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Election représentants à la CENI : Mathias Tankoano, pour la composante droits humains

lundi 11 juillet 2011.

 

Les organisations de défense des droits humains du Burkina ont procédé, le 9 juillet 2011 à Ouagadougou, à la désignation de leur représentant à la future Commission électorale nationale indépendante (CENI). A l’issue d’un vote empreint de fair-play, c’est Mathias Tankoano qui a été retenu face à Ousmane Nacro.

Le 5 juillet 2011, l’Assemblée nationale a mis fin, avant terme, au mandat des membres de la CENI. A cet effet, le ministre en charge de la Promotion des droits humains, faisant suite à une correspondance de son homologue de l’Administration territoriale, a convié, le 9 juillet dernier, les Organisations de la société civile (OSC) régulièrement inscrites dans son répertoire à la désignation de leur représentant à la future Commission.

Lieu de cette rencontre : le palais de justice de Ouagadougou, dont la cour a connu une ambiance autre que celle des grands procès. Pour accéder à la grande salle du Tribunal de grande instance et prendre part au vote, il fallait présenter un mandat délivré par une association figurant sur un répertoire préalablement établi par le ministère en charge des Droits humains, affiché à l’entrée du palais.

Telle était la disposition prise par ledit département pour écarter d’éventuels intrus à l’élection. Ce qui, toutefois, n’a pas empêché quelques protestations qui ont même failli faire échouer la rencontre. Car le ton est parfois monté d’un cran avec certains représentants qui n’avaient pas de mandat ou dont l’association n’était simplement pas répertoriée. C’est le cas de Pierre Bidima du Mouvement pour la paix qui tenait à accéder à la salle sans son mandat, qu’il disait avoir oublié dans son véhicule. « Est-ce que j’ai besoin de présenter un mandat pour y accéder ? Vous ne me connaissez pas ? … D’ailleurs, ceux qui n’en disposent pas seront dans la salle… », s’est offusqué ce dernier avant de se plier aux consignes des portiers après les conseils de certaines personnes.

Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère de quelques jeunes, qui ont fustigé ce comportement de la part d’un acteur des droits humains de la trempe du Dr Bidima. Initialement prévue pour 9 heures, c’est finalement avec plus d’une heure de retard que la réunion a débuté avec le mot introductif du représentant du ministre en charge de la Promotion des droits humains, Adama Dembélé. Ce dernier a dû user de tact pour calmer certains délégués d’associations qui réclamaient le report du vote. Au nombre de ceux-là le Dr Pierre Bidima, pour qui il faut ajourner l’élection d’une semaine pour permettre aux OSC de se préparer et sous prétexte que la loi n’était pas encore promulguée. Il a en outre dénoncé le refus à certaines associations d’accéder à la salle pour non-possession de mandat.

Un argument jugé frêle par Adama Dembélé selon qui la non-promulgation de la loi n’empêche pas la désignation du représentant des associations en ce sens que cela vise à porter à la connaissance du public le texte mais ne modifie pas ses termes. Concernant le refus à certaines OSC d’accéder à la salle, Adama Dembélé a expliqué que c’est au regard des expériences que le ministère a pris le soin de réactualiser le répertoire afin d’écarter les fausses associations de défense des droits humains. Il s’agit, a-t-il dit, de préoccupations récurrentes avec des organisations non immatriculées au ministère tenant à participer aux votes.

N’ayant pas obtenu gain de cause, le Dr Bidima, qui a dû laisser les travaux du Conseil consultatif pour les réformes politiques, déserte la salle. Le représentant du ministre en charge de la Promotion des droits humains, Adama Dembélé, entouré du directeur du Partenariat, Léonard Lompo, et de celui de la Promotion de la Culture de la tolérance et du genre, Ousseni Domba, réussit à calmer les esprits.

Le rôle du ministère, a-t-il expliqué, est essentiellement de faciliter le rassemblement des différentes OSC en leur offrant un cadre et son répertoire à partir duquel elles doivent élire leur représentant à la CENI. S’en est suivi le choix des membres du bureau de séance avec comme président Jean-Paul Kaboré et comme rapporteurs Doti Bruno Sanou et Fatoumata Touré. Sa mission de facilitation accomplie, le représentant du ministre en charge de la Promotion des humains, Adama Dembélé, quitte la salle et laisse les OSC à leurs responsabilités.

Le bureau de séance mis en place, l’élection débute alors aux environs de 12 heures avec la vérification des mandats suivie de l’enregistrement des candidatures. Ousmane Nacro de la Ligue pour la défense de la justice et de la liberté (LIDEJEL) ; Mathias Tankoano du Réseau burkinabè des droits humains (REBUDH) ; Roger Sylvain Bonkoungou et Nouh Ouédraogo ; ce sont là les quatre prétendants qui se sont déclarés devant 125 électeurs inscrits. Au moment du temps de parole accordé à chacun pour défendre son programme, les deux derniers cités se désisteront.

Place au vote à bulletin secret que remportera le candidat du REBUDH, Mathias Tankoano, avec 87 voix contre 37 pour son challenger de la LIDEJEL, Ousmane Nacro. Avant même la validation du vote par le bureau de séance, le perdant fera montre de fair-play en allant faire l’accolade au vainqueur. Un geste qui a été fortement acclamé par la salle. Pour Mathias Tankoano, c’est moins son élection qui lui fait plaisir que l’ambiance qui a régné pendant le vote. Il a salué non seulement la maturité des OSC et de leurs candidats mais aussi l’encadrement du ministère.

Sa mission, a-t-il dit, est celle de « promouvoir l’idéal de la société civile au sein de la CENI ». Mathias Tankoano, qui semble avoir de l’expérience en matière électorale, s’est engagé à défendre l’autonomie financière et comptable de la CENI ; l’établissement d’un fichier électoral fiable ; l’élaboration de cartes d’électeurs infalsifiables ; la prise en charge des délégués des partis politiques dans les bureaux de vote et le soutien des OSC de défense des droits humains pour l’observation nationale des élections.

Hamidou Ouédraogo

L’Obsercvateur Paalga



Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2011 à 12:51 En réponse à : Election représentants à la CENI : Mathias Tankoano, pour la composante droits humains

    Je n’ai pas l’habitude d’applaudir les actes des autorités mais j’avoue je suis heureux de constater que les choses bougent au Faso. En effet, que le ministère sortent la liste des OSC en règles pour la désignation de leur représentants à la CENI est chose très louables. Ensuite que le ministère ne cède pas aux intimidations c’est plus que louable. Si les Pilotes de la CCRP avaient adopté la même attitude certains n’y siègeraient même pas. N’est-ce pas Dr Bidima ! Si chacun prenait l’engagement d’aller résolumment dans ce sens le Burkina tout entier gagnerait. Courage les gars...

  • Le 11 juillet 2011 à 14:55, par DOUNDOOZI N’ZIKA En réponse à : Election représentants à la CENI : Mathias Tankoano, pour la composante droits humains

    Le représentant du Ministère pourrait bien être M. André DEMBELE, un juriste, et non Adama DEMBELE l’ancien footballeur de RCK.

    Félicitations à toi petit frère TANKOANO, pourvu que tu gardes ou retrouves ta détermination du campus où, lors des marches du Collectif, il fallait user de tacts pour t’assagir ! Sinon... Je me souviens d’une de tes expressions favorites quand tu étais en 2è année de Droit : " Camarades étudiants, si nous nous taisons, nous serons poursuivis un jour pour non assistance à Peuple en danger."

    Alors, en cas de cas ...., tu es toujours passible de la même poursuite.

    DIEU BENISSE LE BURKINA FASO AMEN