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Fait de chez nous : Les larmes d’un père qui maudissait son fils

vendredi 9 septembre 2011.

 

« Celui qui sème le vent, récolte la tempête », serez-vous tentés de dire après lecture de cette page. Comme un bébé, Fakô fait le tour des villages en larmes, à la recherche d’un wack qui pourrait renverser la situation. Quelle illusion ! Car la sanction de Béma son fils est irréversible, vue l’ampleur de la faute. D’ailleurs, n’est-ce pas lui Fakô qui a souhaité cela à son fils ? En tout cas, tout le village se souvient des propos du genre, « Béma ne me donne rien. S’il plaît à Dieu, il reviendra ici au village cultiver avec nous », « Il dort en grand en ville, pendant que moi je dors sur un « tara ».

Il viendra dormir sur la même chose que moi ici… ». Nous sommes en Afrique, où la malédiction parentale est très souvent incontournable. Ainsi, Béma n’a pas pu échapper à ce mauvais sort que lui a souhaité son père. Le Burkina Faso a traversé une crise sans précédant. La phase violente de cette crise a été servie par un corps précis. Béma bien qu’il soit dans ce corps il y a des années, s’est joint à la génération qui a pris la situation en main à un moment donné. Des biens ont été pillés, des violences ont été faites sur des citoyens. Béma au dire de certaines personnes, était parmi les décideurs pendant cette crise.

Et comme le pouvoir d’une nation n’est pas à sous estimer, surtout pour les citoyens de ce pays, Béma a donc été sanctionné comme tous ceux qui ont pris part au mouvement de pillage. Il a effectivement plié bagages pour rejoindre ses parents. Béma est marié et père de 3 enfants. Toute sa famille a déposé ses valises au village. Le souhait de Fakô son papa venait ainsi de se réaliser. Une daba neuve est confectionnée par l’unique forgeron. Béma venait ainsi de renouer avec son passé tant souhaité par son père. Après plusieurs années d’abandon de la daba, inutile de vous dire que Béma avait du mal à s’habituer. Mais ne sachant plus quoi faire dans l’immédiat après sa radiation, la daba était la seule alternative pour lui.

Une réalité qui a été difficile à supporter par son papa qui a toujours maudit son fils. Aussi passe-t-il son temps à pleurer à la recherche d’une main secourable. Une situation qui interpelle tous les parents qui, pour un oui ou un non, se plaisent à maudire leurs enfants. Et comme le feu ne peut brûler la tête et épargner les oreilles, les conséquences de la malédiction de Fakô sont vécues et par Béma et par Fakô lui-même. Une histoire qui nous renvoie à la pensée de Lorraine Hansberry qui dit, « il reste toujours quelque chose à aimer dans un être qui souffre ». D’où la pitié de Fakô pour son fils Béma.

Souro DAO /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso



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