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Drame de Yirgou : Une marche-meeting pour que, « plus jamais, un Burkinabè ne soit inquiété du fait de sa spécificité culturelle, ethnique ou confessionnelle »

10 janvier 2019, 00:51, par Dibi

Jamais les mots ne sont pas neutres. Ils sont chargés d’idées, de prises de positions, d’enjeux, de représentations et d’intérêts. Ils peuvent porter des naïvetés, incarner des bonnes consciences, des aveuglements, trahir, dire des mensonges ou porter des vérités, faire comprendre l’histoire, la manipuler ou la trahir.
Avec nos mots méfions nous de nous mêmes. On croit tracer des voies, mais au final on conduit dans des impasses ; et comme certains l’ont souligné, devant ce drame, ne perdons pas notre lucidité.
Bien sûr, nous devons condamner les massacres de Yirgou ; condamner tous les massacres intra ou inter-communautaires ou ethniques au sein de notre peuple ou de nos peuples en Afrique. Mais il est important de ne pas nous égarer dans notre douleur et colère, en reprenant les mêmes mots de l’ethnicisme le plus rétrograde. Et cela fait mal d’entendre montrer du doigt, les Mossi cela, les Peulhs ceci, les Gourmantché ci-devant, les Bobo et consorts ci-dessus, etc, etc.
La diversité de notre peuple est aussi notre richesse, avec ses contradictions sociales de classes et ses enjeux multiformes, ses réussites et ses échecs. En l’occurrence nous sommes ici face à notre échec collectif à Yirgou ou ailleurs en interne ou en externe.
C’est cela qu’il faut comprendre et non reprendre ou s’inscrire dans des logiques ou analyses qui, loin de résoudre nos contradictions à dépasser, retombent ou marchent sur leur tête en nous enfonçant dans les clichés ethnicistes les plus éculés.
Sortons de l’ethnicisme qui nous ruine et mine notre avenir commun en tant que peuple ; arrêtons de nous accrocher à des branches mortes de notre histoire. Regardons et prenons soin du tronc commun et des jeunes pousses au sommet. C’est seulement à ce niveau que nous ferons peuple et non en tant que Peulh contre Mossi, Gourounsi contre Dagara, Toussian contre Gourmantché, ..
Organisons des marches ! Oui disons notre colère et notre refus des massacres internes et externes à notre peuple ; car c’est lui seul notre horizon commun. Et surtout ayons les mots justes pour la justice ferme et réparatrice au nom de notre peuple sans jeter de l’huile sur le feu ! Ce feu qui a brulé le Rwanda et fait la honte de l’Afrique !
Ce qui fait mal à une partie de notre peuple fait mal et révulse tout notre peuple. Alors qu’on arrête de jeter de l’huile sur le feu qui peut emporter toute la savane.
Les solutions à ces tensions meurtrières à Yirgou ou ailleurs, à Toéni, Latodin, Gomboro, Djibo, Nouna, Banfora, Tenkodogo, Gaoua..., les solutions à ces crises dis-je, existent. Il suffit de regarder dans la bonne direction et ne pas se tromper de mots ou maux, ni des vrais acteurs-responsables de la situation.
Dit en peu de mots, le drame de Yirgou ou de Toéni ou d’ailleurs, réside dans la démission ou la défaillance de l’Etat. -1- C’est le sous-encadrement sécuritaire - absence de brigades de police et de gengarmerie républicaines, défaut du maillage armé efficient de l’espace national-
- 2- Le sous-encadrement administratif en préfectures et sous préfectures.
- 3- Le sous-encadrement sanitaire, scolaire et culturel (maisons de jeunes..,).
La liste est longue conjuguée avec un aménagement extraverti et borgne du territoire et le sous développement qui va avec.
Le mal et les maux qui nous tuent et font qu’on s’entretuent dans ce pays, cette Afrique, c’est donc au final la débilité politique, l’incompétence et le caractère criminel et corrompu des élites illettrées qui sont aux affaires et qui tiennent l’Etat ; a commencer par le 1er au sommet, les ministres, les généraux et officiers supérieurs des forces armées, les préfets et sous-préfets de régions ; et mêmes les responsables de partis-coquilles vides.
Si Toéni, Yirgou...sont devenus des territoires de non-droit et laissés à gestion sécuritaire par des Koglowéogo ethnicistes qu’il faut d’urgence dissoudre, c’est parce que toute la pyramide d’incompétents qui du sommet à la base de l’Etat, tiennent le pays ou la nation, toute cette pyramide, dis-je, est dans la trahison, l’incompétence irresponsable et la gestion de leurs petites affaires personnelles. Sans quoi, on ne peut comprendre que ce pays soit devenu un poulailler où toutes sortes de renards s’y retrouvent en bonne chasse, de jour comme de nuit !
Exigeons fermement dès maintenant, la dissolution des koglowéogo, ces milices ethniques semi-féodales qui tiennent la brousse contre l’ordre républicain national ! Elles ne sont pas la solution, mais le problème ; et pire, elles pourraient se révéler comme l’autre revers de la médaille islamo-djihadiste.
Notre peuple est fait d’hommes et de femmes qui, en soi, sont faits de la tige que tous les hommes. Il est traversé de contradiction de classes ou de tensions et n’est donc nullement à l’abri d’aucunes crises graves, surtout quant on sait qu’il est toujours tenu par les petits gérants locaux d’affaires du néocolonialisme prédateur.
Na an lara, an sara !
La patrie ou la mort !


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