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Journée nationale du Paysan : Bilan « satisfaisant » des recommandations de la JNP 2016

13 mai 2017, 14:22, par Hassan

La création de la Banque Agricole bien que réclamée par les organisateurs de producteurs depuis plusieurs JNP , n’est pas forcément le remède pour régler la question du financement du secteur rural ( agro sylvo pastoral et halieutique). Pire, alors que l’initiative de création de cette banque est en cours, on annonce la création d’un autre mécanisme financier, le Fonds de Développement de l’Agriculture aux côtés d’un Fonds de Développement de l’Elevage qui ne parvient toujours pas à obtenir son efficacité opérationnelle. Il est à noter qu’il existe plusieurs autres fonds disséminés dans les autres ministères dont celui de l’environnement. Y’a til véritablement une vision en matière de financement du secteur rural dans notre pays ? Visiblement non puisque tous ces mécanismes sont sources d’incoordination, imaginés de façon cloisonnée et non holistique, ne bâtissent pas sur les enseignements tirés des mécanismes similaires, et n’examinent pas leur réel avantage comparatif si ils étaient créés.

Le problème des producteurs tel que posé aux JNP successives se devrait d’être interprété comme un plaidoyer pour un meilleur accès à des services financiers adaptés à leur besoin. Par exemple les crédits offerts par les Banques commerciales et Etablissements de microfinance sont surtout des crédits à court terme non adaptés pour l’investissement agricole. Par exemple, un producteur ne saurait payer des équipements agricoles, les rentabiliser en en une campagne agricole, et se mettre à rembourser au bout de 6 ou 12 mois ledit crédit. Il a besoin pour ce faire de crédit à moyen termes. La solution serait par exemple d’imaginer le développement de produits à moyen termes pour financer l’agriculture.

Objectivement non puisque le problème peut être mieux adressé sans créer une mastodonte de banque dont les couts opérationnels seront insoutenables et qui se reflèteront sur les taux de sorties des crédits octroyés, car une banque se doit d’assurer sa rentabilité. Aussi, on laisse croire aux producteurs que les financements accordés par cette banque seront à taux bonifiés, alors qu’on sait que les institutions financières qui vont participer au capital ont des politiques qui interdisent ces pratiques qui induisent de la distorsion au marché. C’est en effet le marché qui doit réguler les taux, et le rôle de l’état est d’améliorer l’environnement des affaires, assurer la saine concurrence pour favoriser la baisse des taux. Par ailleurs, cette banque quel que soit la bonne volonté de ses promoteurs, ne s’aurait avoir un meilleur avantage comparatif en terme de maillage du territoire, en terme de proximité avec la cible rurale. Il existe des institutions financière privées qui ont déjà cette occupation de l’espace aux niveaux les plus déconcentrés, et aussi une certaine expérience avec la clientèle ciblée. En lieu et place d’une Banque qui risque d’être un éléphant blanc, il aurait fallu simplement un Partenariat Public Privé avec les dites institutions financières, notamment les microfinances et banques commerciales déconcentrées, pour renforcer leur capacités, et leur permettre de développer des produits financiers spécifiques adaptés aux besoins des producteurs.

Un Fonds Unique de Développement du Secteur Rural aurait pu être envisagé en lieu et place. Pour une meilleure efficacité et efficience, il fédèrerait tous les fonds disséminés dans les différents ministères sans véritables vision, disposerait d’un guichet de refinancement qui mettrait en cas de besoin une ligne de crédit à la disposition de ses partenaires (microfinances et banques) destinés au financement de plan d’affaires agricoles, renforcerait les capacités de ces derniers à développer des produits financiers innovant pour le secteur rural, améliorerait l’environnement des affaires, et finalement renforcerait l’accès des entrepreneurs agro sylvo pastoral et halieutiques aux services financiers. En somme il s’agit d’aider le secteur privé à relever son portefeuille agricole, à relever la part du secteur rural dans son bilan, en faisant ce qu’il sait très bien faire, plutôt que de promouvoir un interventionnisme de l’état qui ne sera pas durable.


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