Accueil > ... > Forum 994668

Promotion de l’inclusion et équité en genre au Burkina Faso : Quelle contribution des leaders religieux et des coutumiers ?

11 novembre 2016, 01:58, par Mechtilde Guirma

J’espère pour ma part et pour ma foi en mon Église (catholique), que le concept genre quittera enfin les chemins battus du féminisme, et se penchera plutôt, sur le rôle de la femme dans les trois dimensions humaines que sont le social, l’économique et le politique. Je n’entends pas donner ici un cours sur la question. Cependant il sera bon que nous la saisissons à partir de nos sources traditionnelles à savoir : Pagh la roogho.
Là ou le bât blesse, c’est la définition même du mot « roogho » qui a permis à l’école féministe occidentale de jeter nos cultures africaines aux orties et de vouer nos traditions, nos us et coutumes aux gémonies de la mondialisation.

Paghla roogho en moré, c’est la « Femme au foyer ». Si nous refoulons par orgueil cette définition, nous balayons tout de notre essence culturelle, et la place vide sera comblée par d’autres valeurs dont les nôtres feront les frais.

En effet, dans la culture moagha, Paghla roogho définit le rôle incontournable, principal et imminent, de la femme dans les trois dimensions ci-dessus citées et selon les classifications suivantes (j’avoue que c’est selon mon entendement à moi et n’engage que moi) :

Un rôle incontournable parce que immédiat dans la société :

Paghla roogho. Ce qui veut dire que sans roogho (statut matrimonial) pas de femme ! L’homme est livré à lui et sans famille.

Un rôle Principal dans le système économique :

Paghla roogho avec ce statut matrimonial, une cellule familiale se construit et des structures, des embranchements patiemment, grâce à elle s’établissent. Elle aurait contribué ainsi à la construction de la maison familiale, véritable creuset de la solidarité grâce à son sens religieux du culte des ancêtres. Soit dit en passant, que le rôle social décrit plus haut devient également sacré. Cela se ressent dans les noms donnés aux enfants, dans les relations sociales et familiales et les salutations qui ne manquent pas d’emprunter, à tout bout de champ, le nom de Dieu. Nous avons là le :

Bayiir-Roogho avec une connotation généalogique ou peuple.

Enfin imminent dans le système politique.

La définition du roogho dans les deux dimensions, nous amène aux sources même de notre culture, avec le tout premier ancêtre qui réunit sous son nom et sa référence, tous les membres devenu maintenant Peuple donc UN en lui. Un peuple qui se réclamerait de la toute première case dont le récit généalogique commence par le nom de l’épouse de cet ancêtre. Et vice versa, un peuple qui se réfère toujours à ses ancêtres en commençant par le tout premier, dans ses activités tant sociales qu’économique et politique et les invoque pour les remercier et les louer (social), pour obtenir des faveurs (dans l’action économique) ou pour leur demander l’inspiration et la sagesse de l’action politique. Tout cela en fonction de la case des ancêtres :

Kiimroogho avec une connotation de la loi fondamentale ou de façon moderne la Constitution qui régit une Nation, un État ou un Peuple. C’est dans cet ensemble que la femme a son rôle.

Voilà en gros, pour moi, le concept de femme (genre fémin) et non « Genre » ou « Gender » avec la confusion que nous connaissons aujourd’hui et qui déboussole notre jeunesse. À l’heure actuelle les sociétés occidentales ne savent plus à quel Saint, pardon, à quel « genre » se définir avec le phénomène LGBT.

Si l’Église catholique partait de ces concepts de femme dans nos sociétés africaines, elle comprendrait également son rôle éminent et imminent dans notre système démocratique pour l’action sociale qui est l’unité et la cohésion sociales dans le dialogue tant culturel que religieux, pour l’action économique qui est la justice et le bien-être de tous les hommes et pour l’action politique qui est la transparence, la stabilité et la paix. Et pour cause ? Parce que l’Église est l’Épouse du Christ, elle est Peuple de Dieu et Corps du Christ Ancêtre. Et que devient alors la cellule familiale pour elle ?

Depuis Vatican II l’importance de la famille et le rôle de l’Église dans la famille humaine ont été bien consignés dans les Constitutions Dogmatique et Pastorale (Lumen Gentium et Gaudium Et Spes). Les différents synodes (Ecclesia in Africa, Africae Munus et sûrement le dernier synode sur la famille) ont défini la famille comme Église domestique, où la femme tient le rôle pivot d’éducatrice. Ce serait mal comprendre l’Église que d’interpréter de façon réductrice ce concept et le reléguer au simple rôle social. Et même avec cela, le concept de « Femme éducatrice » qui est spécifiquement social s’interprète également dans les domaines de l’économique et du politique. En effet la famille n’est-elle pas l’esquisse de la société avec toutes les implications socio-économiques et politiques ? Cellule, n’esquisse-t-elle pas un État, une Nation, un Peuple ?

Mais ce qui est à ne pas oublier, c’est que « Église Peuple de Dieu » s’entend tout aussi bien les laïcs que les vies consacrées, Hommes et femmes tous confondus. Ensuite que la femme, qui qu’elle soit ne saurait saisir son vrai rôle dans la Nation ni les enjeux de sa participation à la vie politique du pays qu’en référence à l’Église ou à travers l’Église et en dialogue avec les autres religions et les coutumiers.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés