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« Certains des excès de la lutte syndicale, quoique positive, peuvent hypothéquer les chances de développement de notre pays », dixit Paul Kaba Thiéba

27 février 2017, 09:37, par Le bon

Le Burkina Faso vient de loin, après toutes les frayeurs que nous avons eues suite aux événements de 2014.
Après l’insurrection dont la réussite incombe à tout le peuple, dont les syndicats qui ont apporté une part importante à la lutte, l’espoir était que, mus par un élan patriotique, tous les burkinabé de toutes les couches se mobilisent pour remettre le pays sur les rails. L’espoir était que, "le plus jamais ne sera plus comme avant" se traduise par la mobilisation de tous au travail et l’abandon des pratiques de corruption, de laxisme, d’affairisme et de népotisme qui ont caractérisé les burkinabé ces derniers temps. Mais à peine, le nouveau gouvernement, issu d’élections transparentes, a-t-il été mis en place que la grogne sociale a commencé. Cette grogne sociale n’est pas venue du secteur privé, notamment des industriel, et l’informel ni du bas peuple comme on l’attendait, car c’est eux qui ont payé le plus lourd tribu de cette lutte au plan économique cela s’entend, mais des fonctionnaires du public.
Alors qu’on se serrait attendu que les syndicats observent une trêve sociale pour permettre au gouvernement de relancer l’économie, de refaire la santé financière du pays, on assiste tout azimut à des débrayages, qui plus, sont sou-tendus par des luttes internes autour d’avantages et non de fondamentaux en lien avec les conditions de travail et les salaires. Le gouvernement a beau expliquer aux syndicats qui sont des intellectuels et qui connaissent aussi bien la situation que le gouvernement, l’état du pays, comme des enfants pourris, ils s’installent davantage dans des comportements totalement irresponsables.
Si 40% du budget actuel est consacré aux salaires des fonctionnaires qui sont moins de 5% de la population du Burkina Faso, il ne reste que 60% d’où il faut soustraire le fonctionnement de tous les services, et ce fonctionnement absorbe également au moins 40%. Que reste-t-il ? Seulement 20% environ pour investir sur la santé, l’éducation, l’eau potable, les routes, l’agriculture, l’élevage et j’en passe.
Les mêmes fonctionnaires se plaignent du coût de la vie. Bien ! eux au moins ont un salaire qui est régulièrement et totalement payé chaque fin de mois. Et les 17 autres millions qui n’ont pas de salaire comme eux, qui sont confrontés aux même réalités et à qui, ne sont consacrés que 20% du budget ? Que deviennent-ils ? Sont-ils le dindon de la farce ? Ne font-ils pas partie du peuple burkinabé ?
Les syndicats doivent faire attention à ce que leurs revendications intempestives et irresponsables qui paralysent les affaires et la vie publique ne finissent par exaspérer le peuple et à déligitimer leur lutte. L’opinion favorable dont ils bénéficient de la part du peuple pourrait s’éroder progressivement, et le capital de sympathie pourrait progressivement se muer en colère contre eux. Nous sommes nés et avons trouvé nos parents fonctionnaires, qui ont travaillé même quand des salaires étaient en retard. Nous avons vécus pendant des décennies dans un Etat où les syndicats se sont battus, mais nous n’avons jamais vu une telle manifestation d’irrespect de l’autorité, d’irresponsabilité et de mépris de l’intérêt de la nation. Si on compare nos salaires aux autres pays, on n’est pas les derniers de la sous-région avec l’économie que nous avons, et en dépit de tout, nous ne connaissons pas de ruptures de paiement de salaire. Au Burkina, on peut tout arrêter pour payer des salaires. Même le fonctionnement des hôpitaux ! Ah ba ! c’est quoi même ?
Lorsqu’on écoute certaines revendications et l’attitude "jusqu’auboutiste" de certains responsables dont les revendications en plus sont le moins essentiel, on se demande s’il y a encore dans ce pays un patriote : Tout le peuple peut mourir ; les projets de réalisations des infrastructures routières, des barrages, reportés ; nos enfants éduqués sous les paillotes ; la gratuité des soins pourrait échouer. On s’en fout, pourvu qu’on nous paie des fonds communs, des statuts particuliers, des indemnités de si et de ça. Mais merde à la fin ! Merde !
Et nous, qui n’émargeons pas là-bas à la fonction publique, qui payons l’impôt, qui produisons pour vous faire payer, et qui sommes soumis à la même vie chère que vous ? Nous ! Mba Pousga ? a Salf-moui ? a mariam tegu-deguè ? a Hanmid Lagos ? Yam yelamé ti tond kien yè ??
Arrêtez ça ! Arrêter ça ! on va tous se mettre au travail, faire des richesses et partager les fruits.
Si maintenant après, nos gouvernants roulent carrosse, ils nous auront en face d’eux.
En attendant, chers syndicats, on ne vous négocie plus. Frriiiirrrrr ! La récréation est terminée, comme l’avait dit Mba Micèlé. Au travail.
Mr Le premier Ministre, il ne faut même plus tergiverser, à la moindre incartade, mis à plat de tous les salaires de la fonction publique et on réajuste tout le monde. Le peuple commence à comprendre et suit de près cette situation. Ya n Ya Boin !


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