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BRAS DE FER MILITAIRES /MAGISTRATS : Le pouvoir dos au mur

mardi 29 mars 2011.

 

Ça tirait à Fada hier. Après Ouaga la semaine dernière, des militaires de la cité de Yendabli ont pris les armes et libéré un des leurs, détenu pour avoir, dit-on, violé une mineure. C’est ce qu’on redoutait : si à Ouaga, la soldatesque a eu gain de cause en obtenant la libération des cinq militaires condamnés par la justice de la capitale, pourquoi les autres garnisons et les autres corps paramilitaires ne choisiraient-ils pas le même mode opératoire ? C’est dans ce contexte que les magistrats, les greffiers, les avocats et autres agents de la justice ont décidé d’arrêter toute activité dans les tribunaux pour dénoncer le déni des décisions de justice.

En effet, le gouvernement, semble-t-il, a pris un acte administratif pour qu’on considère les soldats évadés comme libres. Toute chose qui constitue un précédent dangereux. En voulant désamorcer une crise, il met en conflit deux grandes institutions républicaines que sont la justice et la défense. Comment le président du Faso va-t-il calmer le jeu, en sa double qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature et de chef suprême des armées ? On imagine mal les premiers acteurs de la justice baisser rapidement les bras devant cet affront.

En effet, l’occasion leur est donnée d’envoyer un message fort au régime : aucun pays ne peut se développer sans une justice forte. Or, la preuve vient de nous être administrée que lorsque vous prenez des armes (comme à Ouaga et à Fada), vous pouvez vous soustraire à la justice civile. Pour les militaires frondeurs, c’est peut-être la manifestation du rejet d’une justice, à leurs yeux, inique, qui a eu la main lourde pour les petits et qui ne bouge pas quand il s’agit des grands ou de ceux qui ont "les bras longs". N’empêche. Les militaires remettent ainsi en cause l’autorité de l’Etat et le régime semble n’avoir pas d’autre choix que de se plier. Est-ce à dire que l’armée a tous les droits parce qu’elle est le pilier du régime ? Les faits tendent, en tout cas, à le prouver.

Souvenez-vous de l’expédition punitive que les élèves policiers avaient faite au secteur 9 de Ouaga (Gounghin) il y a deux ans. L’Etat avait été ferme en radiant les principaux coupables de l’école nationale de police et en coupant les pécules de nombre d’entre eux pour réparer les dégâts matériels causés aux victimes. Pour les militaires en mars 2011, l’Etat semble même les comprendre et s’engage à dédommager les commerçants vandalisés et pillés. Les Burkinabè ne sont pas dupes. Cette politique de deux poids deux mesures est comprise comme le signe patent d’une armée qui n’a pas encore pris toute sa place dans la République.

Du moins, dans l’Etat burkinabè, il y a d’abord l’armée et le reste ensuite. Il faut que cela cesse. Ce qui est sûr, on attend de voir comment le président du Faso va arbitrer entre ceux qui constituent le socle de son pouvoir et les magistrats, décidés à ne pas se laisser faire. Pour sûr, pour que l’ensemble des citoyens retrouvent leurs droits (pour le moment, ceux qui sont armés peuvent se faire justice eux-mêmes), il faut absolument que toutes les institutions soient respectées.

SIDZABDA

Le Pays



Vos commentaires

  • Le 29 mars 2011 à 05:00, par Ouermy Zindian En réponse à : BRAS DE FER MILITAIRES /MAGISTRATS : Le pouvoir dos au mur

    Je ne vais pas suivre Maitre Sankara qui demande la demission de Blaise mais il y a lieu de reconnaitre qu’il y a un desordre et que Son Excellence a perdu le control de la Nation.Si tous les corps devraient librer leurs collegues de la sorte,les corps de la SANTE et de l’EDUCATION n’auront que leurs yeux pour pleurer n’ayant que les seringues et la craie pour revandiquer.Sans commentaires.Justice et Egalite pour tous.

  • Le 29 mars 2011 à 10:02, par GO En réponse à : BRAS DE FER MILITAIRES /MAGISTRATS : Le pouvoir dos au mur

    ça c’est une vérité à faire voir au président du FASO. C’est très bien dit.
    S’il n’y a pas de section, et si on garde ces militaires qui au lieu de manifester ont volé je vous le dit en vérité, que ça va se répéter, et ça sera bien pur. Donc l’état doit bien prendre le courage à deux mains et totalement régler cette affaire.
    Il faut que tous les Burkinabé puissent savoir que personne n’ait au dessus de la lois, et là, chacun pourra mieux se comporter.

  • Le 30 mars 2011 à 02:40 En réponse à : BRAS DE FER MILITAIRES /MAGISTRATS : Le pouvoir dos au mur

    Il faut un Sage, un Salomon pour croire que nous sommes sortis de l’état d’exception. Democratie kaki, tu connais ? On dit que le petit de la chèvre saute de la même façon qu’ il a vu la mère chèvre sauter. Les militaires sont assurés de l’ impunité qui vient d’ en- haut. As- tu vu un seul mot de condamnation du ministère de la défense (de quoi même finalement) ? C’est quelle lâcheté, ça ? Je suis sur que je vais être censuré mais si vous voulez me publier allez- y. Je ne vais pas diluer mon message dans une langue de bois afin d’ espérer être publié. Blaise a trois tâches herculéennes à accomplir ici et maintenant. Les écuries d’ Augias ont tellement pris de la pourriture qu’ il faudra plus que la force d’ un Hercule pour les nettoyer mais Dieu aime les hommes de bonne volonté. Il suffit que Blaise ait la volonté de commencer pour que Dieu nous prête sa main invisible. car c’est en vain si le maçon veut construire sans Dieu, le vrai, pas celui dont on use et abuse pour trucider et truander ses prochains :
    1. Donner un coup de pied à la hiérarchie militaire. Elle a perdu le leadership. Quand le sel de la terre a perdu de son sel, il n’est bon qu’a jeter sur les tas d’ ordures. Même pas bon à donner aux cochons. Notre hiérarchie militaire n’ en est plus une. Ce ne sont pas ces gens - là qui peuvent diriger notre armée. Face à un danger extérieur, on est bis- cuit. Dans cet environnement actuel ou le débrayage des militaires est révélateur de leur moral, pourquoi ils combattraient pour un système en quoi il n’ ont pas confiance ? Puisque c’est la base qui fait l’ armée, donc le Ministre de la Défense ? doit sauter. Il est un grand bosseur mais je crois que ce n’est pas le monsieur qui peut diriger notre armée à cette étape historique de son développement. Il est un civil que nos militaires ne peuvent pas encore respecter. La culture ne disparaît pas comme on le dit dans les beaux discours de démocratie... tropicalisée. Le chef d’ État -major, lui- même s’ il avait de la dignité ne devait même pas attendre qu’ on le demette. Il devait se demettre bien avant même Fada, bis repetita de Ouaga. Mais comme il hésite parce qu’ il y a à manger (je vais dire quoi puisqu’ il voit bien la route de l’ honneur mais que son ventre résiste), il faut le chasser pour mettre un chef que les militaires écoutent. La sécurité est devenue une denrée trop rare pour qu’ on la mette dans les mains d’ hommes peu charismatiques.
    2.Donner un signal fort que la justice, tout le monde la mérite dans ce pays. Frapper très fort dans le nid de l’ impunité, y compris ses proches en allant aussi loin que le conseil des sages l’ a preconisé. La justice burkinabè est hors- sujet. Elle passe le temps à donner raison aux grands et montre du muscle pour les voleurs de poulets. Tant et si bien que les rares fois qu’ elle dit le droit, tous les juges n’étant quand même pas acquis, on ne comprend pas. Manque de constance et de consistance dans les comportements. "La journée de Pardon" (j’ attends qu’ on m’explique la nuance, mon français n’étant pas encore bien mur)et non du pardon du 30 mars est une farce qui a ses limites bien objectives : Le temps. Bien sur, Blaise, en décidant de rassurer les populations qui l’ ont voté, pourrait frapper certains de ces très proches mais s’ il veut laisser un bon legs à ce pays, c’est le prix à payer. On ne ruse pas avec les gens. Nous sommes tous des cérébraux même si on se tait par stratégie ou par calcul. Tous les dossiers de crimes économiques et de sang doivent Être jugés sans passion ni faiblesse. Et empêcher à l’ avenir que les gens s’ enrichissent de façon éhontée et sans pouvoir expliquer leurs efforts. Normalement richesses devait être égal à production, entreprenariat.
    3.Parler plus de démocratie économique que des grands mots de démocratie théorique qui ne remplissent pas le ventre des enfants des gens la nuit tombée ; qui ne te permettent pas de se payer un traitement normal anti- palud. de pouvoir envoyer ton enfant a l’ école où il bénéficiera d’ un enseignant qui forme la tête, le corps et le coeur. Dans une certaine mesure, cela rejoint le point 2 : Les crimes économiques notamment. Blaise a laissé piller ce pays pauvre riche de milliardaires qui ont poussé comme des champignons et dont la plupart ont une histoire aussi neuve que les grenouillages politiques des années 1990. Alors que nous n’ avons pas de mer ni de lagunes, nous imitons l’ anti- modèle ivoirien. On ne peut pas bâtir ce pays sur le modèle du laisser- faire ivoirien. Evitez que les gens ne soient riches sans histoire. Nous ne sommes pas contre les riches. Nous aussi on aspire à ca. Mais il faut niveler le terrain commun. Ca veut dire que quand tu vois ton voisin qui était comme toi hier et aujourd’ hui on dit qu’ il est milliardaire, il faut être un con pour ne pas être en colère. Même si on dit que tu es aigri, qui t’a aigri ? Est-ce que c’est normal que mon voisin qui ne pouvait même pas faire deux bons repas par jour, soudain, brusquement construit des immeubles par an sans que je ne connaisse l’ origine de cette "prouesse" ? Ne doit- on pas partager les peines dans une même nation ? Nous sommes dans une nation démocratique et il n’ y a pas d’ "enfants de Dieu"(pour designer le nom poli donné aux Intouchables par Mohanda Mahamat Gandhi) ici. Pire, pendant ce temps, moi qui vaux mieux que je buvais la bouillie de mil le matin, je suis même obligé de manger une seule fois par jour. Au moindre problème, vous croyez que je pourrai me retenir ? Tous ces mouvements de colère des militaires, il faut être superficiel pour croire que c’est juste une question de fesses. C’est aujourd’ hui seulement que les hommes ont commencé à courir les femmes des gens ou même les femmes des militaires ? Même les femmes des présidents, on leur fait la cour et c’est comme ca dans le monde entier. Je n’ai pas dit que c’est bien mais c’est ce qui se passe. Donc, il ne faut pas que les gens se concentrent sur les épiphénomèmes. L’analyse sera fausse. Donc, les revendications des militaires, c’est le mal- être, ca exprime un mal de vivre trop bien contenu mais qui explose à la moindre étincelle. Et comme eux ils ont eu la chance qu ils ont des armes, ils ne pensent même plus que ce ne sont pas leurs armes à eux. Ils utilisent ce qu’ ils ont dans les mains même si c’est contre nous qui payons et leurs armes et leurs salaires et leur formation. Ils ne philosophent pas. Ils ne pensent pas à vos histoires de contribuables. La misre rend bête et impatient. Ça, je vous le dis. Si on ne dégoupille pas cette grenade à temps, on est foutu. Ils se sont entrainés avec leurs différentes sorties réussies et ils pourraient se galvaniser pour pire dans l’ avenir. C’est la grosse crainte que tout citouyen qui analyse à froid doit se faire actuellement.
    Je suis bel et bien le "Cassandre masculin" qui parle, pas pour plaire mais pour mettre les uns et les autres en garde que nous avons pris le mauvais chemin. Que ceux qui aiment se foutre des gens en disant que le Burkina est un pays émergent apprennent plus à respecter la douleur de ce peuple. On ne dévelope pas un pays en laissant une petite poignée d’hommes vivre au dessus de leur moyens sur les ressources maigres de nous tous. C’est moralement inacceptable, politiquement incorrect.
    LOP