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Assainissement au Burkina : Des succès célébrés au Sud-ouest

lundi 31 janvier 2011.

 

Pour contribuer à l’amélioration du faible taux d’accès à l’assainissement (11%) dans notre pays, notamment en milieu rural, le ministre de la Santé, Seydou Bouda, procédait l’année dernière à Zorgho au lancement d’un vaste programme national de construction de latrines. Un an après, la lutte pour l’accès à l’assainissement, grâce à l’engagement des communautés locales et du soutien de l’ONG WaterAid et de ses partenaires, est en passe d’être gagnée dans des localités du Sud-ouest, si ce n’est déjà le cas, comme à Tansebla avec des latrines pour tous les ménages.

Deux autres villages de la commune de Dissin, à savoir Gora et Coyin Tansien, sont sur les traces de Tansebla, les populations desdits villages ayant déjà réussi à abandonner la défécation à l’air libre. Autant de résultats encourageants qui ont été célébrés le 27 janvier dernier sous le patronage du gouverneur de la région, Komyaba Pascal Sawadogo.

La réussite de Gora et de Coyin Tansien qui ont rompu avec la défécation dans la nature ; et surtout celle de Tansebla (couvert à 100% de latrines familiales) dans la lutte pour l’hygiène et contre l’insalubrité s’explique en partie par la méthode utilisée : l’Assainissement Total Porté par les Communautés (ATPC). Née en 1999 au Bangladesh, l’ATPC est une approche participative et innovante qui met l’accent sur l’engagement de la communauté à adopter un changement de comportement durable en matière d’hygiène et d’assainissement, plutôt que la construction de latrines.
Elle se fait par le biais d’un processus d’éveil social qui est stimulé par des animateurs et se concentre sur l’ensemble de la communauté et non sur les comportements individuels.

Chaque latrine est bâtie en matériaux locaux

C’est depuis 2006 que WaterAid Burkina l’a adoptée comme approche principale dans ses activités en matière d’assainissement. Ainsi, en 2009, avec l’ONG Varena-Asso, WaterAid Burkina démarre le procesus ATPC dans la commune de Dissin. D’abord à Tansebla le 13 mars 2009 ; ensuite à Coyin Tansien le 3 juin 2009, puis à Gora 5 mois plus tard, c’est-à-dire le 19 novembre 2009. A peine 2 ans de mise en œuvre du projet à Tansebla, voilà que les résultats sont exceptionnels. Sur un nombre de 10 latrines au départ, le village totalise de nos jours 122 latrines. Toutes les concessions de Tansebla disposent d’au moins d’une latrine. A Gora, on est à 107 latrines contre 47 en novembre 2009. Coyin Tansien a réussi en moins de 2 ans à multiplier par 11 son nombre de latrines qui s’élève actuellement à 33 contre 3 au tout début.

Une célébration officielle pour encourager

Et c’est pour reconnaître les efforts des populations des villages concernés et les encourager pour leur engagement dans la lutte contre la pauvreté à travers la prise en charge endogène des questions d’assainissement familial qu’a été organisée le 27 janvier dernier à Tansebla une cérémonie officielle. Qui a permis de récompenser des acteurs par des attestations, des cadeaux (vélos, postes d’eau potable pour les écoles).

Le gouverneur du Sud-ouest, komyaba Pascal Sawadogo, s’est félicité des succès enregistrés et a souhaité qu’ils fassent tâche d’huile. « Les exemples des 3 villages de la commune de Dissin montrent comment des communautés bien informées, sensibilisées, formées, équipées et accompagnées peuvent par des actions endogènes, éradiquer le manque d’assainissement et d’hygiène dans leurs milieux et ainsi contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie », a-t-il indiqué.

La représentante de WaterAid Burkina à la célébration, Plastide Kaboré, a exprimé toute la disponibilité de son organisation en faveur de l’ATPC, précisant que pour la mise en œuvre de sa stratégie 2010-2015 l’ONG allait renforcer la promotion de cette approche pour un accès durable à l’assainissement. Les autres intervenants ont également salué l’innovation qu’apporte l’ATPC.

11 600 F CFA comme contribution des bénéficiaires

Pour mieux accompagner les initiatives dans ce sens, la maire de Dissin, Monique Médah a annoncé la mise en place d’une unité technique communale dont les membres ont été présentés sur place au public.

Car en ATPC tout ne va pas de soi, en dépit des bons résultats des 3 villages pionniers. Même là il a fallu, comme l’ont expliqué Domèguièrè (point focal du projet) et Timothée Dabiré (secrétaire général du comité central assainissement de Tansebla), vaincre les réticences et convaincre les populations locales à jouer leur partition. Ainsi, pour une latrine, elles contribuent pour 11 600 F CFA. Chacun rembourse les matériels acquis à crédit selon ses possibilités jusqu’à l’effacement de la dette.

Grâce aux latrines, les habitants de Tansebla, coyin Tansien et de Gora, sont de moins en moins, à en croire les témoignages recueillis auprès des bénéficiaires, confrontés à des maladies comme la diarrhée qui font chaque année des ravages sur le continent et dans le monde.

En effet, selon le rapport 2008 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 4 000 enfants meurent chaque jour de suite du manque d’assainissement et d’eau potable.

Aussi pour le Burkina, l’adoption à grande échelle de l’ATPC sera-t-elle, sans doute, un moyen de corriger son faible taux d’accès à l’assainissement en vue de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). A défaut d’atteindre 53% d’ici à 2015, les 11% pourraient être sensiblement améliorés.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net