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PRISONS DU BURKINA : L’introuvable remède à la surpopulation

lundi 21 février 2011.

 

Pour la énième fois, les prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou se sont mutinés pour dénoncer leurs conditions de vie précaires, du reste, connues des autorités judiciaires. Faut-il le rappeler, la surpopulation carcérale est presque devenue un fait banal à la MACO et on a même craint à un certain moment que le grand bâtiment qui abrite le plus gros contingent, s’écroule, tant il est vétuste. Les "bagnards" ont, au cours des négociations engagées avec les autorités judiciaires, relevé, entre autres, qu’ils mangeaient mal, que leur infirmerie manquait cruellement de médicaments et qu’il y avait une certaine lenteur dans le traitement des dossiers d’appel.

Pour une plate-forme revendicative, on peut dire qu’ils ont été bien inspirés tant les problèmes posés sont loin d’être imaginaires. En effet, les maisons d’arrêt sont conçues pour corriger ceux qui se sont écartés des normes sociales. Un prisonnier, malgré la restriction de sa liberté, a toujours des droits et une dignité à préserver parce que la société a toujours besoin de lui. Autant donc humaniser les prisons en améliorant les conditions de vie des détenus. Certes, les maisons d’arrêt bénéficient de soutiens divers d’organisations de la société civile qui permettent d’améliorer le quotidien des prisonniers mais beaucoup reste à faire.

Et pour diminuer cette surpopulation carcérale, l’Etat a décidé de construire un nouveau bâtiment au sein de la MACO et une maison d’arrêt progressivement dans chaque Tribunal de grande instance. Ce n’est pas négligeable surtout qu’à cela s’ajoute, on le sait, le soutien de certains partenaires techniques et financiers qui ont décidé d’aider le Burkina afin de rapprocher la justice des justiciables. Et c’est là que le bât blesse. Si les détenus manifestent bruyamment leur colère, c’est que le système judiciaire connaît quelques défaillances. Il avait d’ailleurs été sous les feux de la rampe pendant plusieurs années. Si des progrès ont été accomplis, il reste que leur rythme ne répond pas aux aspirations des populations.

Aujourd’hui, le Burkina doit avoir une Justice indépendante et qui fait preuve de célérité. S’il y a surpeuplement à la MACO, c’est parce que, entre autres, il y a de nombreux détenus qui attendent des mois avant d’être jugés. Et le grave problème que cela pose, c’est que des auteurs de petits larcins ressortent de la MACO avec une expertise avérée en matière de vol parce qu’ils ont côtoyé longtemps de grands délinquants et des coupeurs de route. Vivement donc que la prison de haute sécurité soit rapidement mise en service pour que la réinsertion des prisonniers ne soit plus un vain mot. L’univers carcéral ne doit pas fabriquer d’autres hors-la-loi. Il faut aussi relever que la politique des travaux d’intérêt communs mérite d’être encouragée d’autant que cela permettra de désengorger un tant soit peu les prisons du Burkina.

Toutefois, l’indépendance de la Justice reste un serpent de mer. En effet, on a bien souvent le sentiment que ceux qui ont « les bras longs » sont toujours privilégiés par rapport aux autres. C’est pourquoi d’ailleurs, la police a, plusieurs fois, relevé qu’à cause des interventions, elle n’arrivait souvent pas à travailler correctement. L’un des hauts responsables avait martelé que la MACO est une passoire. Pour une justice crédible, il faudrait combattre ce genre de problèmes et travailler à l’amélioration des ratios en ressources humaines.

Car, la Justice est une chaîne dans laquelle il y a les magistrats, les avocats, les greffiers, les huissiers, les gardes de sécurité pénitentiaire… C’est aussi l’un des piliers d’une démocratie véritable où l’injustice et l’impunité sont toujours combattues et où chacun a la chance de voir ses droits protégés.

SIDZABDA

Le Pays



Vos commentaires

  • Le 22 février 2011 à 17:52, par Alexio En réponse à : PRISONS DU BURKINA : L’introuvable remède à la surpopulation

    Malgre les causes sosiales DIVERSES qui ont amener les uns ou les autres la MACO leur droit du citoyen burkinabe doit eter rempli a part entiere sans discrimination.Il er grand temps maintenant de laver cette pratique coloniale et instaurer LE DROIT DE CHAQUE DETENU selon les declarations universelles de l omme par les nations unis et leur reinsertion apres avoir purge.