Retour au format normal
lefaso.net

Fonds d’investissement climatique : Un financement de 30 milliards de dollars attendu pour l’Afrique !

lundi 27 juin 2011.

 

Au cours d’une conférence en ligne sur les résultats attendus du Forum 2011 de partenariat sur le Fonds d’investissement climatique (FIC) prévu les 24 et 25 juin à Cap Town, la directrice énergie, environnement et changement climatique du groupe de la Banque africaine de développement, Mme Hela Cheikhrouhou, a annoncé que cette initiative vise à canaliser les financements pour l’Afrique.

Plus de 400 participants issus de 45 pays dont quinze africains sont réunis à Cap Town (Afrique du Sud), les 24 et 25 juin 2011 pour le forum de partenariat des FIC, co-abrité par la BAD. Ces assises, qui doivent prendre des décisions sur le financement du développement pro-climat à l’échelle mondiale, se tiennent dans un contexte où le continent se lance résolument dans une croissance verte.

Environ 30 milliards de dollars doivent en principe être débloqués par les pays donateurs pour servir cette cause, a-t-on appris. Ces fonds qui seront décaissés suivant une procédure accélérée est une initiative de la BAD qui vise à canaliser les financements pour l’Afrique, a expliqué la directrice énergie, environnement et changement climatique de l’institution panafricaine. Très vulnérable, l’Afrique a besoin de 17 milliards de dollars par an pour son adaptation aux effets du changement climatique, selon la Banque mondiale. Alors que le FIC ne dispose pour l’instant que d’un montant global de 6, 5 milliards de dollars.

La part de l’Afrique se chiffre à 2,5 milliards à ce stade pour l’ensemble des programmes-pilotes dans les 15 pays. Mais la BAD espère que ces engagements de financements du FIC servent de catalyseur à des financements additionnels de la part des Banques multilatérales de développement (BMD) et d’autres sources. Ces financements concernent un programme d’investissement régional et 13 programmes nationaux couvrant, entre autres, l’énergie renouvelable et l’efficience énergétique, le transport urbain propre, une planification du développement compatible avec l’environnement et une gestion durable des forêts.

« L’adaptation coûte de plus en plus chère pour la croissance et le développement économique propres. C’est pourquoi, il importe que les pays développés interviennent pour aider l’Afrique à répondre à ces questions », reconnaît Mme Cheikhrouhou. Elle plaide aussi pour que la voix du continent soit entendue tout en exhortant à réfléchir pour lutter contre la désertification et la construction de routes plus résistantes au changement climatique. Car dit-elle, « le rôle de la BAD est de catalyser les meilleurs investissements ». Selon un responsable du bureau local de la BAD au Burkina, la question du développement vert est un domaine prioritaire de l’institution qui en a consacré une division.

Le Burkina plaide pour son programme d’investissement forestier

Les débats au cours des sessions du forum se focaliseront sur l’implication du secteur privé dans les investissements pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Des aperçus et des conseils scientifiques les actions prioritaires, la modélisation climatique et les techniques pour les industries manufacturières locales propres seront également abordés. Pays de savane, le Burkina Faso présentera à cette occasion son plan d’investissement forestier. Elaborée par des experts nationaux, la stratégie définit la vision d’une nouvelle foresterie. Selon les premières estimations, le plan nécessitera 30 millions de dollars en vue de financer des projets destinés à promouvoir la gestion durable et décentralisée des forêts. La BAD, de son côté, espère contribuer à hauteur de la moitié du financement requis pour la réalisation du plan. D’autres pays comme la RDC, le Mozambique, le Maroc, le Niger, etc., bénéficieront de soutiens similaires pour la réalisation de programmes-pilotes.

Le plan d’investissement forestier du Burkina permettra, en effet, d’approfondir les expériences réussies en la matière à l’image du ranch de gibier de Nazinga ou de projets d’aménagement forestier et de gestion du bois de charbon.

La vision de la foresterie définie par le Plan entend intégrer la multifonctionnalité de la forêt en conciliant ses rôles économique, écologique et social. Pays de savane plus ou moins productif (entre 12 et 17m3 par ha), le Burkina dispose à ce jour de 78 forêts classées étendues sur 3,9 millions d’ha, soit 14 % du territoire national. Le bois de feu représente 85% du total du PIB de tous les produits ligneux commercialisés dans le pays, suivi par le bois de service (12%) et le bois d’œuvre (3%).

La consommation annuelle de bois d’œuvre se chiffre autour de 25 000 m3, dont 93% sont importés des pays voisins, et seulement 7% disponibles sur place. Mais une récente étude du ministère chargé de l’Environnement prévient qu’entre 1990 et 2010, le pays a perdu 17,5% de son couvert forestier. On estime qu’environ 50 000 ha de forêts disparaissent chaque année pour la satisfaction des besoins énergétiques. Cette.déforestation, qui s’accompagne de perte de la bio-diversité (végétale notamment mais aussi animale) et de la dégradation des capacités productives des sols implique aussi la diminution de séquestration du carbone par la végétation mais aussi par les sols et engendre ainsi le rejet de grandes quantité de carbone dans l’atmosphère. L’évaluation économique des dommages environnementaux révèle que le coût annuel de la dégradation de l’environnement au Burkina Faso pour l’année 2008 est compris entre 18% et 22% du PIB, soit environ 760 milliards de F CFA, indique une source du ministère de l’Environnement.

Saturnin N. COULIBALY

Sidwaya