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Palais de justice : « C’est le génie qui a demandé la moto »

vendredi 4 février 2011.

 

Issouf et Boureima ont comparu devant les juges le mardi 1er février 2011 pour répondre des faits d’escroquerie et de complicité d’escroquerie. L’histoire remonte à plus d’une année où par le biais de Boureima marabout de profession, Sory (un cadre) rencontrait Issouf, un autre marabout, mais « plus puissant » que le premier. De consultation en consultation assorties évidemment de sacrifices, Sory exécutait tout ce que disaient « ses marabouts ».

Des sacrifices de poulets, de colas, de moutons… il en a fait. Et très souvent au cimetière à la « demande des génies ». « Un jour, je suis allé chez eux puisque les génies voulaient m’entendre », dit-il. Effectivement, selon lui, ils lui ont parlé. Mais en réalité, c’est Issouf qui était caché dans un angle sous une couverture et qui faisait des bruits. Boureima avait la charge de traduire les paroles des génies à leur client. Pour bien faire fonctionner les affaires de Sory, il fallait sa motocyclette, a demandé le génie.

Croyant fermément en la parole du génie, celui-ci s’apprêtait à s’exécuter. Mais avant, Sory avait informé un de ses amis qui l’en avait dissuadé. Puisque pour lui, comment un génie peut-il demander une moto, mieux pour en faire quoi ? Malgré tout, persuadé de la capacité de ses marabouts, Sory se rend au rendez-vous. C’est là qu’Issouf va exercer une pression sur lui et va arracher sa moto ; mais malheureusement il sera arrêté. A la barre comme à la gendarmerie, Issouf reconnaît son forfait. Il déclare avoir escroqué la somme de plus de 2 millions de francs au préjudice de sa victime. « Nous n’avons jamais fait de sacrifices.

Toutes les sommes qu’il donnait étaient destinées à d’autres fins. Par exemple, les 30 000 F CFA qui devaient servir à acheter un mouton, nous les avons partagés à part égale et c’était ainsi toutes les fois qu’il donnait de l’argent », a avoué le prévenu. Seulement, il est arrivé un moment, où Sory ne travaillait plus avec Boureima. Mis à l’écart, il ne passait plus par lui pour les sacrifices. Toujours est-il que le procureur a estimé que l’instruction du dossier a montré que les deux se sont rendus coupables de leur acte. Issouf est un récidiviste pour avoir fait la prison durant une année en 2009 pour des faits similaires. Cependant, poursuit-il : « Nul ne peut être déclaré coupable si la preuve de sa culpabilité n’est pas reconnue ». Il est vrai que Boureima figurait au début de l’histoire, mais à un moment donné, il a été écarté. Au regard de toutes ces observations, le tribunal après délibération a condamné Issouf à 24 mois de prison fermes et Boureima à 12 mois de prison avec sursis.


Le veau était malade

Trois mois fermes, c’est la peine infligée à Issa, 22 ans et berger de profession pour vol de veau. « J’ai rencontré le veau en brousse, dans un état critique. Je savais aussi qu’il ne m’appartenait pas. Mais comme il n’était pas bien portant, je l’ai volé pour le vendre à 17 500 F CFA à un boucher », a-t-il expliqué aux juges. Clair et bref, Issa s’est dit conscient de son acte. Pour cela, le parquet a soutenu que son intention coupable n’est pas douteuse. S’agissant de sa personnalité, il n’a jamais fait de prison. Raison pour laquelle, il a été demandé au tribunal d’être un peu clément en lui accordant une seconde chance avec 12 mois d’emprisonnement assortis de sursis. Mais le tribunal a décidé autrement en lui infligeant 3 mois fermes.


Sa profession va à l’encontre de son acte

43 ans et père de deux enfants, Adama a été engagé pour veiller sur les biens de son employeur Zakalia, notamment ses tôles et une charrue. Après quelques jours de service, il demande un congé pour se rendre au village. Mais avant de partir, il change le cadenas de la maisonnette à l’insu de son employeur. C’est en voulant utiliser une partie des biens que le propriétaire se rendra compte de l’incompatibilité d’accès à la maisonnette puisque la clé ne pouvait pas ouvrir le cadenas. Or, le gardien arrivait à ouvrir avec sa clé et tous les biens s’étaient déjà volatilisés.

Raison qui justifiait la présence d’Adama à la barre. Il n’a pas reconnu les faits. « Je n’étais pas là au moment de la soustraction », déclare-t-il. Pour le parquet, il est bien l’auteur du vol. D’où la necessité d’une peine de 12 mois fermes. « Bien qu’il soit un délinquant primaire, son statut de gardien va à l’encontre de son acte », soutient le procureur. Le tribunal après délibération a qualifié les faits d’abus de confiance et a condamné Adama à 12 mois de prison avec sursis et au payement du préjudice.


Il risque un an de prison pour vol de trois portables

Né en 1982, Issa est vendeur de produits prohibés. Il a été condamné en août 2010 à un an de prison avec sursis pour vol d’un appareil de musique. Il était encore devant la juridiction de Bobo le mardi 1er février pour avoir soustrait frauduleusement trois téléphones portables. Il explique aux juges qu’il était de passage lorsqu’il a vu une porte entrouverte, où il s’est introduit pour subtiliser trois téléphones. « Vous voulez donc faire du vol, votre métier ? », lui demanda le juge. Une question qui n’aura pas de réponse. Ce qui est évident, l’article 449 du code pénal punit le vol. D’août à février, Issa n’a pas tiré de leçon, mieux, « il s’en fout des conseils des juges ». Douze mois fermes ont été requis contre lui. Le tribunal délibérera sur son sort ce matin même au tribunal correctionnel.

Rassemblés par Bassératou KINDO

L’Express du Faso