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Attaques à Ouagadougou : Le point

4 mars 2018, 16:15, par Maouda

SAHEL : UN GROUPE ARMÉ FRAPPE LA FRANÇAFRIQUE
3 MARS 2018 STRATEGIKA51 34 COMMENTAIRES
Les attaques coordonnées ayant visé l’état-major des forces armées burkinabaises et l’ambassade de France à Ouagadougou, le sanctuaire du pouvoir au Burkina Faso, révèlent au grand jour l’échec total de l’intervention militaire française au Mali et démontrent que des groupes armés déterminés ont desormais la capacité d’abattre les fragiles constructions étatiques de la Françafrique.

Le mode opératoire de ces groupes (usage de véhicules piégés visant des cibles dures avec des tactiques de guérilla urbaine) que les médias français qualifient incorrectement de « Djihadistes », n’est pas sans rappeler celui, fort efficace, utilisé par Daech au Levant et il aura fallu l’intervention d’hélicoptères d’attaque Tigre de conception franco-allemande pour repousser les assaillants.

Ces attaques ont non seulement failli de peu décapiter les Armées de cinq pays du Sahel mais ont tenté de prendre d’assaut l’ambassade de France, dont le rôle dans ces pays dépasse de loin la représentation.

Un message musclé à l’adresse de Paris après une vaine tentative française d’éliminer l’un des chefs les plus influents des mouvances armées contrôlant de très vastes territoires au Sahel.

Le public français n’a jamais été vraiment informé de ce qui se passe réellement au Sahel depuis plus d’une décennie.

La Françafrique semble figée dans une propagande datant des années 1920 se contentant de petits communiqués mettant en exergue la gloriole des Armées dans un terrain où les notions de victoire ou de défaites sont quasiment impossible à définir.

Cette brèche conceptuelle permet aussi bien à Paris qu’aux groupes armés de crier victoire à tue-tête.

En réalité Paris s’est tiré une balle dans la jambe en participantt activement à la destruction de la Libye dont le rôle était certes néfaste aux intérêts de la Franceafrique dans la sous-région mais assurait une certaine stabilité structurelle.

Le chaos en Libye a permis l’émergence de fortunes privées colossales et la libre circulation des armes et des personnes ayant grandement miné la sécurité fort précaire des États du Sahel.

Les attaques de Ouagadougou, bien plus que l’embuscade meurtrière tendue par le meme groupe armé aux forces spéciales US, marquent une réalité nouvelle. Un groupe armé vient de porter un coup au cœur même du système archaïque de la Françafrique.

Longtemps espace réservé de la France pour des raisons liées à l’histoire coloniale, le Sahel suscite de plus en plus les convoitises de Washington et de Pékin. L’un privilégie l’instabilité chronique et l’autre l’investissement. A un palier en dessous, des puissances régionales comme l’Algérie tentent de sauvegarder le statu quo mais voient d’un mauvais oeil le soutien de certains pays du Golfe à des groupes armés au Sahel alors que ces mêmes pays financent en partie l’Armée francaise ou l’effort de guerre français au Sahel.

Indubitablement, on lira un autre son de cloche dans les médias dominants : « Tout va bien Madame la Marquise ! » Nos redoutables hélicoptères ont réduit en miettes ces gueux et les affaires vont bien ! L’oubli et le manque d’intérêt de l’opinion feront le reste.

Jusqu’à ce que des missiles antichar Milan et Tow, offerts gratis aux rebelles libyens par l’OTAN ou des missiles Sol-Air en circulation apparaissent lors de prochaines attaques, les pseudo-experts continueront à cacher le soleil des tropiques avec un mouchoir.

Difficile d’assurer un combat d’arrière garde dans un monde qui change de plus en plus vite.


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