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Vent d’extrémisme violent dans le Nord Burkina : Les origines sociologiques, économiques et politiques d’une crise aux relents identitaires et religieuses

25 octobre 2017, 21:21, par MD

Si effectivement le problème sécuritaire du nord trouve son origine dans la "contestation de l’ordre social qui prévaut dans la province du Soum, dans la région burkinabè du Sahel", on n’est pas sorti de l’auberge. Et ce sont pas les solutions proposées par les différents auteurs de ces rapports, qui par ailleurs ont le mérite de poser le problème sous un autre angle bien éloigné des analyses simplistes de jihadisme et d’extrémisme dont de prétendus spécialistes nous rabattent les oreilles depuis le déclenchement de la cris e au Mali et depuis peu au Burkina, qui nous permettront d’en sortir. Il ressort des deux rapport que c’est la remise en cause de l’organisation sociale qui est le ressort principal de ces crises dans le Soum, tout comme il a été dit auparavant par Cris Group et d’auteurs d’études commanditées pour mieux comprendre le phénomène au Mali, il sera difficile d’y venir à bout en simplement mobilisant "les acteurs locaux pour trouver des solutions adaptées" à cette crise qui serait "profondément enracinée dans des dynamiques locales ». Et puis que veut dire "mobiliser les acteurs locaux pour trouver des solutions adaptées" quand l’autre pense que "chacun connait (ou doit connaitre) sa place" ? Quand l’organisation sociale repose sur la domination d’un groupe sur un autre ? Quand le groupe dominant tire son pouvoir, son prestige, ses multiples avantages sur l’exploitation de l’autre groupe et en le maintenant dans son statut de dominé ? Mobliser les acteurs locaux pour des solutions adaptées, ce sera de dire aux premiers, les maitres, renoncez à tout, pouvoir et privilèges, et concédez que vos esclaves sont des hommes qui ont le même droit que vous ? Ou bien dire aux seconds, pour la paix locale, renoncez à vos prétentions, acceptez que vous êtes des esclaves mais désormais on va vous permettre de diriger les prières ou de venir manger à la table du maitre ? Malam Dicko n’a-t-il pas tout simplement trouvé dans l’Islam les arguments qu’il faut pour combattre l’odre social établi (certainement parce qu’il en est lui-même une victime) et pour mobiliser ses concitoyens du Soum qui y ont été sensibles ? Ce qui ne fait pas de lui un jihadiste ni un islamiste. N’a-t-il pas tout simplement pensé que c’est par les armes qu’il pourra le mieux lutter contre l’ordre social inégalitaire local plutôt que par la démocratie qui s’est montré inopérante comme elle l’a été ailleurs dans certaines parties du Burkina où des maires ont été empêché, pour les mêmes raisons, de siéger ? Qu’est-ce à dire ? Comme aimait à le dire mon professeur de philosophie, Mr Somé ? Que le problème est plus compliqué que ne le laisse voir les résultats de ces deux rapports. Et qu’il faudrait peut-être un changement de paradigme qui poserait le problème du politique sinon de l’Etat dans la construction de la démocratie ou d’une société plus juste ou plus modestement en permettant un fonctionnement plus démocratique de nos sociétés.


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