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« Malgré Yirgou, la posture du gouvernement n’a pas évolué sur la question des Koglwéogo », regrette l’analyste politique Dr Siaka Coulibaly

13 janvier 2019, 08:44, par Dibi

C’est dur et difficile à dire ou à entendre ! Mais la réalité est que nombre de nos petits politiciens de culture moaga ou d’orientation néocoloniale — un classique dans notre pays — ont du mal à condamner cette milice ethnique que sont les koglowéogo ; et ont du mal à demander leur dissolution. C’est sentimental et bien déplorable pour notre présent commun et avenir !
En Droit cette milice est illégale et illégitime ; parce que armée et ne peut se prévaloir de l’exercice de missions régaliennes à savoir le droit de disposer de la force armée pour arrêter et juger des concitoyen(ne)s.
En tant qu’associations armées ces Koglowéogo sont une milice de fait et constituent potentiellement des forces supplétives que des entrepreneurs politiques réactionnaires pourraient mettre à leurs services dans des contextes de crises.
Ancienne institution de contrôle social dans les féodalités mossi gangrenées par les inégalités de statuts et de conditions sociales, et donc infestées par des vols endémiques, ce service d’ordre d’un autre âge est resté historiquement circonscrit à l’espace moaga. Et c’est seulement l’incompétence et la démission de l’Etat contemporain face à l’exercice de ses missions régaliennes d’encadrement sécuritaire de la nation, qui pousse nos petits politiciens gérants d’affaires néocoloniales à ressusciter les Koglowéogo ; cette institution ethnique surannée et anachronique dans le cadre d’une nation pluriculturelle, une et indivisible, qu’est le Burkina-Faso. Un Etat républicain à prétention démocratique même néocolonial.
La reconnaissance des Koglowéogo pose d’autres questions sans réponses : sont-ils déclarés en Préfectures avec statuts écrits qui en précisent leurs buts, leurs champs d’action, leurs membres, leurs moyens financiers, leurs sources financières et trésorerie, leur fonctionnement interne (siège, mode de délibération interne, d’adhésion, d’auto-dissolution...) ?
Toutes ces considérations indiquent que les Koglowéogo sont illégaux et anticonstitutionnels. Une illégalité et une anti-constitutionnalité qui appellent et exigent en droit leur dissolution pure et simple. Mais il est difficile pour certains d’aller dire à Manga, Zorgo, Kaya..., dans un contexte néocolonial et néo-féodal que les Koglowéogo sont interdits ?
Ni les Koglowéogo, ni les Dozo qui sont des associations de chasseurs, ne peuvent recevoir délégation express de l’exercice de la violence et du droit légal et légitime de l’Etat, en lieu et place des corps constitués et armés de la République (Police, Gendarmerie et Forces militaires) ?

La non-dissolution de cette milice en rajoute, pour demain, à nos nombreux problèmes sociopolitiques qui s’accumulent à l’horizon ; en plus de la lutte sans stratégie claire et offensive, contre le terrorisme. Cette lutte qu’on nous vend depuis longtemps, comme une guerre asymétrique ingagnable par notre peuple.
C’est dire que le néocolonialisme et ses éléments de langage nous paralysent, avant même de sortir dans l’arène de la lutte contre cette vermine manipulée par l’impérialisme occidental. Une vermine sans nom, sans visage, sans base arrière (au Mali, au Niger...?) sans soutiens (locaux, étrangers ?), sans autres ressources hors la seule foi de l’Islam wahhobo-djihadiste ?...).

Et que peuvent les Koglowéogo moaga dans cette affaire ? Rien, sinon en rajouter à la confusion qui aide à la carrière de petits politiciens locaux inscrits dans le néocolonialisme criminel !
Voilà une milice dédiée à la protection de l’ordre social féodal moaga, et qui, dans les grands moments de notre histoire qu’ont été les résistances primaires et secondaires de notre peuple contre la domination coloniale, voilà une milice dis-je, qui a été totalement absente du champs des luttes anticoloniales.

Nous savons par expérience que dans les néo-colonies, les petits politiciens de peu de crédit, manipulateurs et potentiellement criminels, pour les besoins de leur carrière, n’hésitent jamais à faire de l’ethnicisme et de l’ethnie, une arme de destruction massive. Et ce d’autant plus facilement que, de nos jours, l’impérialisme-prédateur occidental, pour le contrôle-destruction de certaines nations, n’opère plus par des coups d’Etat, mais s’appuie dorénavant sur des milices et rébellions ethniques portées par des politiciens véreux qui s’érigent en chefs de guerre ; une modalité classique de prise de pouvoir aujourd’hui en Afrique. Et à oublier les leçons de l’histoire, on finit par se la prendre en pleine gueule ! Et les exemples sont nombreux en Afrique !
Aussi, pour éviter que des feux violents n’emportent la savane, évitons de préparer le terrain à tous ces vautours en constituant et en acceptant l’existence de milices ethniques de types Koglowéogo.
Toutes ces raisons appellent d’urgence à leur dissolution ! Notre avenir commun l’exige !

Sans être un révolutionnaire, Maurice Yaméogo s’était tenu aux règles qui fondent une République ; d’où sa lutte contre la chefferie ; c’est à dire, contre toutes ces féodalités et leurs structures surannées et anachroniques.
Il a négocié "l’indépendance" dans le cadre d’une République une, indivisible, laïque et à prétention démocratique même néocoloniale. Laquelle est aujourd’hui tenue par des traites, des bandits et des voleurs de grands chemins.
Na an lara, an sara !
La Patrie ou la mort !
En d’autres termes : La République ou la mort !


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