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Suppression de la police des universités : Luc tend la main de la stabilité aux étudiants

vendredi 29 avril 2011.

 

Il serait redondant d’affirmer que notre pays vit depuis février une profonde crise sociale et militaire. Incendies d’édifices publics et privés, saccages et pillages de biens, assassinats et viols ne cessent de ternir l’image du pays des hommes intègres. Cette situation a abouti entre autres à la dissolution du gouvernement de Tertius Zongo et à la nomination d’une nouvelle équipe restreinte dirigée par Luc Adolphe Tiao. Ce dernier était face à la presse le 28 avril dernier. Le premier ministre Tiao a annoncé de nombreuses mesures d’apaisement du climat social au nombre desquelles, la levée de la police spéciale des universités, longtemps réclamée par les syndicats d’étudiants.

« Pour donner suite aux revendications des associations estudiantines, nous décidons ce jour de la levée de la police universitaire. Le Ministre des Enseignements Secondaire et Supérieur et le Président de l’Université de Ouagadougou sont invités à prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité des campus concernés au plus tard le lundi 4 mai 2011. », a révélé le Premier ministre "de crise" Béyon Luc Adolphe Tiao. C’était à sa première conférence de presse animée le 28 avril dernier. Ainsi donc, cette exigence des syndicats d’étudiants trouve satisfaction dans une situation de crise sociale généralisée sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Est- ce le bout du tunnel qui sortira nos universités surtout publiques de leur coma ?

En juin 2008 une marche pacifique d’étudiants de l’UFR/ SVT sur la présidence de l’université de Ouagadougou est violemment réprimée par les forces de l’ordre. Plusieurs étudiants sont blessés (parfois par balles réelles), d’autres arrêtés et jugés. Pour régler cette crise à leur manière, les autorités décident de la fermeture de l’université, la suspension des œuvres sociales, le déguerpissement des résidents des cités universitaires, l’érection d’un mur en béton autour de l’université et l’installation d’une police spéciale des universités. Mais cette batterie de mesures n’a pas abouti à la résolution définitive de la crise. Au contraire elle s’est accentuée et généralisée. La réflexion n’avait certainement pas bien été murie.

Depuis fin février 2011, la crise née de la mort à Koudougou de l’élève Justin Zongo dans des conditions troubles remet le couteau dans la plaie universitaire et le monde scolaire avec. Les manifestations de protestation et d’incendie se généralisent à travers le pays. Une autre batterie de mesures est décidée : fermeture des établissements scolaires et universitaires, réaménagement du calendrier des congés du deuxième trimestre, suspension des œuvres sociales et déguerpissement des étudiants des cités universitaires. Sans résultats efficients encore.

C’est finalement le bruit des armes de militaires avec son corollaire d’actes de vandalisme - regrettables et condamnables certes - qui aura obligé Blaise Compaoré et son pouvoir à lâcher du lest au profit de toutes les couches socioprofessionnelles de notre pays. En vue de ramener la paix sociale dans notre pays, le gouvernement de Luc Tiao n’entend pas lésiner sur les sacrifices à consentir. Son gouvernement s’engage fermement à prendre des mesures pour la subvention de prix aux consommateurs touchant certains produits de base, à supprimer la taxe de développement communal (TDC), l’application dès la fin du mois de mai 2011 d’un abattement de 10% du taux d’imposition de l’IUTS.

A cela s’ajoute l’engagement M. Tiao et de son équipe à apurer toutes les corrections des avancements de 2008 et antérieurs au plus tard en juin 2011 et celles de 2009 au plus tard en septembre 2011, à suspendre la tarification des actes médicaux et des pénalités sur les factures d’électricité et enfin à traiter de façon diligente et rapide les dossiers spéciaux et judiciaires tout en garantissant les libertés individuelles et syndicales. Autant de concessions sans précédent de la 4ème République destinées à ramener la paix, la quiétude et la stabilité dans un Burkina durablement éprouvé par une crise sociale et militaire qu’il vit depuis février.

Avec ces mesures, le pouvoir en place coupe intelligemment l’herbe au pied à l’opposition qui demande le départ de Blaise Compaoré et appelle à manifester demain 30 avril. Pouvons- nous enfin espérer voir le bout du tunnel ? Wait and see !

Koundjoro Gabriel Kambou

Lefaso.net



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