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Ping-pong entre le pouvoir et l’opposition : Croc-en-jamberies et déraison politiques

22 février 2017, 18:38, par Dagaaty

Je salut votre contribution au débat politique. Je partage cependant seulement la dernière partie traitant du rappel historique et bien sûr, votre appel à la conscience.

"Dans une logique de « tout est permis en politique », les politiciens du Burkina Faso se rivalisent âprement de subterfuges pour se disqualifier en terme de légitimité et de légalité dans la conduite de l’Etat. Ce qui est à l’origine d’un malaise sociopolitique qui rabaisse le débat démocratique, en même temps qu’il a un effet domino sur l’économie et le développement social des Burkinabé. Comme des usurpateurs authentiques, politiciens du pouvoir et de l’opposition semblent ne pas avoir dans leurs têtes les vraies préoccupations de ceux au nom desquelles ils mènent leur activisme politique". Soutenez-vous.

Ici, je suis profondément en désaccord avec le fond même de votre idée principale qui voudrait que notre démocratie se conjugue en une chanson idyllique, de fin de banquet, ou de chorale d’église ou encore d’une Fatiya à la mosquée. Vous déraper dangereusement avec la compréhension de la démocratie notamment du rôle entre le pouvoir et l’opposition.

Aussi, convient-il de rappeler que le débat entre l’opposition doit autant avoir lieu toujours et en tout lieu dans la république, en dehors des cas de drames, de crise ou péril majeur mettant en cause l’existence nationale.

Sur le fond, vous avez une vision minimaliste de la démocratie et du jeux démocratique. L’opposition et le parti au pouvoir sont dans leurs rôles en ce moment. L’opposition critique et le pouvoir dirige en en tenant compte ou en inventant par lui-même son fil à couper le beurre. Je pense que c’est parfaitement ce qui se passe actuellement. S’il vous plait, ne négrifiez pas la démocratie

Après une année de gouvernance du MPP, l’opposition estime que c’est une année de perdue pour les burkinabé. Elle argumente par des analyses ponctuées d’exemples. Bel exercice intellectuel. Les points évoqués sont cruciaux pour notre société, notre peuple. Je ne vois pas en quoi cela concerne autre chose que l’intérêt national. Il s’agit bel et bien de celui des burkinabé et non de Cambodgiens

Elle n’est pas là pour faire l’apologie du pouvoir. Ca n’a jamais été dans une démocratie le rôle de l’opposition. Son rôle c’est la critique. Une critique bien argumentée, bien fondée sur des preuves solides. A partir de celle-ci le pouvoir peut réajuster sa direction des choses.

Après le mémorandum de l’opposition, le pouvoir à donné une réplique cinglante, voire violente en se disant qu’il n’a aucune leçon à recevoir de pseudo-opposants qualifiés de tous les noms d’oiseaux.

L’essentiel pour les intellectuels de ce pays c’est de discuter de la pertinence des arguments de chaque camp. Là où le débat fermente, c’est là ou commence la démocratie. Pourvu que ce soit un débat civilisé et que les sujets aient de la pertinence et de la hauteur.

Les problèmes de notre temps, ce n’est pas à l’opposition de les résoudre. Mais à ceux à qui nous avons confié notre destin depuis 2015 pour 5 ans. L’opposition qui cherche le pouvoir est là pour montrer que si c’était elle, elle n’allait pas faire comme ça. Donc prochainement, donnez moi le pouvoir, se dit-elle. Ce n’est que ça. Les débats qui nous concernent aujourd’hui ce ni plus de nourriture ou une solution miraculeuse contre le terrorisme. Mais plutôt :

Le Burkina Faso se porte-t-il bien après l’insurrection ? (cohésion nationale) Le pouvoir pose-t-il les actes à même de résoudre les problèmes des burkinabé ? (compétence du pouvoir) Le pays est-il convenablement gouverné ? (leadership) La corruption, le népotisme, la politisation de l’Administration , l’affairisme, la justice, le terrorisme sont-ils des sujets dont les traitements actuels sont acceptables sans reproches ? Voici les questions en débats entre l’opposition et le pouvoir. Elles ne sont pas sans intérêt national.

Nous ne sommes pas sous un Gouvernement d’Union Nationale et même là, le débat contradictoire républicain policé doit être de mise. Nous ne devons pas nous contenter au jour le jour de débats alimentaires mais plutôt de débats existentiels. Après les critiques de l’opposition, on a constaté la survenue du remaniement à travers lequel le Président a tenu compte de certaines critiques.Ainsi va la démocratie.


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