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In memorium : NEZIEN Badembié Pierre Claver

11 novembre 2017, 02:47, par Yabila

Kôrô Yamyélé, je vous remercie toi et Africa pour vos contributions respectives et édifiantes en cette circonstance du souvenir douloureux de la disparition du colonel Nézien Badembié. Paix en l’âme de papa Nézien Badembié que j’ai connu. Très bon gendarme, c’était un grand bosseur qui n’aimait pas les magouilles et l’affairisme. Il a été abattu froidement dans le dos. Ainsi agissent les âmes perverses et damnées. Ceux qui ont commandité cet assassinat et ceux qui ont tiré sur lui sont où aujourd’hui ? Sous terre également ou alors pitoyablement sur terre en attendant de rendre compte à Dieu qui n’est jamais pressé. Mais son temps arrive inéluctablement. Ils ne perdent rien pour attendre.

Parlant des morts politiques, Kôrô Yamyélé est remonté au commandant Moumouni Ouédraogo que j’ai également connu. Voici un autre assassinat politique semble-t-il qui n’a jamais été élucidé et Moumouni Ouédraogo, l’un des plus grands parachutistes de son temps est tombé dans l’oubli. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent peut-être pas qu’il y a eu un militaire de la stature du commandant Moumouni dans notre armée et c’est bien dommage.
Moumouni Ouédraogo était le 1er commando parachutiste africain. Selon certaines sources de l’époque, cette affaire a été étouffée par les présumés commanditaires qui figuraient parmi les dignitaires de l’armée et les politiques de la Haute-Volta des années 1970 et qui dit-on, étaient pour certains, assis aux côtés du père du commandant Moumouni lors de cette fameuse foire à Ouahigouya et l’ont regardé s’écraser avec son parachute. En effet, il semble qu’on l’a tué avant de le pousser dehors. Je me souviens même que le nom de son adjoint le commandant Bonkoungou avait circulé comme étant celui qui l’a tué avant son éjection dans le vide. Cependant, aucune enquête n’a permis de prouver ou de désapprouver cela.
Il paraitrait aussi que Bob Denard le mercenaire à la solde des services secrets français a pu être à bord de l’avion ce jour-là. Si oui, pour quoi faire ? Il faut savoir que les français ont tenté d’implanter leur base militaire en Haute-Volta, nouvellement indépendante. Maurice Yaméogo a refusé. Les français seraient revenus à la charge sous Lamizana pour tenter à nouveau d’implanter leur base militaire sur notre sol. Au sein de l’armée, commandant Moumouni fut de ceux qui ont refusé fermement. On peut supposer que la France ne l’aimait pas pour cela mais ça n’explique pas à priori la présence éventuelle de Bob Denard dans l’avion qui le transportait ce jour-là.
Je me souviens aussi du deuil soudain et généralisé qui a envahi tout le pays notamment Bobo à l’annonce de cette mort inattendue car personne ne pouvait imaginer qu’un Moumouni Ouédraogo ne puisse pas ouvrir son parachute au point de s’écraser avec devant la foule et devant son père, vieux instituteur retraité qui n’a pas survécu longtemps à ce drame.
Si je ne me trompe pas, c’était le 13 février 1972. Je ne peux pas oublier cette date et l’effet que ça pu faire sur toute la ville de Bobo attristée.
Commandant Moumouni Ouédraogo était tellement bon para et tellement populaire à Bobo que même les petits garibous ont pleuré à l’annonce de sa mort. Malgré sa droiture et son franc-parler que certains esprits tordus pouvaient redouter, il était accessible, humain, populaire, très apprécié et respecté dans tout le pays. Il faut croire qu’il faisait forcément des jaloux parmi les politiques et les militaires de l’époque qui sûrement le craignaient pour sa popularité et pour son leadership incontesté. Pour autant, d’après ceux qui l’ont côtoyé de près, il ne voulait pas du tout se mêler de la politique. Il était militaire et entendait le rester. Il parait que Lamizana devenu chef d’Etat, lui a proposé de le nommer ministre (peut-être aussi pour l’avoir sous son emprise ?!) et il a refusé catégoriquement. Commandant Moumouni assurément, préférait ses sauts para aux « conseils de ministres ».
Je rejoins ceux qui déplorent le fait qu’un tel personnage clé de notre pays soit maintenu à ce point dans l’oubli et que jusqu’à ce jour, les circonstances tragiques de sa mort ne soient pas éclaircies. Se trouvera-t-il un jour, pour la postérité, une bonne volonté pour écrire un livre sur la vie et sur le parcours militaire de commandant Moumouni ? Permettez-moi de saisir cette occasion pour lancer humblement cet appel à tous les burkinabè en commençant par l’armée et notamment à ses proches.
En ma connaissance, aucune rue ni aucun monument dans notre pays ne porte le nom du commandant Moumouni Ouédraogo, ne serait-ce qu’un camp militaire. Là-dessus, je me permets aussi d’interpeller les dirigeants de notre pays car c’est très dommage et pas à notre honneur !
C’est quand-même le 1er commando parachutiste de l’Afrique. Nous devons être fiers de dire à nos enfants que le 1er commando parachutiste africain était voltaïque. Dieu nous a accordé ça et nous l’avons jeté aux oubliettes. Je me dis que même dans notre armée, beaucoup de jeunes militaires ne le savent pas. Commandant Moumouni, repose en paix.
J’ose nourrir l’espoir que tôt ou tard, la lumière sera faite sur tous les assassinats politiques dans ce pays. Ce sera sûrement très long, mais rien n’est jamais si caché que ça sous le soleil ! Les vérités sortiront un jour.
J’espère que Kôrô Yamyélé, Africa et d’autres encore seront de mon avis.


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