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Journée de la Femme : « Une fête des profanes » selon des Bobolais

8 mars 2017, 21:09, par Cheikh

En tant que symbole fort dans la lutte des femmes pour acquérir plus de droits, au lieu d’en saisir l’occasion d’une meilleure exploitation, on peut dire qu’ici la compréhension de cette journée a été plutôt déviée dans son interprétation. En effet, dès l’approche du 08 mars, l’autre moitié du ciel devrait plutôt multiplier les ateliers et les conférences, pour permettre aux femmes de diagnostiquer leur situation, s’accorder entre elles sur leurs acquis, faire le bilan des revendications restées en suspens, puis aller ensemble les exposer aux autorités, par le biais de leurs représentantes. Car il s’agit bien ici de droits collectifs qu’il faut réclamer aux gouvernants. Mais contrairement à cela, elles ont laissé le pilotage de ces actions leur échapper, si bien que ce sont les autorités elles-mêmes, qui s’en sont accaparées, en s’arrogeant à tort bien sûr, le droit de parler à leur nom. Du coup, déroutées et déphasées, elles ont fini par attribuer à ce combat si noble pour elles, une connotation ludique et individuelle.
Ludique, parce que l’aspect réjouissance a pris le pas sur tout le reste.
Individuelle, pour la bonne raison que chaque femme s’imagine, que c’est sur son pauvre mari, qu’il faut s’acharner à réclamer plus que d’habitude, voire de nature.
En l’occurrence, c’est en l’accompagnant au marché, en l’aidant à cuisiner ou en lui offrant plus de cadeaux, que ce dernier est censé lui accorder plus d’attention et de droits. Alors quelle mascarade ce jour-là, et quel enfer pour ces hommes qui, pour être à tout prix à la hauteur, se plient volontiers à tous les caprices de leurs partenaires !
Et le lendemain, tout est subitement oublié, car on reprend son quotidien comme si de rien n’était, jusqu’à l’année prochaine encore.
Pendant ce temps, en matière de droits collectifs des femmes, rien n’a bougé sur les lignes. C’est à dire qu’on se contente toujours de la même chose, pour rebeloter à chaque fois. Certains l’ont d’ailleurs déjà si bien souligné ailleurs et à cette même tribune. Autrement dit, tant que les femmes ne prendront pas conscience, de la nécessité de changer de méthodes, ce sont elles qui en la matière resteront éternellement les grandes perdantes.


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