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Essai  : Tampiiri, une insulte suprême chez les Mossé (2e partie)

29 juin 2020, 15:21, par Mechtilde Guirma

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Cette femme des prières raconte donc que sur la table d’accouchement à St Camille, on lui annonça qu’on devait recourir à la césarienne, après la vaine tentative de corriger la position du fœtus mal placé. Alors madame s’adressa au crucifix en face d’elle en ces termes : « Jésus, Ma yedg Biigan, je t’ai suivi et pour gage de ma fidélité sous tes yeux, on m’ouvre comme une chèvre pour enlever mon enfant ». Il parait qu’immédiatement, l’enfant changea de position et le bon prêtre obstétricien put le sortir par la voix basse ». En effet y avait-il meilleur cri de femme en désespoir pour Lui témoigner une fois de plus sa foi par l’esprit, eau et sang ? (Mère est donc Tabou chez les africains).
En conclusion : je reviens à mon débat avec mon frère dominicain, qui me reprochait de soumettre les Écritures Saintes aux dictats des cultures païennes de nos traditions (ce fut cette contradiction que j’ai rencontré dans les universités catholiques d’Ottawa). Pourtant la raison la plus banale pour le prosélyte, c’est parce que dans la religion révélée il y voit sa propre tradition portée aux pinacles de la transcendance comme si depuis qu’il vit il attendait cette confirmation de la révélation sur l’existence de la félicité de ses ancêtres. La difficulté vient de l’évangélisateur qui refoulerait du revers des mains ses convictions traditionnelles sans discernement, il en déduit que ce Royaume de Jésus ne fait pas place aux siens. Pourtant Vatican II est clair : « Inculturer l’Évangile, avant de pouvoir évangéliser la culture ». Les quatre évangélistes n’ont pas fait autrement en leur temps avec le monde dit « païens ». La preuve est que chacun d’eux a eu sa méthode dans la proclamation de la bonne nouvelle :
Jean le doctrinaire, le moraliste de l’Éthique, le spirituel, dans la question de la foi. Il est souvent considéré comme l’intellectuel. Mathieu dont l’œuvre est présentée de façon juridiquement ordonnancée, il met l’accent sur les préceptes les principes généraux du vivre ensemble des enseignements de Jésus. Marc dont le style épouse les contours de la tradition de l’époque avec ses occlusions, son silence, et ses zones d’ombre, ses sources variées jusqu’aux apocryphes. Luc dans ses envolées du parallélisme des formes, semble nous mettre en garde aujourd’hui contre la tendance à vouloir faire une fusion ou confusion du genre et des sexes avec la question de l’égalité entre homme et femme en oubliant que pour le vivre ensemble, Dieu donne les mêmes grâces à l’homme et à la femme de façon égale, en les invitant à les user de façon complémentaire et au respect de sa loi divine.
En tout état de cause tout système démocratique use ou a usé au fil des années ces principes généraux et préceptes. Le secret est simple : il vient du concept de la famille dans sa trinité (Père, Mère, Enfant) comme noyau de la Société à laquelle la démocratie s’applique. Ne serait-il pas bon que nous aussi, nous reprenions ces principes pour reformuler notre système juridique afin que la loi soit plus juste et fasse jurisprudence ? Dans ce cas, on ne devrait pas oublier encore le mystère de la femme : Révélé par le synode des évêques africains il se lit dans des questions constitutionnelles du social, de l’économique, et du politique, en terme de case (ou roogho en moré) comme statut matrimonial, de peuple et généalogie (ou Buud-roogho), de communion avec les ancêtres, nos saints (kiimdoogho) comme sanctuaire, fondement ou constitution. La Trinité de Dieu est le fondement même de la doctrine chrétienne dans la foi en Dieu ou le Crédo. L’on me rétorquera que les musulmans ne reconnaissent pas la Trinité de Dieu. Mais attention : le Jésus Universel se saisit de nos jours par trois front de l’humanité :
Des religions traditionnelles : Jésus se réclame d’Abraham. Des religions révélées, Jésus se défend d’abolir la loi de Moïse mais de l’accomplir. Les sans religion, copient ses préceptes quitte à certains de les dénaturer par un tissus de mensonges. Par contre dans les religions révélées Dieu se fait connaitre à chacune par un pan divin de sa trinité qui nous rassemble tous : Aux musulmans Il leur révèle le souffle de Dieu, pour témoigner du Christ prophète, par « l’Oint de Dieu Fils de Marie ». Alors que les protestants mettre l’accent sur le Christ- prêtre et Prophète de son propre sacrifice sur la croix, les catholiques eux, proclament avec le Christ-Roi le Royaume de Dieu et par le culte Marial où la Reine-Mère préside le chœur du Peuple de Dieu dans la révélation de « l’Esprit de vérité l’eau et le sang »), tout comme les rois sur la terre dont la Reine-mère préside la généalogie, avec un culte des ancêtres que préside la Terre épouse de Dieu (NaabaZidwendé, né a pagha Tenga), intercédant entre Dieu et les Hommes).
Attention donc aux crises institutionnelles que provoqueraient une carence constitutionnellement, dans l’esprit et la lettre, des religieux et des coutumiers. La présence de leurs femmes dans les rangs des professions (religieux et laïcs confondus) dans une chambre qui leur est propre pourra équilibrer celles des femmes des partis politiques dans les autres instances républicaines (Assemblée et gouvernement).
Que Dieu bénisse le Burkina-Faso


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