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Message à la nation de Roch Kaboré, président du Faso, chef de l’Etat à l’occasion du nouvel an 2018

4 janvier 2018, 17:25, par Sidpawalemdé Sebgo

Enfin ! Il était temps que nos gouvernants comprennent que tout l’édifice d’injustices criardes que constitue le système de rémunération de l’état doit être revu dans notre Burkina post-insurrectionnel. Car la "réformette" du passage de la loi 013 à la loi 081, en dehors de corriger la différence contractuel/fonctionnaire, n’a fait que formaliser les avantages acquis de certains et même augmenter les inégalités en faveur de ceux qu’on voulait "encourager", dans une visée politique. Et dans ce contexte certains internautes font un mauvais procès au président Kaboré car il ne s’est pas adressé exclusivement aux enseignants en lutte actuellement à ce propos.

Je dis bien "système de rémunération de l’état" et non "des fonctionnaires". Car le problème dépasse les fonctionnaires pour s’étendre à tous les corps liés à l’état : Les militaires et para-militaires, les enseignants et enseignants chercheurs du supérieur, les salariés des sociétés d’état, les agents des finances et leurs fameux "fonds communs" et bien sûr les membres du gouvernement et de l’assemblée, les ambassadeurs, etc...

Car le sentiment d’injustice n’est pas la seule motivation des revendications. Il faut bien comprendre que les prix des biens et services s’alignent sur les revenus (élevés) des plus favorisés, et donc fait sentir davantage la "vie chère" aux autres. Il n’y a qu’à voir les prix des loyers, des terrains et des scolarités pour s’en convaincre. Seulement voila, cette solution, bien que sage et salutaire, va se heurter à deux problèmes sérieux :

1°) Elle prendra du temps, entre le début du processus promis en Février 2018 par le président du Faso et la finalisation des accords, le passage à l’assemblée, les décrets d’application et le "passage à la caisse", on en a pour au moins une année sinon plus, sachant que le cadre budgétaire est déjà arrêté jusqu’en Décembre 2018. Raisonnablement donc, l’objectif sera Octobre 2019 pour la session budgétaire de l’assemblée nationale. Or demander à ceux dont les revendications datent de plusieurs années comme les enseignants d’attendre ce terme va être difficilement accepté !

2°) Le compromis sera difficile à trouver. En effet, soit on efface les inégalités en nivelant par le haut (augmenter ceux qui sont défavorisés et maintenir le statu quo pour les autres), soit on va revoir à la baisse les avantages de certains pour augmenter ceux des autres, ce qui n’ira pas sans protestations. On peut s’attendre à ce que les "avantages acquis" soient défendus bec et ongle par ceux qui en bénéficient déjà. Or, la première solution suppose une augmentation sérieuse du budget et de la part consacrée aux salaires, ce qui est difficile dans le contexte économique actuel à moins d’augmentation spectaculaire des recettes de l’état. Et c’est là où Bassolma a raison car on a l’impression que l’état (ou du moins ses dirigeants) renonce volontairement à des recettes importantes, induisant ainsi des soupçons d’impunité complice sinon de franche corruption.

Bref, ça va chauffer pour réformer, et en attendant il faudra "éteindre le feu" en satisfaisant, ne serait-ce que partiellement, les revendications déjà sur la table, à moins que nos gouvernants aient déjà opté pour l’année blanche comme Ouaga-la-la rumeur le dit. (En fait, deux années blanches car on ne voit pas la fin des négociations promises en Février avant la prochaine rentrée d’Octobre 2018 !). Wait and see ?


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