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Le président de la BAD effectuera une visite de travail au Burkina Faso du 26 au 29 septembre

23 septembre 2017, 16:38, par KONE

LE FINANCEMENT DU SECTEUR PRIVÉ EN AFRIQUE
Même si l’Afrique a accompli d’importants progrès dans la financiarisation de son économie, son secteur privé reste sous-desservi en termes d’accès au financement.
Ce chapitre rend compte de l’accès au financement du secteur privé en Afrique et met en lumière les caractéristiques des groupes sous-desservis ainsi que les barrières qui ne permettent pas aux entreprises de recevoir le financement dont elles ont besoin. Globalement, en Afrique, l’accès au financement reste difficile en raison d’inefficiences liées aux caractéristiques économiques, politiques et juridiques des économies locales, de facteurs du côté de la demande liés aux faibles capacités et au niveau modeste du financement des entreprises de la région, ainsi qu’à la structure des secteurs financiers existants, qui reste dominée par les banques. Ce chapitre rend compte notamment de la malédiction des ressources naturelles qui affecte l’accès au financement du secteur privé. Si l’on veut atténuer ces problèmes de financement, il faut déployer des efforts supplémentaires pour renforcer les capacités, tant du côté de l’offre que de la demande, et lever les obstacles ayant trait à l’exécution des contrats, à la reprise de possession des actifs et à l’asymétrie de l’information. Plusieurs solutions innovantes, qui tirent notamment parti des progrès de la téléphonie mobile, pourraient changer la donne.
Introduction
Le financement est vital pour le secteur privé. En l’absence d’un financement adéquat, les investissements privés et les fonds de roulement sont étouffés, il n’y a pas de création d’entreprises, les entreprises qui existent déjà peinent à se développer et la croissance économique en pâtit. Or, l’accès au financement reste problématique en Afrique, en particulier pour les microentreprises et les petites et moyennes entreprises (MPME), qui forment l’essentiel du secteur privé dans cette région du monde

. On dénombrait entre 55 et 67 millions d’entreprises de cette catégorie sur ce continent, dont 70 pour cent ne disposeraient pas de moyens financiers suffisants. Leurs besoins de financement représentent entre 385 et 455 milliards de dollars EU
. Afin que l’Afrique puisse exploiter tout son potentiel et parvenir à une croissance forte et inclusive, il faut donc remédier au problème d’accès au financement
Répondre aux besoins de financement du secteur privé
En Afrique, les besoins de financement du secteur privé sont considérables. Globalement, ils sont liés à trois aspects, à savoir aux caractéristiques des entreprises, à l’environnement et à la structure du secteur financier qui est censé apporter les financements. Pour lever ces principaux obstacles, une approche holistique sera par conséquent nécessaire. Cependant, si l’on veut éliminer les goulets d’étranglement sur l’ensemble de la chaîne de valeur, il ne faut pas oublier que les priorités et les besoins des pays d’Afrique diffèrent en fonction de leur niveau de développement économique, de leur dotation en ressources naturelles et de leur situation politique. Il faut donc éviter une approche « universelle » et adapter les solutions au contexte local. Ce qui convient, par exemple, à la Tunisie ne convient pas forcément à la RDC.
Le manque d’infrastructures financières et de cadres de réglementation appropriés est plus criant dans les pays FAD que dans les pays BAD.
C’est également vrai en ce qui concerne les capacités des banques en termes de capital humain, de procédures de prêt, de gestion des risques et de systèmes informatiques. Dans les pays FAD, la priorité est la mise en place des conditions nécessaires au fonctionnement du système financier : création d’une infrastructure financière adéquate, consolidation des établissements et institutions, instauration de programmes de renforcement des capacités, à la fois pour les prestataires de services financiers et pour les autorités de contrôle, et conception de cadres de réglementation bien définis, qui encourageront la concurrence et l’innovation dans le secteur financier. Les réformes qui visent à améliorer la stabilité macroécono-mique et créant un environnement plus propice pour les entreprises sont également essentielles.
Si le secteur de la microfinance fonctionne bien, il peut soutenir les petites entreprises, en particulier dans les États fragiles et dans certains pays FAD où l’activité bancaire n’est pas assez développée. En apportant des fonds aux individus et aux ménages pauvres, le microcrédit peut se révéler un outil efficient pour améliorer l’accès au financement. Les organismes de microfinance solides peuvent également contribuer à remédier au problème du segment intermédiaire non desservi en Afrique. De leur côté, les institutions de financement du développement peuvent aider les États fragiles et les pays FAD à mettre en place leur propre secteur de la microfinance, en fournissant un appui financier et une assistance technique aux organismes de microfinance, aux banques centrales et aux instances de réglementation.
. Les initiatives destinées à améliorer l’accès du secteur privé aux services financiers via les établissements informels locaux peuvent permettre de lever les obstacles que rencontrent les petites entreprises pour se financer (encadré
4.3). Néanmoins, d’aucuns reprochent aux organismes de microfinance de ne pas toucher les plus pauvres et de pratiquer des taux d’intérêt élevés
Encadré 4.3 : L’initiative Barclays Microbanking - Susu Collectors
L’initiative Barclays Microbanking - Susu Collectors est un programme pilote destiné à améliorer l’accès aux services financiers pour les petites entreprises du secteur informel qui sont exclues du système bancaire. Au Ghana, quelque 4 000 collecteurs informels, les Susu, recueillent les dépôts de petites entreprises, sur une base journalière ou hebdomadaire. L’épargne ainsi accumulée revient à ces entreprises un mois après environ, déduction faite d’une commission. Chaque Susu s’occupe de 200 à 850 petites entreprises par jour. Les Susu constituent une solution pratique pour les petites entités qui n’ont pas les moyens de payer des frais bancaires élevés.

Encadré 4.4 : Valeur ajoutée des fonds de capital-investissement en Afrique
En Afrique, les fonds de capital-investissement (FCI) misent sur les petites et moyennes entreprises à fort potentiel de croissance. Ils peuvent apporter le capital et les compétences managériales dont les petites entreprises africaines ont désespérément besoin pour prospérer. Même si le marché du capital-investissement n’en est qu’à ses débuts dans cette région du monde, les transactions actuelles ont des répercussions bénéfiques sur l’emploi, sur la croissance des chiffres d’affaires, sur l’innovation et sur la rentabilité.
Les FCI favorisent également l’innovation. Plus des deux tiers des entreprises qu’ils accompagnent ont introduit des produits et/ou des services nouveaux. Leurs dépenses de recherche et développement ont aussi augmenté de 7 pour cent par an sur la période 2005-09, contre 1 pour cent dans les sociétés cotées à la JSE.
via les places boursières
.
Encadré 4.7 : Avantages respectifs des registres publics et privés d’information sur le crédit en Afrique
Les registres d’information sur le crédit peuvent faciliter l’échange d’informations précises et à jour, avec un bon rapport coût-efficacité, ce qui permet aux établissements financiers d’évaluer la solvabilité des emprunteurs. Ils peuvent ainsi atténuer les problèmes d’accès au financement, surtout pour les PME qui, souvent, pâtissent de l’asymétrie de l’information. Ils aident également les emprunteurs potentiels à apporter en garantie leur réputation, plutôt que des actifs corporels. Les registres sur le crédit sont soit des registres privés soit des registres publics détenus par la banque centrale.
Conclusion
Le présent chapitre a analysé l’accès du secteur privé africain au financement. Il a tout d’abord comparé les performances de cette région à celles des autres régions en développement et montré que l’Afrique reste à la traîne malgré les avancées réalisées pendant la dernière décennie. Les entreprises africaines continuent de recourir à des sources de financement interne bien plus largement que les entreprises des autres régions en développement. Ce chapitre a ensuite mis en évidence les différences d’un pays d’Afrique à l’autre en se fondant sur des données agrégées par niveau de revenus et en fonction de la dotation en hydrocarbures et du degré de stabilité politique.


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