Mutineries dans les garnisons du Burkina : 566 militaires radiés dont 217 déjà en prisonRien ne sera plus comme avant dans la grande muette au Faso. En tout cas, c’est ce message de fermeté qu’a livré ce jeudi à la presse le chef d’état-major général des armées, le Général Honoré Nabéré Traoré, entouré des principaux responsables des Forces armées nationales (FAN). Pour ce faire, le Général Traoré a annoncé des mesures visant à rompre avec les cycles de mutineries dans le pays. A travers ces sanctions, la hiérarchie militaire a voulu, à écouter le Chef d’état-major général des armées, prendre sa responsabilité. Les FAN ne pouvaient laisser impunis Il est reproché entre autres aux militaires sanctionnés les fautes contre l’honneur, la morale, la probité et les devoirs généraux du militaire avec incitation au désordre. Rien ne peut justifier non plus surtout, que le militaire retourne son arme contre les populations qu’il doit défendre en tout temps et en tous lieux ; ces vaillantes populations qui lui donnent gîte et couvert, habillement et solde, ainsi que l’arme avec laquelle elles ont été menacées et spoliées », s’est expliqué l’ancien président de la fédération burkinabè de football. Pas de panique pour la sécurité des populations Face aux inquiétudes des journalistes par rapport au problème de sécurité que pose la décision de radier autant de monde rompu au maniement des armes des effectifs de la grande muette, le chef d’état-major s’est voulu rassurant. « Des instructions ont été données concernant la sécurité des populations. Pas de panique » rassure t-il. Des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) font-ils partie des sanctionnés ? Par rapport au bilan de la mutinerie de Bobo, il reste à 6 morts. Grégoire B. BAZIE Lefaso.net Déclaration liminaire du chef d’état-major général des armées a l’occasion de la conférence de presse du jeudi 14 juillet 2011 sur la résiliation de contrats de personnels militaires des forces armées nationales Mesdames et Messieurs les Journalistes, La circonstance qui nous vaut de nous rencontrer aujourd’hui est liée aux récentes mutineries qui ont essaimé les différentes garnisons de notre pays et au cours desquelles des militaires se sont illustrés de manière négative, portant un coup sérieux aux liens Armée-Nation. Je voudrais encore une fois, présenter mes condoléances aux parents de toutes les victimes, pour ces pertes que nous ne cesserons de déplorer, exprimer ma compassion à l’endroit des blessés et formuler de manière générale mes sincères regrets à l’endroit de toutes les victimes ainsi que des populations qui ont vécu dans la peur et l’angoisse durant ces moments difficiles. Mesdames et Messieurs, Il vous souviendra que durant toute cette crise, les autorités au premier rang desquelles se trouve le Président du Faso, Chef Suprême des Forces Armées Nationales (FAN), ont privilégié l’écoute et le dialogue. Elles ont fait preuve de patience et de retenue pour trouver une issue pacifique à ces manifestations contraires aux lois de la République, au statut des personnels des FAN au Règlement de Discipline Générale en vigueur et à l’éthique professionnelle militaire. Malgré ces bonnes dispositions de la hiérarchie, des groupes de militaires se sont montrés intraitables et imperméables à toute idée pacifique. Ils se sont ainsi livrés à des actes d’une rare violence caractérisés par des vols et pillages, des destructions de biens publics et privés au préjudice de l’Armée, de l’Etat et des populations, particulièrement à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso où les villes ont été prises en otages. Ainsi un Groupement d’intervention constitué d’unités provenant du Régiment Para Commando (RPC) de Dédougou, de la Gendarmerie Mobile et du Régiment de Sécurité Présidentielle a mis fin aux activités des mutins de Bobo-Dioulasso dans la mi-journée du 03 juin 2011. Mesdames et Messieurs, Les FAN ne pouvaient laisser impunis des actes déshonorants, contraires à l’éthique et à la déontologie du métier des armes. L’Armée nationale ne peut tolérer des actes de vandalisme, l’utilisation du matériel militaire à des fins autres que la défense de la Nation et de l’intégrité du territoire. Rien ne justifie de prendre les armes pour des revendications corporatistes. Rien ne peut justifier non plus surtout, que le militaire retourne son arme contre les populations qu’il doit défendre en tout temps et en tous lieux ; ces vaillantes populations qui lui donnent gîte et couvert, habillement et solde, ainsi que l’arme avec laquelle elles ont été menacées et spoliées. Des enquêtes ont été diligentées dans toutes les garnisons. Certaines sont toujours en cours tandis que d’autres ont déjà été bouclées. Des poursuites judiciaires sont actuellement engagées contre 217 militaires déjà déférés à la MACA et à la MACO. Une réunion de commandement élargie s’est penchée le jeudi 23 juin 2011 sur le cas des militaires indisciplinés. Prenant acte des résultats des enquêtes ayant abouti, l’ensemble de la hiérarchie militaire a proposé la résiliation du contrat d’engagement de cinq cent soixante six (566) militaires pour les fautes de deuxième catégorie qui sont : Conformément aux dispositions du statut des personnels des FAN, certains militaires de carrière concernés par ces actes d’indiscipline feront l’objet d’une procédure administrative appropriée. Les mesures disciplinaires entrainant la sanction statutaire de résiliation du contrat d’engagement sont conformes à l’article 91 du Statut Général des personnels des Forces Armées Nationales qui stipule : « Certaines fautes jugées particulièrement graves par le commandement peuvent, sur décision d’office du ministre chargé des armées, après proposition du chef d’état-major général des armées, entraîner les sanctions énumérées dans les articles 88, 89 et 90 ». Lesdits articles sont relatifs à la résiliation du contrat et à la radiation avec versement des droits légaux. Mesdames et Messieurs, La répétition du phénomène des mutineries de plus en plus rapprochées dans le temps : 1978, 1999 , 2006 et 2011, avec un mode opératoire de plus en plus violent, constitue une source d’inquiétude et un problème majeur autant pour la démocratie que pour l’institution militaire elle-même. La conscience nationale est interpellée au regard des effets induits des revendications qui sont la déstructuration de l’équilibre social et la fragilisation de l’économie. Les sanctions disciplinaires régulières appliquées aux personnels militaires fautifs servent d’exemples. Elles constituent un signal fort à l’attention de la communauté nationale quant à la ferme volonté des Forces Armées Nationales de demeurer toujours une armée républicaine respectueuse des lois et intimement liée à la Nation. De part leur valeur éducative, elles contribuent au renforcement de la cohésion et à la réaffirmation de l’unité de pensée et d’actions de notre outil commun de défense. Quelques personnes irresponsables, sans vocation militaire réelle ne doivent pas en imposer à l’institution. C’est pour ce faire que les punitions dont il s’agit doivent être comprises dans toute leur rigueur. La punition redresse la conduite et sanctionne l’oubli du devoir. Pour ancienne qu’elle soit, cette maxime purement militaire n’en demeure pas moins l’un des principes cardinaux de l’institution militaire. Je vous remercie. Vos réactions (45) |