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Statisticiens et démographes du Burkina : Le syndicat menace d’aller en sit-in

20 mai 2017, 02:16, par OUEDRAOGO Soumaïla

Je constate que certaines personnes tentent encore de marquer leur opposition à l’ouverture d’un cycle A en complément au cycle B de la division statistique ouvert depuis 2004 à l’ENAREF. Comme premier motif avancé pour s’opposer à l’idée de l’ouverture d’un cycle A en Statistique ici à l’ENAREF, ils avancent qu’un tel cycle ne serait point de qualité sans le label du CAPESA. Ainsi, pour cette catégorie de personnes, l’université de Ouagadougou et tout autre université de la sous-région ainsi que les nombreux enseignants qui s’y trouvent seraient tous incompétents pour assurer une formation de qualité en statistique. Etrange raisonnement ! Juste rappeler que les seules ingénieurs statisticiens à une époque lointaine étaient tous formé dans les écoles d’ingénierie en statistique en France comme bien d’autres corps de métiers d’ailleurs. Puis, avec le besoin croissant, il y a eu nécessité d’ouvrir des cycles localement en Afrique. Et pour se faire, ils se sont appuyés sur des écoles Nationales déjà existantes comme celle d’Abidjan, celle de Dakar (préalablement au Rwanda). Les mêmes raisons qui ont nécessité la délocalisation de la formation de la France en Afrique appellent à l’ouverture des mêmes formations au niveaux pays. Et il existe bel et bien des écoles nationales à même de porter de telles formations. Et les compétences ne manquent pas non plus, sinon ce serait une insulte au corps enseignant de nos universités, même s’il faille faire intervenir quelques missionnaires comme cela se fait aussi dans les écoles d’ingénierie et dans toutes les écoles. Même en France où le CAPESA siège, la quasi-totalité des universités publiques offre des formations en statistique (niveau master et ingénierie) sans que cela n’émeuve les écoles d’ingénierie et le CAPESA. D’où vient alors ce complexe à vouloir faire de la formation en statistique en Afrique le monopole des seules écoles d’Abidjan, Dakar et Yaoundé. Pour la seconde catégorie d’opposants, il existe déjà un concours professionnel, et donc nul besoin d’ouvrir un cycle A. A les lire, on pourrait bien se demander s’ils savent ce qu’on appelle un concours professionnel, et les dispositions de la jadis loi 013 et maintenant 081 qui régissent ce type de concours au niveau de la fonction publique. On peut toujours y revenir, mais je suis sûre que ce ne sera pas la peine parce que les raisons de ces opposants sont ailleurs. En tout cas, elles ne sont ni dans l’incapacité de l’expertise nationale à assurer une formation de cycle A en statistique, encore moins dans l’existence prétendue déjà d’un concours professionnel pour les cadres moyens de la statistique. Plus que jamais, l’Administration publique a besoin de renforcer ses effectifs en cadres supérieurs en statistique surtout au niveau sectoriel avec l’érection récente des DEP en DGESS avec en leur sein des directions techniques des statistiques sectorielles, l’adoption du budget programme comme approche de gestion qui appelle à un meilleur suivi et une gestion axée sur les résultats. De plus, l’ouverture de ce cycle ne serait que le rétablissement du droit à la promotion d’une catégorie de fonctionnaire longtemps condamnée à demeurer des cadres moyens pour la quasi-totalité d’entre eux durant toutes leurs carrières. Sortons de ces mesquineries et grandissons ! Je m’arrête là en espérant avoir aider à rafraichir la mémoire de ceux qui semblent en perdre, mais aussi éclairer davantage la lanterne de ceux qui voudraient mieux comprendre le problème.

Ps : juste rappeler que je suis aussi cadre moyen (Adjoint technique de la statistique), mais titulaire d’un master en sciences de la population à l’Institut supérieur des sciences de la population, et d’un master en modélisation statistique et sciences sociales à Aix-Marseille Université en France, actuellement admis à l’école doctorale européenne en démographie.


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