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Manifs militaires : Blaise entre le marteau de l’armée et l’enclume de la Justice

mercredi 30 mars 2011.

 

La situation sociopolitique reste marquée par les mutineries de militaires et le mouvement des juges, des avocats et des greffiers. Si à Fada N’Gourma, le tête-à-tête entre la haute hiérarchie militaire conduite par le colonel-major Zagré et la soldatesque a permis de cerner leurs principales revendications, à Ouagadougou une assemblée générale des hommes de justice a réaffirmé le maintien de leur grève des procédures pour des raisons qu’on verra plus loin. Du coup, Blaise Compaoré, chef suprême des armées, d’une part, et président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), de l’autre, se trouve coincé entre le marteau de l’armée et l’enclume de la Justice.

Après donc Ouagadougou le 22 mars 2011, Fada N’Gourma aussi a été gagnée, comme on le sait déjà, par la mutinerie puisque des militaires ont pris des armes le 28 mars pour se faire entendre bruyamment et violemment, semant ainsi la panique dans toute la ville et saccageant le Palais de Justice qui n’a pas échappé à leur roquette.

Motif d’un tel mouvement d’humeur : la condamnation d’un de leurs frères d’armes pour une histoire de viol en février 2011. Mais après avoir libéré leur camarade, les bidasses ne sont pas retournés dans les casernes avec leur trophée de guerre. Bien au contraire, la mutinerie s’est poursuivie par une descente sur les villes de Koupéla et de Tenkodogo à bord de véhicules qu’ils ont retirés et dont ils ont fait le plein de carburant.

Pendant ce temps, les Fadalais se terraient dans leurs maisons, la peur au ventre, ne sachant pas jusqu’où irait cette vadrouille armée de la soldatesque. L’onde de choc de cette psychose a été ressentie jusqu’à Ouagadougou où les rumeurs les plus folles faisaient état de ce que les troufions marcheraient sur la capitale et qu’il en serait de même d’éléments de Dédougou.

Du coup, ce fut la course contre la montre ou plutôt vers les stations d’essence suite à une autre rumeur faisant, elle, état d’une grève des essenceries le lendemain, mardi 29 mars 2011. Les représentants des pétroliers ont beau se succéder à la télévision pour rassurer les consommateurs du contraire, rien n’y fit puisque jusque tard la nuit, c’était le branle-bas autour des pompes.

Comme on le voit, c’est le temps des rumeurs et des fausses alertes amplifiées par les extraordinaires possibilités qu’offrent aujourd’hui les nouveaux moyens de communication car hier matin, les stations-service ont ouvert comme à l’accoutumée.

Mais quid de Fada ? Dans la cité de Yendabli, la quiétude n’était pas au rendez-vous mardi matin. Des éléments du 32e RIC et du Groupement des Blindés étaient toujours dans la rue, après une pause de quelques heures au cours de la nuit. Selon des témoins joints au téléphone, des tirs d’armes légères et des détonations d’armes plus lourdes se faisaient entendre sporadiquement.

En fin de matinée, les mutins s’étaient retirés à l’école Bogui, à quelques encablures de Fada, sur la route de Niamey où ils ont installé leur QG. En début d’après-midi, une délégation de la haute hiérarchie militaire conduite par le colonel-major Zagré a rencontré les mutins.

Rien n’a filtré de ce tête-à-tête et on ignore leurs revendications mais les principales, selon certaines sources, tourneraient autour de la délocalisation des deux camps à Ouaga, du départ de leurs chefs à savoir le colonel Emmanuel Poda du Groupement des Blindés et le commandant Daouda Millogo du 32e RIC, et des indemnités de logement.

Revenons dans la capitale où une assemblée générale de plus de 400 magistrats s’est tenue à l’effet de savoir quelle suite donner à leur grève des procédures déclenchée depuis le saccage du Palais de justice de Ouaga par les mutins du 22 mars. Séance tenante, ne voilà-t-il pas la nouvelle qu’une roquette venait d’être tirée par les mutins de Fada sur le Palais de Céans.

Percevant à juste titre un tel acte comme une provocation ou, à tout le moins, comme une circonstance aggravante, les magistrats ont décidé de poursuivre le mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs revendications, à savoir la réincarcération des militaires condamnés dans les maisons d’arrêt, la prise de mesure pour la sécurité des palais et des personnels judiciaires et la convocation sans délai d’un conseil supérieur de la magistrature.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga



Vos commentaires

  • Le 30 mars 2011 à 15:03 En réponse à : Manifs militaires : Blaise entre le marteau de l’armée et l’enclume de la Justice

    Monsieur Damiss, le contenu de votre article n’a rien de cohérent par rapport à son titre. On s’attendait à une analyse avec des hypothèses de réaction/comportement du Président du Faso face à la situation nationale ; mais là vous ne faites que nous livrer des info déjà connues et où "Blaise Compaoré" et "Président du Faso" qui font le titre ne sont pas cités même une seule fois. Bon Dieu !