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Incendie du domicile du proviseur du lycée provincial : Les professeurs débraient par solidarité

jeudi 21 avril 2011.

 

Les établissements d’enseignement secondaire et certains du primaire sont restés fermés ces deux derniers jours, par suite de la manifestation des élèves et étudiants qui a dégénéré en casse et incendie de biens et domiciles privés. Si le débrayage du mardi était l’œuvre des élèves, celui d’hier a été lancé par les professeurs du lycée provincial en signe de solidarité et pour protester contre l’incendie du domicile de leur proviseur, Arzouma Issouf Byien.

Alors que la ville était plongée dans une psychose et une peur de l’inconnue le mardi 19 avril, les élèves du lycée provincial de Koudougou, le plus grand lycée de la ville, ont vidé les classes et envahi les rues, ajoutant à la panique. Ils se sont constitués en groupes et ont investi les autres établissements où ils ont fait sortir leurs camarades.

Qu’est-ce qui a entraîné ces mouvements au niveau du lycée provincial ? Certains élèves nous ont confié que cela est dû à des problèmes avec leur délégué général, à qui il est reproché son éloignement avec la base. On l’accuse d’être à la solde du proviseur et certains affirment que c’est ce dernier qui l’aurait choisi pour représenter les élèves lors de la rencontre que le chef de l’Etat a eue avec les délégations des scolaires et des étudiants.

La coordination des élèves et étudiants du Boulkiemdé avait même constitué une autre délégation qui a assisté à ladite rencontre. C’est dire que Koudougou avait deux représentations à Kosyam : une officielle proche du proviseur (selon les élèves) et une officieuse proche des élèves et étudiants. Il semble que c’est cette présumée immixtion dans les affaires des scolaires qui avait présidé à l’incendie du domicile du proviseur.

Mais certains élèves ont sans réserve condamné l’acte de vandalisme perpétré contre leur proviseur. D’autres, rencontrés alors qu’ils regagnaient leur domicile, avouent ne pas savoir pourquoi il n’y a pas classes. Le proviseur, Arzouma Issouf Byien, que nous avions joint au téléphone dans la soirée du lundi 18 avril, alors que sa cour était en proie aux flammes, a démenti cette thèse. Selon lui, on tente depuis belle lurette de lui faire porter des responsabilités dans des actes contre ou concernant les élèves. Il a affirmé qu’on l’accusait, à tort, de manipuler les délégués, de donner des noms de manifestants à la police, etc.

Quoi qu’il en soit, le milieu scolaire, surtout le lycée provincial, est divisé. Le mardi 19 avril, une assemblée générale a été organisée afin de destituer le délégué. Cela n’a pas été possible car le quorum n’était pas atteint. Il aurait été hué à son retour de la rencontre avec le Président du Faso. Il se serait démarqué des grèves sauvages et qu’il aurait même souhaité démissionner de son poste.

On nous a informé que son adjoint lui a même enjoint de quitter la ville, car il serait en insécurité. En tout cas, tous nos efforts pour entrer en contact avec lui sont restés vains. Idem pour le proviseur qui n’était plus à Koudougou au moment où nous tracions ces lignes. Chez lui, il n’y a rien d’étonnant, puisque sa cour n’est plus qu’un amas de cendres et de gravas.

Donc après les élèves, ce sont les professeurs du lycée provincial qui ont lancé un mot d’ordre de grève pour 24h, hier, en guise de solidarité avec leur proviseur et pour marquer leur mécontentement. "Nous n’y comprenons rien. Si on peut pour un oui ou pour un non, aller incendier la cour des gens, aucun de nous n’est en sécurité.

Cela peut nous arriver aussi", ont estimé des professeurs, disent avoir peur devant cette escalade de violence. ‘’Les élèves de notre lycée ont estimé que si eux ne font pas cours, il n’est pas question que leurs camarades des autres établissements le fassent.

Ils sont allés dans les divers lycées et collèges et, à coups de sifflets, ont mis les autres élèves dehors’’, nous a rapporté un professeur du lycée provincial. En effet, hier matin, on a pu observer des mouvements de panique dans les établissements secondaires, provoqués par des groupes d’élèves. Même certaines écoles primaires n’ont pas été épargnées.

On espère qu’une solution sera trouvée et que la sagesse va regagner les rangs, car, à terme, c’est l’année scolaire même qui risque d’être vandalisée. Et les victimes toutes désignées seront les élèves, surtout ceux en classes d’examen. Surtout qu’ils seront soumis aux mêmes épreuves que ceux des autres localités du pays.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga



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