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MUTINERIE A TENKODOGO : Des commerces pillés

mardi 31 mai 2011.

 

Dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 mai 2011, les militaires de Tenkodogo se sont fait entendre par des coups de feu en l’air. Selon nos informations, ils ont agi ainsi pour réclamer des indemnités promises par le gouvernement mais qu’ils n’ont pas encore perçues.

Selon certains habitants, c’est vers 22h dans la nuit du 29 mai 2011 qu’ils ont entendu les premiers coups de feu. D’autres disent que c’est aux environs de minuit vers le marché central de Tenkodogo. Les militaires arpentaient les artères de la ville à pied, à moto ou encore à véhicule et tiraient en l’air, obligeant les habitants à se terrer chez eux. Ceux qui les désobéissaient étaient sévèrement molestés. Dans leur passage, ils ont pillé des boutiques, des magasins, emporté des sacs de riz et bien d’autres vivres de commerçants du secteur n°6 de la ville. Ils ont également fait fermer, dans la journée du 30 mai, toutes les écoles primaires et tous les lycées, libérant ainsi les élèves de la ville de Tenkodogo avec pour consigne d’aller se terrer chez eux.

Tout regroupement de civils était systématiquement dispersé par les mutins. Des véhicules, des motos de particuliers et de services ont été retirés par des frondeurs en armes. Ainsi, la Mitsubishi 4x4 de la mairie de Tenkodogo a été retirée et utilisée. En termes de dégâts matériels, il est pour l’instant difficile d’établir un bilan. Idem côté humain jusqu’à 13h. A notre passage à l’hôpital régional de Tenkodogo le 30 mai vers 13h, on n’avait reçu aucune victime de la mutinerie. Côté activités, hormis une réunion perturbée au haut-commissariat après le retrait du véhicule de la mairie et la fermeture des écoles et du grand marché de Tenkodogo, les autres services de l’Etat ont vaqué normalement à leurs occupations en tout cas jusqu’à 13h, heure à laquelle nous avons quitté Tenkodogo. Par la suite, les militaires avaient repris les tirs en direction de Garango et ont instauré un couvre-feu de fait à partir de 14h avec l’interdiction de ne voir personne dehors à partir de 14h.

C’était une façon de mettre les civils à l’abri pour pouvoir tirer encore. Et à 14h, il y a eu de nouveaux tirs. Selon des sources proches des mutins, les tirs font suite au non-respect des promesses faites par le gouvernement. ’’Chez nous, on ne parle pas d’année blanche mais plutôt de vie blanche. Si on ne nous satisfait pas, ce sont nos vies qui deviendront blanches et on ne veut pas de vies blanches chez nous. Nous voulons d’une vie normale et correcte comme les autres’’, a laissé entendre un mutin que nous avons approché et qui s’apprête à tirer pour se faire respecter des badauds. Une autre source fait savoir que ces tirs sont une manière de soutenir leurs frères d’armes afin qu’ils puissent avoir leurs indemnités.

Keynes Abdoulaye KOUANDA (Collaborateur)

Le Pays