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Agression de l’artiste Adja Divine : Les explications de la Police nationale

26 mai 2017, 14:31, par Kôrô Yamyélé

- Voici la 2ème lettre du Kôrô Yamyélé à notre cher Président Roch Marc Christian KABORÉ.

- Excellence Monsieur le Président Roch Marc Christian KABORÉ, pardonnez mon impertinence, et acceptez que je vous relance une 2ème fois par les présents mots.

Monsieur le Président, la situation est aujourd’hui alarmante ! Tout est cher et les gens sont sur les nerfs à la moindre peccadille. En témoigne le traitement infligé à la bonne dame Adja DIVINE par une horde de hargneux le 23 mai 2017.

Excellence, le front social est en ébullition et recruter en masse des policiers et amadouer des Koglweogos pour s’en servir éventuellement en se rassurant qu’aucune autre insurrection n’est encore possible, c’est voguer sur du faux. Si c’est le cas, c’est prendre ses rêves pour la réalité ! Ceux qui vous donnent ces idées vous trompent car ces mêmes vont jouer un jour la stratégie de la salamandre avec vous, c’est-à-dire l’automutilation de survie, puisque si ça chauffe, la salamandre abandonne sa queue pour sauver le reste de son corps ! Pour cela, je vous suggère :

1/- Organiser un dialogue politique inclusif sans teinture politique aucune pour amortir toutes les crises et mauvaises humeurs que traverse notre pays. Et il est vrai que nombreux sont ceux qui sont frustrés car ayant très vite déchanté face à de nombreuses promesses de campagne électorale non tenues. Ce dialogue pour moi, doit avoir un retentissement positif sur l’économie de notre pays, au-delà de toute gargarisation sur le PNDES. Il doit concerner et inclure toutes les couches et parties prenantes : Paysans (à tout seigneur, tout honneur), Étudiants (aujourd’hui très frustrés), Fonctionnaires (révoltés contre les fausses promesses), Militaires et Policiers (frustrés par le manque de moyens et les attaques répétitives de terroristes en 2016 et 2017), Politiques, etc. Nous devons tous nous assoir autour d’une table à travers nos représentants pour ensemble trouver les remèdes à nos problèmes. Excellence, un tel dialogue va vous donner à vous-mêmes une bouffée d’oxygène et vous pourrez faire face aux difficultés car vous savez vous-mêmes comment vous avez eu le pouvoir et avec la bénédiction de qui. Par ce dialogue, vous demanderez l’assistance du peuple qui vous soustraira des pressions de vos obligés. Et le Burkina Faso a l’expérience de ce dialogue. Nous avons évalué ici les années de la Révolution pour permettre des perspectives de correction dans le cadre du Front Populaire, et vous étiez partie-prenante.

2/- Excellence, si on part du postulat que ce sont les entreprises qui créent la richesse, alors il faut donner un nouveau dynamisme à l’entreprenariat en réglant très vite la dette intérieure. Il faut être concret à ce niveau. Et vous verrez que tout le monde sera content car l’argent va circuler à nouveau, battant en brèche le raisonnement fallacieux qui veut que l’argent ne circule pas actuellement parce que la corruption n’existe plus. Les auteurs de ces déclarations doivent se rendre à l’évidence que le peuple a mûrit depuis un moment, peut-être qu’eux étaient absents en ce temps !

3/- Mon cher Président, vous demanderez à vos ministres un peu de respect et d’humilité à l’égard du peuple ! Vous leurs direz que les grands slogans et les déclarations tonitruantes cachent des réalités plus tristes vécues par les burkinabè. Si votre régime continue de surfer sur des gigantesques thèmes de communication tel que ‘’Un emploi pour chaque jeune d’ici à 2020’’ ou encore ‘’Nous allons terroriser les terroristes’’ pour être frappé dès lendemain, au lieu de faire face à la réalité et prendre des décisions idoines, il ne faudrait pas que personne de vous les dirigeants ne soyez un jour surpris que notre pays s’embourbe, et ne puisse plus rien payer, même les salaires avec ces grèves intempestives.

4/- Excellence, n’oubliez pas les cas de détournements gargantuesques révélés par la presse (200 millions au SIAO, 600 millions au CSC, 400 millions au ministère des infrastructures, etc.) sans qu’aucune communication sérieuse ne soit faite par votre gouvernement autour de ces cas pour tenir le peuple au courant et lui dire les mesures prises ou envisagées. Excellence, vous êtes semble-t-il banquier ou économiste et de ce fait vous savez mieux que moi Kôrô Yamyélé que les investisseurs ont en sainte horreur un milieu où la mauvaise gouvernance a pignon sur rue et où les services sont constamment en grève et en rupture de travail, et là où la jeunesse est en perpétuelle soulèvement et contestations ?!

5/- Enfin pour vous laisser tranquille maintenant, mon Président, je vais aborder un gros morceau : la question de la justice et des personnes emprisonnées. Il faut avoir le courage de vider tous les anciens dossiers de crimes de sang et de crimes économiques. Et à ce niveau aucun dossier ne doit être entrain de ‘’suivre son cours’’ et tout doit être proprement vidé car avec ce ralentissement voire rétention, on a l’impression que c’est Blaise COMPAORÉ qui dirige ce pays par procuration. Même les nominations, on constate que vous faites comme lui en sortant quelqu’un par la porte de droite pour le faire rentrer peu après par la porte de gauche, tout en lorgnant surtout du côté de vos proches. Ou alors ce sont ceux qui soutiennent l’idée que ce gouvernement n’ose pas tirer au clair ces affaires car les principaux ténors seront éclaboussés, qui ont raison. Si c’est cela, ce pan aussi est négociable avec le peuple, et c’est pourquoi dans mon premier point, je propose de dialoguer avec le peuple et lui demander franchement son assistance et sa protection. S’agissant des personnes en détention, Excellence il faut absolument obtenir la libération de tous les burkinabè détenus soit injustement, soit pour des faits minimes. Même ceux accusés d’avoir fomenté le coup d’État, ils peuvent être libérés provisoirement. Il faut éviter d’humilier les gens et surtout chercher à refroidir les cœurs pour créer de véritables conditions pour la réconciliation entre nous burkinabè.

Excellence, nous vous avons élu, vous et les députés de l’Assemblée Nationale y compris son Président, les élus des Collectivités Territoriales également. Nous vous avons donc confié des missions et par là, nous vous avons fait confiance. Vous aussi avez nommé des gens à des postes, et donc demandez-les de travailler pour avoir des résultats, et nous osons croire que vous ne les avez pas récompensé pour avoir écrit un fragment de votre Programme. Vous avez donc des missions envers nous et vous avez le devoir de nous rendre proprement compte très bientôt et sans nous flatter. Alors vous et vos partisans devez sortir des logiques partisanes pour accepter et valoriser les critiques de l’opposition au lieu de jeter l’anathème sur elle, en la traitant de tous les qualificatifs, en la diabolisant et en montant contre elle des désœuvrés et des opportunistes de tout acabit pour la ternir et la nuire. Il faut grandir et éviter les pratiques du CDP d’hier avec lequel la plupart d’entre vous ont participé d’ailleurs. Il faut arrêter la gouvernance haineuse et la dérobade si on ne veut pas courir le risque qu’un coup de force ne vienne remettre en cause tous les acquits déjà engrangés.

L’opposition quant à elle, doit être une opposition responsable et non un conglomérat d’opportunistes aux ambitions personnelles dont les membres migrent de partis en partis tels des oiseaux granivores affamés qui volent par nuées à tire-d’aile dans un autre champ dès que le mil devient rare dans le précédent. Elle doit être un regroupement idéologique, une force de critiques sans dénigrements, mais surtout une force de propositions pour redonner de l’espoir aux burkinabè. Mais je vous le dis tout net, à vous opposants comme majorité avec son Excellence Monsieur le Président en tête, on ne vit pas que d’espoir tous les jours et tout le temps. Les nombreux parieurs savent de quoi je parle car nombreux sont ceux d’entre eux qui, à force de jouer et donc d’avoir de l’espoir, finissent par tomber dans la pauvreté jusqu’à manquer le grain.

Excellence, ressaisissez-vous et redressez la barre pendant qu’il vous reste encore 3 ans de pouvoir. Sinon à ce rythme, je crains que votre régime ne nous conduise lui aussi droit dans le mur (comme quelqu’un l’avait dit à un de ses pairs), avec des conséquences incalculables pour les générations à venir auxquelles vous devez penser.

Excellence, bonne journée et bon week-end.

Par Kôrô Yamyélé


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