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Sit-in des enseignants à Koudougou : Traque des réfractaires dans les écoles

mercredi 25 mai 2011.

 

Ainsi que nous le rapportions dans notre édition d’hier, en réponse à un mot d’ordre du bureau national du SYNATEB, les enseignants de Koudougou, à l’instar de ceux des autres localités du pays, sont allés en sit-in illimité pour exiger l’épuration sans condition des avancements de 2006 à 2009 d’ici à fin juin.

Si la mobilisation le lundi a été jugée satisfaisante par les responsables locaux du SYNATEB, il faut dire que les militants n’ont pas apprécié le fait que certains de leurs camarades continuent de dispenser les cours. Hier mardi, ils ont constitué des équipes baptisées hâtivement “brigades d’intervention rapides de dissuasion”. Mission, investir les écoles et déguerpir les récalcitrants. Une vraie traque entre collègues.

Contrairement au premier jour, le calme n’a pas été de mise lors du deuxième jour de sit-in. En effet, pour une lutte dont les retombées vont bénéficier à tout le corps enseignant, les militants du SYNATEB ont mal apprécié le fait que des enseignants (présumés militants du SNEAB) continuent de faire cours, mettant en péril l’efficacité de leur action. “On ne leur demande pas de venir faire le sit-in avec nous.

On leur demande juste de fermer les classes afin que le gouvernement comprenne que nous avons des problèmes et qu’il doit tenir ses engagements”, s’est insurgée une institutrice. Un autre a ajouté qu’il ne comprend pas que le Premier ministre promette des avancements sans condition et que le DRH du MENA parle de notation, alors que leur syndicat a dès le début rejeté le nouveau système d’évaluation. “Si on ne bloque pas tout, le pouvoir ne nous prendra pas au sérieux”, a-t-on lancé dans la foule.

Unanimement, résolution a été prise d’investir les écoles et de déguerpir ceux qui sont dans les classes. Des équipes sont vite constituées et ont été réparties par axes. Ces “brigades” motorisées, comprenant aussi bien des hommes que des femmes, sifflets aux lèvres, n’ont pas mis plus de deux heures pour “libérer”, selon leurs termes, toutes les écoles de la ville. Un peu partout les ‘’réfractaires’’ n’ont pas rechigné à vider les classes, à la grande joie des écoliers, devant cette aubaine de congé spontané.

Mais dans d’autres écoles, les ‘’brigadiers’’ se sont heurtés à l’intransigeance du personnel. Ce fut le cas à l’école Bourkina “B” et à l’école de l’Amitié où on a frisé l’affrontement entre partisans et non-partisans du sit-in. Si à Bourkina “B”, le différend n’est pas allé loin, à l’Amitié, des mots peu aimables ont été échangés. Bien que les élèves aient finalement été vidés des classes, les maîtres ont promis de les faire revenir le lendemain. Le principal argument invoqué par ces enseignants, c’est que leur syndicat, le SNEAB, n’est pas signataire du mot d’ordre.

C’est presque en colère que les éléments de cette “brigade” sont revenus faire le compte rendu à leurs camarades restés devant la DPENA et qui avaient bloqué la voie dans les deux sens. Leur récit a rajouté à la tension ambiante, et les “purs et durs” avaient voulu que tous les enseignants se rendent, séance tenante, dans cette école “rebelle” pour remettre de l’ordre. Mais les responsables du mouvement ont réussi à calmer les ardeurs, en promettant de prendre contact avec la direction de cette école afin de régler la situation. Cette journée de mardi n’a pas été de tout repos. Il y a eu même quelques frissons à la DPENA, mais les choses ont vite été circonscrites et la sérénité a été ramenée.

Avant de se quitter, les enseignants ont promis de maintenir les “brigades” actives et de sillonner tous les jours les écoles pour veiller à ce que les classes ne soient pas rouvertes. Il est même question dans les prochains jours de faire fermer les circonscriptions d’éducation de base (CEB) où travaillent des instituteurs concernés comme eux par les avancements. C’est dire que ce mouvement ne promet pas d’être calme et serein, comme il avait débuté.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga