Retour au format normal
lefaso.net

Fait de chez nous : « Fari-Foni*, 2 faces »

jeudi 20 janvier 2011.

 

Tènin a développé une haine générale contre tous les vendeurs ambulants des médicaments de rue. Elle a, en plus de cette option, décidé de sensibiliser autant faire que peut, l’ensemble des personnes, femmes, hommes, jeunes comme vieux de la localité qui continuent l’automédication avec ces médicaments que Tènin appelle poison. Jamais, Tènin n’a été aussi ferme depuis qu’elle a quitté les siens pour être auprès de son mari. Mère de quatre enfants, Tènin avait toujours utiliser soit les feuilles, soit les racines des arbres pour faire face aux bobos de ses enfants.

Avec la prolifération des médicaments de rue qui sont entrés dans les habitudes « de soins » de nos populations, Tènin a abandonné les racines et soignait désormais les maux de ses enfants avec ces produits, vendus comme des cacahouettes sur la place du marché. Le 6ème enfant et le benjamin de Tènin a le corps chaud. Il n’a même plus l’appétit. Deux jours durant, il est au lit. Des amies de Tènin lui conseillent de payer « Fari-Foni, soit 2 faces ». « Si tu lui donnes un desdits médicaments, d’ici le soir, tu verras ton enfant en forme, comme si c’était de l’amusément », ont-elles convaincu Tènin. Mis au courant de ces deux médicaments la veille du marché du village, Tènin a été la première à se rendre au marché le lendemain. Objectif, se procurer l’un des deux médicaments, pour que son fils recouvre sa santé.

Au lieu de prendre un des médicaments cités, Tènin a payé les deux à 300 F CFA à peine. Elle administre les deux médicaments à son enfant. Pris aux environs de 8 heures, le malade de Tènin est resté au lit jusqu’à la tombée de la nuit. 23 heures, l’état du malade est grave. Tènin décide finalement de se rendre au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du village. L’infirmier veut comprendre avant de prescrire quoi que se soit. « Il est malade, il y a quatre jours aujourd’hui. Le matin, je lui ai donné des produits. Sa santé allait mieux. C’est la nuit-là que je n’arrive pas à dormir, car il souffre trop », a-t elle expliqué à l’infirmier. Ce dernier demande le nom des produits à Tènin. « Je lui ai donné deux « Fari-foni » plus deux « 2 faces » ».

La formation professionnelle de l’infirmier du village ne lui a pas permis de connaître les deux produits cités par Tènin. Il insiste dans son questionnement afin de mieux comprendre. Cette insistance a fini par irriter Tènin qui avait commencé à douter des capacités de l’infirmier. Sans en avoir une réponse claire, l’infirmier a dû se référer au malade qui se battait et se tordait. Finalement, l’infirmier a prescrit des produits désintoxiquant. Toute chose que l’infirmier n’a pas pu administrer au malade qui a rendu l’âme devant sa mère. Elle s’éclate en pleurs et culpabilise l’infirmier qu’elle traita de vaurien. Sans s’énerver, l’infirmier lui a simplement fait comprendre que se sont ces « Fari-foni » et autres 2 faces qui ont emporté son enfant. Tènin ne l’a pas cru. Quelques jours après la mort de l’enfant, un des frères de Tènin qui a rendu visite à la famille à cette triste occasion, lui a répété la même chose. C’est depuis ce jour que Tènin est devenue une sensibilisatrice infatigable sur les dangers des médicaments de rue. Elle veut que ses sœurs pensent beaucoup aux conséquences des médicaments de rue. Comme quoi, « qui pense peut, se trompe beaucoup ». Disait Léonard de Vinci.

* Remontant en dioula

Souro DAO /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso