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Interruption volontaire de grossesse au Burkina : Des polémiques stériles pour fuir une cruelle réalité ?

5 septembre 2018, 12:38, par CRIGED

Merci beaucoup au Lefaso.net pour cette mention encourageante. Dans la lutte contre les causes, je voudrais ajouter que l’application des textes juridiques contre le violences sexuelles pourrait aider. Actuellement quand une fille avorte clandestinement, elle est emprisonnée mais son partenaire n’est pas inquiété. Or, certains hommes sont devenus des irresponsables qui enceintent des filles et refusent d’assumer la paternité. La loi doit être plus sévère contre ce genre de personnes et les obliger à assumer leurs responsabilités. Sans cela, la libéralisation de l’avortement fait peser sur la femme ou la fille victime, la prise de décision d’avorter et les conséquences morales, spirituelles et psychologiques consécutives. Est-ce cela promouvoir les droits de la femme ? Je ne le pense pas du tout et suis disposée à en discuter. Il faut aussi songer à combler le vide juridique concernant la sexualité des enfants. Bien des parents sont prompts à faire avorter leurs fillettes enceintes tandis que les parents de garçons sexuellement actifs refusent de croire que leurs enfants le soient encore moins qu’ils puissent enceinter des fillettes. C’est une fuite de responsabilité car ils ne veulent pas assumer les conséquences des actes de leurs adolescents et avoir à pouponner après avoir limiter le nombre de leurs propres enfants. Mais quand on a des enfants qui font des enfants, il faut bien décider qui doit juridiquement assumer les responsabilités au lieu d’une fuite en avant qui serait de faire avorter les petites camarades engrossées.

L’avortement consiste à s’attaquer aux plus vulnérables et aux sans voix que sont les foetus. En l’avortement est permis par la loi jusqu’à 12 semaines. Aux Pays-Bas et en Espagne, il peut être fait jusqu’à 24 semaines. Une grossesse dure 36 à 37 semaines. Pourquoi les lois dans ces pays ne vont pas jusqu’à 36 semaines ? Plus une grossesse est avancée, plus les frais d’avortement ou d’assassinat sont élevés. Aux Etats-Unis, 1,2 millions d’avortements ont été pratiqués en 2008. Les cliniques qui pratiquent l’avortement vendent les morceaux des avortons à des structures de recherche sur l’humain. Plusieurs vidéos produits en camera cachées le montrent et donnent une indication sur les dérives inhumaines dans l’industrie de l’avortement ?

Si on légalise ou libéralise l’avortement au Burkina Faso, non seulement les gens vont avorter à tout moment de la grossesse pour des motifs farfelus, mais plusieurs boutiques d’avortements seront ouvertes dans les quartiers pour cette boucherie. Si l’avortement clandestin est un problème actuellement dans notre pays, il faut adopter les lois répressives contre ce phénomène plutôt que de penser que la légalisation serait la solution. Tant que les modes de vie et les divertissements seront de plus en plus sexualisés dans notre société, la légalisation de l’avortement ne sera qu’un aveu d’échec de toutes les approches préventives (contraception, planification familial, etc.). Pourtant des milliards sont déversés actuellement dans ces domaines sans qu’on évalue l’efficacité de ces approches. Très peu d’argent est alloué à la promotion de l’abstinence par les PTF et par l’Etat. On a comme l’impression qu’il y a une conspiration pour pousser les enfants et les adultes à l’activisme sexuel au nom d’une mauvaise interprétation des droits individuels en la matière. Qui va financer les services d’avortement et comment les rendre accessibles pour toutes les femmes et filles enceintes "en détresse" dans les villes et campagnes ? Combien de milliards faut-il mobiliser chaque année pour garantir ce droit ? Qui seront les avorteurs spécialisés chargés de donner les services sécurisés ? Tous les efforts entrepris pour réduire la croissance démographiques seront vains sans une politique nationale explicite sur la gestion responsable de la sexualité dans notre pays. On ne peut pas avoir de la pudeur pour parler de la sexualité dans notre société sans avoir pour parler de l’avortement. Juste une contribution au débat.
Dr Nestorine SANGARE/COMPAORE.


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