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Tabaski 2020 : Les fidèles musulmans de Bobo-Dioulasso commémorent « le sacrifice d’Abraham »

1er août 2020, 13:17, par Mechtilde Guirma

WHISKY Et pour les Mossé : « YAABRAMBA. Ce qui veut dire : « NOS PÈRES ». Il y a donc un lien avec le chant de Marie à Élisabeth : « EN FAVEUR D’ABRAHAM ET DE SA RACE À JAMAIS ». Au passade, « l’Aïd-el-Kébir » était appelée depuis des temps immémoriaux : « MOSS-KIPSA ». Mais les célébrations à connotation islamique était entièrement dévolues au groupe « YARSÉ » (cousin des Peulh), lui qui était totalement d’essence musulmane du groupe des Mossé. Tandis qu’au sein du groupe moagha lui-même, resté essentiellement animiste (comme Abraham au départ), le Moro-Naaba a conservé l’aspect « culte de la terre » (qui n’était rien d’autre qu’un aspect écologique de l’environnement et de son maintient et sur lequel reposaient tous les systèmes humains dans ses dimensions, sociales, économiques et politiques. C’est pourquoi il y avait l’adhésion totale de tout le monde. Bien entendu dans l’aspect philosophique, cette écologie visait la fécondité de la terre et par voie de conséquence de la fertilité de femme avec la notion de « Peuple ». En gros je peux dire que cette explication m’a été fournie (de façon simpliste, certes, mais très plausible comme je l’explique plus haut), par le roi des Kongo-Dioula à Yéguéré (c’était son épouse qui parlait à sa place, le roi se contentait d’observer et d’écouter), lors de mes investigations pour le compte de la décentralisation en 1994. Là-bas en effet, seul le roi était resté animiste. À la question de savoir pourquoi il n’avait pas le droit de se convertir à l’Islam pour le salut de son âme, voilà la réponse qu’on m’a donnée : « l’Islam ne nous recommande pas de supprimer nos traditions. Il nous faut sacrifier à nos totems, les boa, les crocodiles nos poissons sacrés etc.. Autrement la terre se desséchera, car il n’y aura plus d’eau, et tout périra, y compris les arbres, les insectes. Tout, absolument tout et c’est le roi qui a la charge de tout cela ». Soit dit en passant que la région de Yéguéré est un terroir à miel. Comprenons donc ce que nous pouvons comprendre :
L’Islam que nous pratiquons aujourd’hui est un concept élaboré à partir des traditions purement arabes des livres sacrés des religions judéo-chrétiennes. Il est devenu universel parce qu’il permet aux cultures de partir de leur vécu quotidien pour se retrouver en Allah révélé à Abraham. L’Islam ne détruit donc pas les cultures. Vatican II l’a compris plus d’un millénaire après. Et pour aider à porter aux pinacles transcendants de ses travaux, Vatican II a préconisé l’inculturation et le dialogue inter-religieux. Mais ce n’est que près de 60 ans après, que nous commençons à peine à percevoir la profondeur écologique de ces travaux de Vatican II surtout avec le Pape François qui nous les rend de nouveaux cette fois dans un langage de façon plus intelligible avec son œuvre le « Laudato Si ».

En ces jours heureux de la commémoration du sacrifice d’Abraham, je présente à la communauté musulmane du Burkina-Faso (et pourquoi pas au monde entier ?), mes vœux de bonheur, de prospérité, de paix, et merci pour ce qu’elle a toujours été pour mon pays tout entier, source de fraternité, de communion et d’entente, de solidarité. Que Dieu vous bénisse et par vous, le Burkina…et le monde entier.


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