autorités burkinabè aient pu laisser entrer ces pesticides au Burkina sans réagir. A Ouaga route, les produits étaient en situation d’extra-territorialité dont la réexportation est beaucoup plus aisée en matière de textes réglementaires communautaires ou internationaux.

Mais dès qu’ils franchissent cette zone, il y a un autre problème. Pour vérification, l’importateur a pu obtenir des documents, on ne sait trop comment, et des instructions ont été données pour faire sortir ses produits qui se trouvent quelque part à Ouagadougou. Les produits sont certes sortis mais les personnes impliquées dans cette affaire savent bien qu’elles ne peuvent pas les utiliser à cause de leur dangerosité. Mais on s’interroge sur ce qu’elles vont donc en faire. Le Burkina ayant signé et ratifié les conventions internationales en matière d’environnement de Bale, de Bamako, de Rotterdam, de Stockholm, le protocole de Montréal, les pesticides importés doivent respecter les termes de ces conventions sinon, ils ne peuvent pas entrer sur le territoire.

Une histoire qui ressemble un peu au processus de la fameuse affaire du Probo Koala en Côte d’Ivoire qui avait défrayé la chronique en 2007 sur les bords de la Lagune Ebrié avec mort d’hommes. Il faut relever que c’est après la sortie des produits qu’une structure étatique regardante sur les pesticides a pris le dossier en mains et à la suite, une plainte contre X pour trafic illicite de substances dangereuses réglementées a été déposée le 9 septembre dernier auprès du procureur du Faso. Selon les informations obtenues auprès du cabinet du procureur, le dossier a été transmis dans une des brigades de gendarmerie pour enquêtes et il faut encore patienter pour en savoir un peu plus sur cette affaire de pesticides toxiques pour l’environnement et la santé.

Antoine BATTIONO

Le Pays



Vos commentaires

  • Le 30 septembre 2011 à 09:28 En réponse à : PESTICIDES : Des produits dangereux introduits au Burkina

    La recherche de gains faciles va tuer le Burkina.Dire que des structures de l’Etat couvrent impunément ces actions au nom de la toute puissance de l’argent.

  • Le 30 septembre 2011 à 18:15 En réponse à : PESTICIDES : Des produits dangereux introduits au Burkina

    On a longtemps accusé les sociétés cotonnières d’empoisonner la population et les ressources naturelles avec des pesticides ! Mais ce qui se fait dans le pays est grave et difficile à imaginer. Ce secteur (vente de produits chimiques tels que les pesticides) est un secteur incontrôlable. Non seulement les importateurs privés font ce qu’ils veulent sans tenir compte bien-sûr des homologations mais les populations rurales font pire et font rentrer des produits d’origine douteuse sous prétexte qu’ils sont efficaces et à effet rapide. Seulement,ils ne tiennent pas compte des interdiction et de la dangerosité pour la santé humaine et animale.
    Il faut instaurer plus de vigilance, de contrôle et de sanctions sérieuses pour tout contrevenant.