Aux origines du lwili-péendé, le foulard aux hirondellesPagne noir ou de noir rayé, corsage blanc, collier de perles rouges, foulard constellé d’hirondelles. Voilà de bas en haut les éléments d’une mode féminine que les mariages, baptêmes, funérailles et autres réjouissances populaires ont remis à l’honneur ces derniers temps. Pour le pagne, pas de problèmes ; il est bien de chez nous, les perles ? On sait qu’elles sont faites d’une substance nacreuse agglomérée autour de certains mollusques comme les huîtres. En clair, elles nous viennent d’ailleurs et particulièrement des mers chaudes d’Oman, d’Aden ou du Golfe persique. Quid alors du foulard aux oiseaux ou lwili-péendé ? Des nombreuses personnes des deux sexes et de tous les âges que nous avons pu interroger sur l’historique de ce foulard, une première conclusion s’impose ; on s’est contenté de l’arborer sans trop se soucier de ses origines. Tout juste sait-on qu’il ne vient pas de chez-nous, même si aujourd’hui Faso Fani en fabrique à la commande. Du reste, pour le commun des mortels, ce foulard comme tant d’autres articles vestimentaires ne pouvait avoir qu’une seule provenance : le nasaratenga ou pays du Blanc qui désignait tout d’abord la France, mais aussi ce qui dépassait quelque peu les frontières connues de notre continent. Tous ceux que nous avons pu rencontrer s’accordent cependant sur une chose : l’usage du Lwili-péendé remonte aux années 48-50, c’est à dire à l’immédiat après guerre. Même son de cloche chez monsieur Tiendrébéogo Souleymane du quartier Bilbalogho, une bibliothèque ambulante avec qui vous trouverez les photos les plus inédites. Quant aux magasins qui en étaient les grossistes, Monsieur Gabriel Kaboré cite la SCOA (Honda-DIACFA), la CFCI (ancien DIMA) et la CFAO (actuel SOCODIS). Selon le vieux Adama Zoungrana, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ce foulard serait originaire de Khartoum, la capitale de l’ancien Soudan anglo-égyptien. Il serait prisé dans ce pays, surtout dans la partie méridionale, autant qu’il l’est de nos jours encore dans les campagnes burkinabè. Cette information est d’autant plus plausible que Khartoum était dans le temps, un des passages obligés de nos pèlerins à la Mecque via le Nigéria (ou le Ghana et le Tchad). Un axe par lequel s’effectuaient pas mal de transactions commerciales. D’autres vieux commerçants de la veille rencontrés à la toute dernière minute, ont cependant remis en cause ce que nous considérons comme une certitude acquise. Ainsi, selon par exemple monsieur Robert Kafando qui continue d’exercer aux abords de la S.B.E., ce foulard était importé du Sénégal, notamment de Rufisque, il est vrai que cette ville de la banlieue de Dakar abritait au temps colonial, nombre d’industries et de manufactures qui ravitaillaient les autres colonies : Ceux qui ont un certain âge se rappellent par exemple les Pastille Valda, le Sucre Saint-Louis ou l’alcool de menthe qui se vendaient à la criée ou à l’étalage au marché de Ouagadougou. Tous ces produits comme ceux de Bata venaient effectivement du Sénégal. Mais si tel était le cas du Lwili-péendé, on se demande pourquoi le Burkina, surtout dans ses contrées Mossi et Samo, en fut la terre de prédilection. Le débat reste ouvert. Bendré Source : Enquête P.E.K., KF, G.K ; Si Ouagadougou m’était conté ; Rubrique hebdomadaire du quotidien l’Observateur (1992-1995). ! Vos réactions (9) |