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Economie Afrique subsaharienne : Une croissance de 3,1%, « un taux positif », mais insuffisant

26 avril 2018, 16:48, par KONE

LE COMMERCE
Un moteur de croissance pour l’Afrique
Les pays africains devraient profiter du nouveau cycle de négociations commerciales pour obtenir des concessions dans les domaines qui les intéressent au premier chef — la libéralisation des marchés agricoles mondiaux et l’élargissement de l’accès aux marchés des pays industrialisés. En contrepartie, ils devraient continuer à libéraliser leurs propres régimes commerciaux.
LES ANNÉES 90 ont été marquées par des progrès substantiels des réformes économiques dans bien des pays d’Afrique subsaharienne, qui ont comprimé leurs déficits budgétaires et extérieurs courants, abaissé l’inflation et entrepris des réformes structurelles axées sur le marché, notamment la libéralisation des échanges.
De 1992 à 1997, la croissance moyenne dans la région est passée de 1 % à 5 %, dépassant 3 % dans 32 des 47 économies. Le PIB réel par habitant est en hausse après cinq années consécutives de déclin. Mais, pour rehausser le niveau de vie et sortir leur population de la pauvreté, les pays africains doivent encore accélérer leur croissance.
Les études empiriques font systématiquement apparaître un lien étroit entre la croissance économique et celle des exportations.
D’ailleurs, aucun pays dans l’histoire récente n’a réussi à enregistrer ou à maintenir des taux de croissance élevés dans une économie fermée et avec une politique de repli sur soi.
Les études empiriques montrent aussi que la croissance économique est essentielle pour lutter contre la pauvreté. Ces vingt dernières années, les exportations comme les taux de croissance économique de l’Afrique subsaharienne sont restés inférieurs à ceux des autres régions en développement. De 1975 à 1997, les exportations nominales et le PIB réel de l’Afrique subsaharienne ont augmenté respectivement de 4,7 % et 2,2 % par an, contre 15,7 % et 7,6 % dans six pays d’Asie de l’Est et 9,6 % et 3,0 % en Amérique latine.
La part de l’Afrique dans le commerce mondial est tombée d’environ 4 % en 1980 à moins de 2 % aujourd’hui.
Les exportations d’un pays sont influencées par ses richesses naturelles, les facteurs exogènes et ses politiques macroéconomiques et structurelles.

Un cadre d’incitations macroéconomiques approprié, complété par des mesures structurelles qui renforcent la réaction de l’offre — y compris une politique commerciale libérale —, est indispensable à de bons résultats à l’exportation.
À cet égard, comme en matière de croissance, l’Afrique a été handicapée par ses régimes commerciaux restrictifs, ainsi que par la faible progression du revenu par habitant, son éloignement des principaux marchés et les coûts élevés de transport.

Au plan intérieur, les pays africains doivent donner priorité à la libéralisation des échanges et à l’adoption de réformes macroéconomiques et structurelles complémentaires. Au plan international, ils devraient user de leur influence à l’OMC — où ils représentent 27 % du total des membres — pour modifier le cadre des échanges internationaux de manière à faciliter l’intégration des pays pauvres dans le système du commerce mondial. Dans le cycle de négociations commerciales lancé à Seattle, les nations africaines devraient unir leurs forces pour persuader les pays industrialisés de libéraliser l’agriculture et d’ouvrir leurs marchés aux exportations de l’Afrique.

Une priorité pour l’Afrique
La réforme des échanges est une grande priorité pour l’Afrique subsaharienne. La croissance économique va de pair avec des régimes commerciaux ouverts et des secteurs d’exportation robustes, et les barrières commerciales sont maintenues aux dépens de la croissance et du bien-être des populations de l’Afrique. Mais la réforme du commerce ne pourra pas être efficace sans réformes complémentaires des politiques intérieures visant à instaurer un cadre d’incitations tourné vers l’extérieur et axé sur le marché.
L’adoption de politiques appropriées qui privilégient les échanges ne conduit pas nécessairement au développement des exportations de produits manufacturés ou de tout autre produit.
Il faut plutôt rechercher l’efficience économique et tirer parti des possibilités d’échanges lorsqu’elles se présentent.
Selon l’avantage comparatif du pays, il pourra se concentrer sur les produits de base, les produits agricoles (y compris les produits transformés et autres produits à forte valeur ajoutée), les textiles, les produits manufacturés ou les services.
Le nouveau cycle de négociations offre une instance à l’Afrique pour travailler à des réformes du commerce international susceptibles d’améliorer les perspectives de la région dans ce domaine. Mais, en retour, les pays d’Afrique subsaharienne doivent être disposés à libéraliser leurs propres politiques commerciales. Un environnement plus favorable au commerce extérieur, conjugué à un cadre de politiques macroéconomiques et structurelles judicieuses, y compris des politiques commerciales libérales, est le moyen le plus sûr de stimuler les exportations et de récolter les fruits d’une participation plus entière au système commercial mondial.

Politique commerciale en Afrique
Malgré les progrès substantiels réalisés dans les années 90, les politiques commerciales de l’Afrique restent, en moyenne, plus protectionnistes que celles de ses partenaires commerciaux et de ses concurrents. Dans une récente étude de la libéralisation des échanges dans les pays appliquant des programmes appuyés par le FMI, celui-ci a mis au point un indice du degré de restriction du régime commercial (restrictif, modéré ou ouvert) pour faciliter les comparaisons entre pays et suivre l’évolution de la politique commerciale dans la durée. L’étude indique qu’au début des années 90, plus de 75 % des pays africains avaient des régimes restrictifs, et aucun n’avait un régime pouvant être classé comme ouvert. Bien des pays ont entrepris depuis d’ambitieuses réformes commerciales ; à la fin de 1998, la proportion de pays appliquant des régimes restrictifs était tombée à 28 %, tandis que près de 40 % avaient un régime ouvert. Les régimes commerciaux en Afrique restent néanmoins plus restrictifs que ceux d’autres régions (graphique 1). Les droits de douane, variable la plus couramment utilisée pour mesurer le degré de restriction des échanges, sont plus élevés — 20 % en moyenne — en Afrique qu’ailleurs.
Des politiques commerciales transparentes, libérales et tournées vers l’extérieur sont essentielles pour attirer les investissements étrangers. Les entrées de capitaux privés ont beaucoup moins augmenté en Afrique que dans les autres régions en développement, et l’Afrique n’a pas profité des avantages qui accompagnent souvent ces apports — transferts de technologie et de compétences de gestion et d’organisation et création d’emplois. Entre 1980 et 1997, les apports de capitaux privés sont passés de 6 milliards de dollars à seulement 16 milliards en Afrique, alors qu’ils ont bondi de 12 milliards de dollars à 140 milliards pour l’ensemble des pays en développement.
La dépendance de l’Afrique à l’égard des produits de base n’est pas en soi le principal problème. Les termes de l’échange des exportations africaines se sont détériorés, de quelque 15 % peut-être, au cours des deux dernières décennies.
Cependant, tandis que le commerce des produits de base exportés par l’Afrique a augmenté plus lentement que le commerce mondial total, il a tout de même sensiblement progressé.
Le problème est que l’Afrique voit sa part de marché décroître et qu’elle est lente à se placer sur de nouveaux marchés d’exportation. Si elle avait maintenu sa part de marché au niveau de 1980, ses exportations hors pétrole se seraient élevées à plus de 150 milliards de dollars en 1997 au lieu des 62 milliards enregistrés.


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