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Affaire Thomas Sankara : « A qui appartiennent les tombes du Conseil de l’Entente ? » s’interroge le Comité International Mémorial Thomas Sankara

27 juin 2017, 12:04, par L’Intègre

Des indices concordants sur l’implication de la France
En 1986, la droite francaise remporte les élections législatives et Chirac devient Premier ministre. Jacques Foccart est également de retour aux affaires avec ses fameux réseaux qui essaiment l’Afrique. Sankara est perçu comme un « phénomène » à surveiller de très près, vu ses influences sur la jeunesse des pays du pré carré et ses soutiens aux mouvements et hommes politiques progressistes du continent et d’ailleurs. Paris ne supporte pas par exemple le soutien du Burkina à la cause des indépendantistes de la Nouvelle Calédonie. La droite française, majoritaire à l’Assemblée nationale, s’agace de « l’outrecuidance » de Sankara. La position du Burkina est un casus belli pour les dirigeants français. Depuis lors, les services secrets français auraient été mis en branle pour s’occuper de Sankara. Des témoignages dans les médias attestent aujourd’hui du rôle joué par les services français. D’abord, dans les médias français. Le 23 février 2002, l’émission de Patrick Pesnot sur France inter, Rendez-vous avec M. X, est consacrée à l’assassinat du président Thomas Sankara. M. X, un ancien des services secrets, déclare : « Il est bien évident que, dès le retour de la droite aux affaires en France, nos meilleurs amis africains se précipitent sur leurs téléphones… pour demander à Jacques Foccart de mettre fin au scandale Sankara… »
Plus loin, le journaliste lui demande : « A votre avis, dès le retour de Foccart, on songe vraiment à se débarrasser de Sankara ? » Réponse du barbouze : « Bien sûr. » Puis à la question : « Les services secrets vont-ils jouer un rôle ? », M. X répond : « Comment pourrait-il en être autrement ? L’Afrique est truffée d’agents, des anciens qui travaillent directement pour des dirigeants africains ou des compagnies. Il y a ceux qui sont en activité et qui veillent à préserver nos intérêts là-bas. » Un autre témoignage vient corroborer celui-ci. En mai 2008, François Hauter, journaliste au Figaro, confie lors d’une conférence publique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse : « J’ai le sentiment qu’on m’a utilisé pour assassiner Thomas Sankara. » Les faits remontent en septembre 1987.
Il a un projet de reportage sur la révolution burkinabè. Informé, Guy Penne, le Monsieur Afrique de Mitterrand, le contacte puis l’introduit auprès de l’Amiral Lacoste. Celui-ci appelle la Direction des renseignements généraux et lui propose de rencontrer le chef des Opérations africaines. Ce dernier remet au journaliste, dans un café, un dossier pour nourrir son article. Le dossier comporte des fiches de renseignements sur de prétendues exactions commises par le pouvoir burkinabè sur des populations civiles : tortures, intimidations et menaces de mort. Le journaliste se rend à Ouagadougou, mais n’arrive pas à vérifier ces informations. Il revoit Guy Penne qui le rassure que c’est crédible. Son article hostile à la révolution et à son chef est publié. Deux semaines après, Sankara est assassiné. Il se rend compte qu’il a été utilisé comme un autre journal, le Matin de Dakar, qui a publié dans la même période, un article faisant état d’exécution d’une dizaine de colonels burkinabè par le CNR. « J’en ai parlé avec Guy Penne…
J’ai eu envie de lui balancer à la figure… », déclare le journaliste français, très déçu. Il a tenu à faire son mea culpa devant ses confrères africains réunis à Dakar en 2008.


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