Accueil > ... > Forum 1054712

Le faso dan fani comme pagne du 08 Mars : Une vision juste prise au piège des intérêts individualistes…

8 février 2017, 04:11, par Marie

Oh my my my !!!
On comprendrait votre emotion patriotique, cependant force est de relever qu’aucune emotion fut-elle hautement patriotique ne nourrit son homme. Il faut vraiment que l’Afrique, le Faso singulierement, avance. Or avec des vues comme les votres, si etroites, nous ne sommes pas sortis de l’orniere.
Apercu d’histoire : si les personnes qui ont invente le fromage, la bierre, le biscuit, le soda, les pattes, le vin, le velo, l’automobile, les medicaments et j’en oublie, s’etaient contentees de les produire artisanalement en quantites limitees, dans leurs caves, leur cuisine, leur arriere-cour pour preserver une "certaine fierte nationale et entretenir une fibre patriotique, ou en serions-nous ?

Question : pensez-vous que les tisserands du Faso avec leurs petites mains pourront satisfaire toute la demande nationale ?
Ne pensez-vous pas que le Faso devrait pouvoir exporter son Faso Danfani ?
Plutot que d’appeler le gouvernement a reguler le secteur, ne ferait-il pas plutot mieux d’en vulgariser la production qui apporterait bien davantage a l’economie nationale ? Combien d’employes s’il existait une usine de Faso Danfani ? Combien de familles en vivraient ? Pensez-vous que Levi-Strauss qui a invente le Blue Jean s’il avait eu une vue aussi etroite vous en porteriez un aujourd’hui ? Savez-vous la part du blue jean dans l’economie mondiale depuis son invention ? En trillions de dollars. Meme dans les petits yards de tous les replis du Faso, des commercants vivent du Blue Jean.

La production industrielle du Faso Danfani signerait-elle pas la fin des petits artisans ? Eh bien non. Absolument non. Bien au contraire. Prenez par exemple le vin : il y a la piquette, le vin bon marche, et il y a le grand cru appellation d’origine controlee. Le prix sur l’etiquette n’est pas le meme. Prenez par exemple une paire de chaussures : entre une Weston fabriquee a l’usine et une Weston faite main par les vieilles maisons anglaises specialisees depuis plusieurs siecles, ce n’est pas le meme prix. Sur le meme modele il n’y a pas de mal a produire des faso danfani a l’usine pendant que les artisans continuent a en tisser. Celui qui voudra un Faso Danfani original saura ou le trouver et devra accepter d’y mettre le prix. Dans cette civilisation hautement industrialisee, tout ce qui est fait main a valeur de premium. Et bien sur le Faso Danfani de la tisserande coutera plus cher. Tout le monde y gagne : le tisserand et sa famille, l’usine et ses employes, l’Etat et ses caisses, le commercant de gros et de detail, le consommateur qui ne peut s’offrir qu’un faso danfani bon marche et l’autre qui a les moyens de s’offrir l’original. Tout le monde est content, Ultimement. Avancons vers l’avenir. Soyons des visionnaires avec des reves oses. La tradition est bien, la culture fondamentale. Mais l’une ou l’autre pour etre viables et resplendir doivent integrer les donnees du temps et ses evolutions, au risque de devenir obsoletes et de devenir des boulets.
Si nous n’implantons pas une usine de Faso Danfani, ce sont les chinois qui le feront et chez eux. Ils reviendront les vendre au Burkinabe dans nos yards et nos boutiques, comme ils vendent aujourd’hui aux Ivoiriens l’atieke industriel.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés