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Violence sur l’animateur Hamed Kossa : Les organisations professionnelles des médias audiovisuels soutiennent radio Oméga

3 juillet 2017, 22:29, par Hamane

Je pense qu’il faut qu’on accepte de poser le vrai débat. C’est vrai que les musiciens de l’association CORA-BF ont mal agit. S’ils n’ont pas totalement raison, ils n’ont cependant pas entièrement tort. On nous parle des associations ou réseaux de journalistes et d’animateurs de médias. C’est un vrai mélange des professionnels instruits et suffisamment instruits et d’amateurs/animateurs ayant appris leur métier sur le tas qui sont loin d’être des professionnels ou des instruits, des gens qui ne sont pas assez bien cultivés. Simplement, à cause d’une solidarité corporatistes, on les journalistes bien instruits qui connaissent les enjeux d’une promotion optimale de la musique burkinabè se taisent et soutiennent les animateurs. Solidarité oblige.
Au Burkina Faso, combien d’animateurs de médias savent qu’ils ont des ambassadeurs de la culture burkinabè ? Un ambassadeur de la culture burkinabè doit-il promouvoir une autre culture que la tienne ou promouvoir plus une autre culture que la tienne ? Non, naturellement. Seulement peu d’entre eux savent qu’ils sont des ambassadeurs, des promoteurs de la culture dont de la musique burkinabè. De nos jours, a-t-on besoin de négocier un Burkinabè pour qu’il fasse la promotion du Burkina Faso sur le plan culturel, musical, etc. Dans un Burkina Faso idéal, le combat n’aurait pas dû être le fait de se battre pour que les animateurs jouent un quota de Musique Burkinabè. Le combat aurait dû être le contraire. C’est-à-dire que tellement nos animateurs jouent la musique burkinabè à tel point que des voix allaient s’élever pour demander un petit quota d’ouverture sur la musique d’ailleurs. Rien ne nous empêche d’aller vers ce Burkina Faso idéal où la musique burkinabè fait 99% des animations médias toute émission confondue. Malheureusement, on entend certains dire que la musique burkinabè n’est pas bonne ou que pour certaines ne sont pas bonnes. Euh jouez exclusivement ce qui est bon alors. Cela va amener les autres à faire la bonne musique et les auditeurs à aimer la bonne musique. Si la beauté est à la fois dans le regard et dans l’objet regardé, la bonne musique est aussi à la fois dans l’ouïe. Aussi, le goût ça se cultive. Une musique non bonne est souvent un simple jugement subjectif de coût. Si la musique ou certaines musiques Burkinabè ne sont pas bonnes, contentons-nous de jouer ce qui est bon. Par ailleurs dire que la musique de chez soi n’est pas bonne et préférée la musique d’ailleurs, c’est comme si on disait que es beignets de sa mère ne sont pas bons et on achète ailleurs. Or, acheter les beignets de sa mère, c’est l’enrichir pour ensuite bénéficier des aspects collatéraux de cette richesse. Certains animateurs qui se fond passer pour des sankaristes, passent leur temps à jouer la musique d’ailleurs. Oubliant que pour Thomas sankara, consommer burkinabè, c’est d’abord consommer les beignets de sa mère, de ses tantes, de son village, de sa patrie ou africains. Demander à ce rastaman animateur si Thomas Sankara ne nous invitait pas à consommer Faso Fani même si n’était pas de si bonne qualité tout en rassurant que les bénéfices réalisés par la société grâce à notre consommation lui permettra d’améliorer significativement la qualité de sa production et à mieux concurrencer les autres étrangères. Alors, pourquoi ne pas promouvoir et consommer la musique locale (quelle que soit sa qualité) tout en sachant que cela va permettre à nous musiciens d’améliorer leurs œuvres ? Les musiciens, ont-ils besoin de frapper un animateur pour qu’il joue plus de musique burkinabè ? Oui et non ! Non pour les animateurs consciencieux, ayant un niveau d’étude et sachant qu’ils sont des ambassadeurs de la culture/musique burkinabè et qu’autrui n’est pas mieux placé qu’eux pour le faire. Oui pour les animateurs non cultivés, qui ont appris leur métier sur le tas, qui sont eux-mêmes acculturés et qui veulent acculturer leurs auditeurs. En Afrique on dit que l’éducation est l’action des adultes ou des aînés sur les jeunes ou les cadets pour leurs apprendre les bonnes manières d’agir, de penser et d’être dans la société. Un proverbe dit que si tu épargne ton enfant du fouet (au sens propre et au sens figurer) tu le gâtes. Eh bien en matière de promotion de la musique au Burkina Faso, je peux désormais dire que l’éducation musicale est en partie l’action des musiciens sur les animateurs de médias pour leur montrer les bonnes manières de promouvoir la musique burkinabè….
Certains animateurs, DJ des bars et boites de nuits sont incapables de promouvoir la musique Burkinabè, pour plusieurs raisons : ils ont appris leur métier leur le tas, sont pas conscients qu’ils sont des ambassadeurs de la musique burkinabè, ne sont pas eux-mêmes instruit, cultivés, ils sont aussi des acculturés (des gens qui ont perdu leur propre repère culturel et se prennent pour des branchés. Si le métier d’animateur de média état assez bien payé, on allait assister à l’entrée de gens instruits et cultivée dans ce métier, la situation serait autre.
On nous insulte en nous disant que
• « les médias ont leur ligne éditoriale et musicale qui fonde leur identité » c’est oublié que l’identité d’un média burkinabè doit être une identité burkinabè
• « Qu’il existe des médias généralistes et des médias thématiques y compris dans un genre musical spécifique donné » oubliant que tout genre spécifique d’un média burkinabè doit être un genre burkinabè sinon il n’y pas de spécificité. Si ta spécificité c’est de copier l’autre en quoi c’est une spécificité ?
• « Que le pourcentage de musique burkinabè convenu avec les autorités administratives de régulation s’applique au média sur l’ensemble de sa diffusion et non pas à une émission qui peut avoir une ligne musicale ou éditoriale spécifique » oubliant que toute ligne musicale spécifique doit privilégier la musique burkinabè spécifique à cette ligne
• « Qu’un média privé, nonobstant son obligation conventionnelle, est fondamentalement tenu par des exigences d’audience donc par le choix de son public. Que dans ce cas, c’est le choix de son public qui définit sa playlist ». Voici la honte finale. comment le public d’un media peut avoir un goût X, aimer une chanson X si ledit média n’a jamais joué cette chanson ? Est-ce le public qui fait découvrir une chanson à l’animateur ou est-ce l’animateur qui fait découvrir une chanson étrangère à son public ? C’est d’abord l’animateur qui aime la chanson étrangère X, qui la sélectionne, continue son playlist avec ça, qui la joue à répétition, l’auditeur entend et réclame la chanson plus tard. Si l’animateur ne joue pas ladite chanson étrangère, même si l’auditeur l’écoute sur youtube et vient auprès de son média pour demander, il suffit de dire y a en pas. Mais malheureusement, des animateurs acculturés, matraquent les auditeurs avec la chanson étrangère sous prétexte qu’eux et leurs auditeurs sont branchés et après nous disent que c’est le choix des auditeurs.
En conclusion, qu’une musique burkinabè soit bonne ou non (ce qui est un simple jugement subjectif de goût), si les animateurs veulent l’imposer aux auditeurs ils ont les moyens de le faire sinon, ils ne sont pas simplement de bon animateurs. Et un bon animateur, ambassadeur d’une culture n’a pas besoin qu’on lui impose un quota à jouer. Il allait tellement faire la promotion de sa culture et de sa musique à telle point qu’on allait le négocier pour lui dire jouer quelques fois les autres. Malheureusement dans un Burkina Faso post-insurrection, on est encore au stade de négociation de quota pour la musique de son pays. C’est une honte nationale !


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