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UPC : Des militants réclament leurs mandats aux députés frondeurs

13 octobre 2017, 05:28, par Colonel à la retraite Charles Lona Ouattara

Lona Charles Ouattara est un colonel de l’armée burkinabè à la retraite. Il est promotionnaire d’école et ami d’enfance de Thomas Sankara. A son avis, le leader de la révolution burkinabè était en voie de changer ses perceptions idéologiques qui continuent aujourd’hui encore de faire rêver des jeunes : « Sankara, à partir de 1967 s’est laissé convertir au communisme. A partir de 1987, je crois qu’il amorçait un revirement spectaculaire, ce que les autres, dont Blaise Compaoré, n’ont pas voulu. Donc c’est un héritage qui à mon avis, fait rêver la jeunesse. »

Pourtant il semble que vous étiez au Mali et o, vous a même accusé d’avoir pactisé avec l’ennemi lors du conflit frontalier en 1985 ?

•Colonel à la retraite Charles Lona Ouattara , C’est vrai, j’avais été accusé de participer au côté du Mali à l’envahissement de mon propre pays. Ce qui était totalement inexact. Je pense plutôt que c’est mon refus de
collaborer qui paniquait les révolutionnaires. Ils ont persécuté mes parents après moi. Mon oncle et mon frère ont été emprisonnés pendant une année et sans preuve. Et jusqu’à l’heure où je vous parle aucune compensation financière pour les dédommager. Moi-même j’ai été condamné à mort par contumace par les tribunaux populaires de la révolution. Parce que j’étais présenté comme un traître à la nation. Et depuis mon départ j’avais coupé tout lien avec le Burkina.
Avez-vous vraiment été contraint de quitter le pays en 1984 ?

Colonel à la retraite Charles Lona Ouattara , J’avais estimé qu’il n’était pas question pour les militaires que nous sommes de nous impliquer dans la politique. Pour moi l’armée ne doit pas faire de la politique. Cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas voter. Nous sommes des électeurs silencieux. Il n’est pas tolérable de voir un militaire battre campagne pour n’importe quel parti politique comme on en voit aujourd’hui. J’ai donc été en désaccord total avec mes anciens camarades à l’époque parce que les militaires sont astreints à l’obligation de réserve. Ce qui était loin d’être le cas avec le CNR.
Oui, mais est-ce que vous le leur avez signifié en son temps ?
• Je le leur ai fait savoir de vive voix et c’est pourquoi je n’ai pas activement pris part aux activités du CNR. Sankara avait voulu que j’assume des responsabilités au niveau du secrétariat général des CDR qui était la deuxième structure la plus puissante de la révolution, mais j’ai refusé. Et depuis lors les brouilles se sont accentuées entre lui et moi jusqu’à ce que je quitte le pays en fin 1984 pour le Kenya.

Quel rôle vous avez joué dans cette prise de pouvoir en août 1983 ?

•Colonel à la retraite Charles Lona Ouattara . Rien du tout. Parce que je n’étais pas d’accord avec eux. Pour moi la place des militaires, c’est dans les casernes. Personnellement j’ai cherché à servir mon pays en évitant désormais toute implication politique. La politique, c’est pour les civils et non les militaires. Malgré le fait qu’on ne pouvait pas rester dans le pays tant qu’on n’était pas d’accord avec ces révolutionnaires, je me suis consacré à des tâches militaires dans les casernes durant la première année de la révolution. Et c’est en fin 1984 que j’ai compris que je ne pouvais pas continuer avec eux et j’ai décidé de partir.


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