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Valère D. Somé : « J’avais déjà dit que l’insurrection populaire a été une révolution manquée »

11 novembre 2016, 16:27, par monsole

M. some est un intellectuel et comme la plupart d’entre eux, il a préféré son laboratoire ou son studio. Au premier aléas, il s’est enfermé dans son laboratoire. Le seul que j’aie connu et qui se soit battu pour son idéal, c’était feu Joseph Ki-Zerbo. Mais il n’a jamais été compris. J’exclus Thomas Sankara, parce lui, il était militaire, formé dans l’art de la guerre. Il a compté sur une masse, qui n’avait malheureusement pas le même esprit que lui.
Si notre révolution d’octobre 2014 a échoué, c’est la faute à tout le monde et d’abord à nos hommes dits pétris de connaissance, de sagesse ; ils ont préféré regarder les choses se mener par des jeunes impétueux mais dépourvus de stratégie au lieu d’apporter leurs franches contributions, surtout quand la communauté internationale a brandi comme un épouvantail, sa menace de sanctions. Déjà, avant cette menace de la communauté internationale, les choses étaient déjà gâtées dès lors que les politiciens n’ont pas su prendre leurs responsabilités quand le peuple a posé comme condition sine quoi non le départ de Blaise Compaoré du pouvoir. L’aveugle n’a pas tiré leçon de sa première blessure ; peut-être qu’il n’a pas eu trop mal la première fois où ses testicules ont été piétinés !
Enfin ! Tout cela c’est du passé. Il y a trop de fractures sociales qu’il faut ressouder. Pensons plutôt à cela. Il y a bien de sociétés qui ne sont pas passés par la révolution à laquelle pensent beaucoup d’entre nous, et ces peuples ne vivent pas moins bien, au contraire. Il convient d’éviter que cette idée de révolution, comme certains le pensent devienne une obsession pour nous. Le Burkina pourrait bien opter pour une voie propre à lui, non ? A mon avis, si une révolution doit se réaliser, elle se ferait d’abord dans nos consciences, individuelles et collectives : qui sommes-nous ? Quelles sont nos faiblesses ? Comment y remédier ? Quelles sont nos forces ? En sommes-nous conscient ? Comment pourrions-nous alors exploiter ces forces s’il y en a ? Quelle place occupons-nous dans le concert des nations ? Comment pouvons-nous, avec nos valeurs et nos forces intrinsèques, sans mettre de côté les valeurs universelles, sans en vouloir aux autres à priori, faire évoluer positivement notre position actuelle, en nous inspirant au besoin de l’expérience des autres sans oublier nos spécificités ? Voilà autant de questions auxquelles nos intellectuels devraient apporter des réponses idoines afin que nous sachions réellement qui nous sommes, ce après quoi nous devrions courir pour un avenir meilleur, solutions que nous devrions porter à nos enfants à travers leur éducation.
Oeuvrons pour les générations futures. Elles nous serons reconnaissantes. Sinon, aujourd’hui, tout le monde parle de changement, alors que personne n’est prête, par conservatisme, attentisme, par peur de l’inconnu, ou par intérêt égoïste, à faire le premier pas.


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