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RELIGION : "En islam, la foi précède la raison"

jeudi 25 août 2011.

 

L’auteur de l’écrit ci-dessous fait une réflexion sur l’islam. Selon lui, contrairement à ce que disent certains penseurs, la foi précède la raison.
En ce mois béni de ramadan, mois par excellence de l’infusion de la parole incréée dans le monde relatif, le saint Coran fut révélé à l’humanité tout entière pour servir non seulement de lumière, de guidance mais aussi pour permettre à l’homme de se réconcilier avec son humanité, son souffle originel. Ma réflexion dans le présent article va partir de la conception de l’homme dans la tradition musulmane pour déboucher sur le rapport entre la foi et la raison, mariage nécessaire pour la manifestation de notre humanité.

De la conception de l’homme dans l’islam

Très brièvement, nous pouvons retenir à ce niveau que, selon la tradition musulmane, l’élan de la foi est constitutif de la personne humaine, c’est-à-dire l’élan vers la transcendance et la quête de la spiritualité. Tout l’islam partage cette affirmation ; elle est au cœur de la conception de l’homme. En Islam, la foi précède la raison.

De l’aspiration vers le transcendant : le premier élément de la conception de l’homme

Selon la tradition musulmane, lors de la création, il existe un moment où Dieu, après avoir tiré des reins d’Adam l’ensemble de sa descendance, a demandé à chaque descendant d’attester qu’il n’y a qu’un Dieu et les enfants d’Adam attestent qu’il n’y a qu’un Dieu et le verset termine : Pour que vous ne disiez pas le jour du jugement que vous ne saviez pas. Ce récit coranique met en évidence que la conscience humaine a l’intuition de Dieu et ce, depuis sa création. Cette vérité coranique est confirmée par les travaux de recherche de Mircea Eliade (Historien des religions) qui dit que : « Le religieux est constitutif de la structure de la conscience humaine. ». Ce dernier a constaté que quelque chose s’exprime en l’homme qui le pousse à aller au-delà du matériel, à la recherche d’autre chose, dans le coran, on l’appelle al-Fitra, l’aspiration originelle par laquelle Dieu a créé l’homme. Cela signifie que tout ce qui va surgir par la suite dans l’esprit de l’homme ne consistera finalement qu’à éveiller ce souffle originel.

De la confirmation intérieure de l’aspiration originelle : La raison confirme la foi

Selon donc la tradition musulmane, la foi est l’étincelle première parmi les hommes et la raison vient la confirmer. On voit tout de suite la différence avec l’occident. Ce qu’ont dit Sartre, Camus et d’autres auteurs ne correspond pas à la conception musulmane car selon ces derniers, la raison précède la foi et on commence à croire lorsqu’on ne sait plus. Un verset du Coran dit : « Nous leur montrerons nos signes en eux-mêmes et dans les horizons… ». Je pense que ce verset veut mettre en évidence que la raison, pour confirmer la foi, ne cherche pas des éléments mais véritablement des signes. Quelle différence entre un élément et un signe ? La réponse se trouve toujours dans le coran à travers cette formule : « Le soleil et la lune voguent chacun selon des cycles déterminés », cela s’adresse à la raison. Et dans le verset suivant, il est dit : « L’arbre et l’étoile se prosternent », cela s’adresse à la foi.

Voir un arbre, c’est voir un élément ; mais savoir qu’il se prosterne, c’est savoir qu’il participe de la création et qu’il a un acte de reconnaissance du Divin : c’est un signe. L’un parle à la raison, l’autre à la foi. Il s’agit donc finalement de marier la foi et la raison. Aller vers Dieu, c’est d’abord retourner vers soi, c’est aller chercher l’étincelle intérieure. Mais aller vers Dieu, c’est également, par la raison étudier les signes qui sont dans les horizons ; l’univers entier, dans son ordre, nous rappelle qu’il est un univers créé et qu’au-delà de la création il y a un créateur. Si je me connais, je m’approche de qui m’a créé ; si je connais le monde, je m’approche de qui a créé le monde. Il y a donc une connaissance nécessaire à la confirmation de la foi.

Du mariage foi et raison : ce qui nous fait devenir homme

L’humanité de l’homme s’acquiert et nous avons, tous, à devenir des êtres humains. Un oiseau dans l’accomplissement de son être, ne répond qu’à l’ordre de son instinct. Un être humain, au contraire, pour qu’il s’accomplisse comme Dieu l’attend de lui, doit cheminer et se construire par un mariage permanent, d’une raison qui agit et d’une foi qui éclaire. Je deviens un être humain lorsque ma raison, illuminée par ma foi, me pousse à devenir maître de moi-même. Si on observe un être humain depuis son enfance, il n’apparaît pas naturellement généreux, altruiste, plein de spiritualité. Les dimensions de la colère, de la violence nous habitent naturellement. Comment devient-on un être humain ? Par une raison orientée et illuminée par la foi et qui fait un travail d’éducation.

Un être humain parvient à son humanité par une éducation permanente, spirituelle et rationnelle. Il maîtrise sa colère, sa violence, maîtrise les choses les plus intimes. En résumé, la conception de l’homme pour l’islam se décline en trois dimensions fondamentales que nous avons mises en évidence : -La foi est première et est constitutive de l’homme ; -La raison est confirmatrice de la foi ; -La nécessité du mariage entre la foi et la raison pour que nous devenions des êtres humains dans un rapport d’illumination et de maîtrise. Illumination par la foi pour mieux maîtriser notre raison et notre savoir, mais une raison active pour orienter notre foi. Une formule coranique nous dit : « ceux parmi les gens qui accèdent à la crainte révérencielle de Dieu, sont les savants » Plus je sais, mieux je crois, plus grande sera la connaissance, meilleure sera la foi. Il faut bien préciser qu’il s’agit d’une raison active qui n’oublie pas l’illumination spirituelle, faute de quoi on tombe dans l’orgueil du savoir.

A vous de juger

Lassane OUEDRAOGO (ouedlas2004@yahoo.fr)

Le Pays