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Ouagadougou : Des anciens étudiants burkinabè de Cuba demandent un dédommagement

5 juillet 2020, 20:11, par Cubain

Le système français que nous avons adopté ne facilite pas du tout la reconversion chez nous au Burkina.
Dans notre propre pays, malgré les connaissances acquises, certains se moquaient de nous tout simplement nous ne parlions pas un bon français. Je me suis un jour posé la question à savoir si le peuple burkinabé a envoyé ses enfants de 14 ans en moyenne à Cuba pour y apprendre le français.D’aucuns nous disaient à chaque fois de passer des concours tout en sachant que tous les concours sont en français. En plus du fait que nos diplômes n’étaient reconnus.
Quand nous franchissons la frontière avec les mêmes diplômes au Ghana par exemple, nous n’avons aucun problème. Nous avons des ingénieurs du contingent en Côte d’Ivoire. Quelques uns d’entre nous se retrouvent en Espagne, en France, au U.S.A, au Canada.
Chose curieuse, quand nos compatriotes échangent avec nous, c’est toujours pour dire que nous avons fuit le pays.
Nous nous sommes allés à Cuba par avion et nous sommes allés trouver les ghanéens de Rawlings qui eux, y vont en bateau. Le Ghana avait déjà plusieurs promotions à Cuba. Ils continuaient à venir quand le Burkina a choisi de ne plus envoyer ses enfants.
Nous étions les meilleurs dans tous les instituts, dans toutes les facultés, dans les universités ! Nous étions les plus disciplinés et les plus respectueux. Les différentes directions peuvent le témoigner, nous étions exemplaires sur tous les plans.
Dans les rues de la Havane où partout ailleurs à Cuba, la police ne s’embarrassait pas avec les burkinabé. À telle enseigne que certains petits malfrats africains se précipitaient pour dire qu’ils étaient burkinabé afin d’échapper aux contrôles policiers.
Oui, la démocratie au Ghana a beaucoup contribué au développement de ce pays, mais Cuba et la formation à Cuba aura beaucoup contribué également. Je me rappelle que, tout petits, nous voyions les ghanéens cirer et coiffer dans les rues de Ouagadougou. Aujourd’hui, ils viennent ramasser la ferraille, les carcasses de voitures et nous on s’en débarrasse en riant. Ces mêmes matériaux nous reviennent en transformés en produits finis et nous nous ruons sur ces mêmes produits là. La métallurgie est très avancée à Cuba.
Il y a même plus grave dans ce crime qui ne dit pas son nom, c’est que nous à notre tour, nous aurions partagé ces connaissances acquises avec nos frères burkinabé ! C’était d’ailleurs l’idée de la Révolution de Thomas Sankara, apprendre à pêcher au lieu d’attendre toujours qu’on te donne le poisson !
Facile de s’en prendre à nous ! N’oubliez pas toute la stratégie mise en place pour casser tout élan révolutionnaire de notre part, tout ce qui peu sembler venger notre père spirituel. D’ailleurs, tout celui qui manifestait son désire de nous venir en aide en son temps était indexé.
C’est à peu près cela la triste réalité. Nous en avons à raconter, et le peuple sera bien édifié un jour.
En attendant, trouvons une solution à cette situation qui n’a que trop duré et qui, à coup sûr, permettra de sauver ce qui reste. Tout le monde y gagne.

Un cubain qui est prêt à retourner dans son pays avec encore plus d’expériences et de connaissances, mais qui ne maîtrise pas la langue de Molière.


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