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CAMEG : L’UPC invite le président du Faso à faire respecter une décision de justice

6 septembre 2016, 03:54, par Sidpawalemdé Sebgo

Je dois faire mon mea culpa. J’ai contredit sur ce forum la théorie selon laquelle le ministre serait "en mission" d’où son entêtement et le silence de sa hiérarchie que plusieurs internautes défendaient.
Je me dois de constater que de deux choses l’une : Soit il est effectivement en mission commandée, soit il s’est lancé seul dans l’aventure mais bénéficie après coup de soutiens haut placés et expérimentés. J’en veux pour preuve la campagne de communication orchestrée pour le défendre dans la presse et les réseaux sociaux, qui est digne des meilleurs experts en propagande, désinformation, bref, en "communication politique".
Cette campagne semble connaitre un certain succès, malgré qu’elle s’appuie essentiellement sur du faux. Comme de nombreux internautes s’appuient sur ces contrevérités pour intervenir de bonne foi, il peut être utile d’en faire l’inventaire. Les arguments principaux, jetés en nombre et à répétition dans le public jusqu’à avoir un vernis de vérité sont :

1°) Le ministre a le droit de prendre des décisions concernant la direction de la CAMEG, au nom de l’autorité de l’état et de l’acte de gouvernement. Entièrement faux car contraire aux textes de la CAMEG. Cela reviendrait à dire que l’état "souverain", par le ministre du MATDS, pourrait désigner d’autorité le président de l’UPC par exemple !

2°) La décision du tribunal administratif n’est pas contraignante pour l’état. Tout à fait faux. en attendant le résultat de l’appel devant le conseil d’état, la décision doit être respectée.

3°) Le DG aurait corrompu tout le conseil d’administration, y compris les représentants des partenaires internationaux et aurait détourné de l’argent et des médicaments. Sans blague ? Il serait donc plus riche que des fonctionnaires internationaux. Et il serait toujours en liberté alors que le ministre veux sa tête et aurait un tel argument de malversations ???

4°) Le DG ne serait pas compétent et/ou n’aurait pas le profil. Pourtant, la CAMEG a eu ses meilleurs résultats depuis longtemps sous sa direction, et ce DG a eu l’unanimité des voix des partenaires, d’ordinaire assez exigeants. Rappelons par ailleurs que tous les pharmaciens ont une formation de gestionnaire car étant appelés à diriger éventuellement une pharmacie, un laboratoire ou une centrale d’achat !.

5°) Les textes de la CAMEG ne seraient pas adaptés. Pourtant, ces textes sont issus de plusieurs années d’expérimentation, d’un audit et d’échanges avec toutes les parties. Mieux, ces textes ont permis d’avoir les résultats actuels et sont imités par plusieurs pays voisins. La relecture prévue depuis 2015 maintient d’ailleurs ce statut.

6°) La durée du mandat des administrateurs et celui du DG (3 ans) ne seraient pas "normaux" et viendraient de faux en écriture orchestrés par des fonctionnaires véreux. Pourtant, les précédents administrateurs ont témoigné que ce serait le troisième conseil d’administration a faire trois ans après le changement des textes, et on sait que des DG ont eu 5 ans de contrat, 3 ans étant le minimum. Mieux, les partenaires internationaux, présents au conseil, n’auraient jamais entériné une telle manœuvre. Enfin, on ne comprend pas dans ce cas pourquoi une plainte contre X pour faux en écriture n’est pas encore déposée depuis Mai si c’est le cas ?

7°) Dans une association, c’est toujours l’assemblée générale qui est l’organe de décision et non le conseil d’administration. Faux, car ce sont les textes fondateurs qui décident. Selon les cas, l’organe qui prend les décisions exécutives peut être le conseil d’administration ou de surveillance, le collège des fondateurs, le secrétariat exécutif, le bureau, le congrès, etc...

8°) Le fait pour le tribunal administratif de dire que le PCA doit finir son mandat de 3 ans n’empêche pas de nommer d’autres administrateurs et un autre PCA. Faux car les textes de la CAMEG disent que le CA est composé de 12 membres dont 4 représentant l’état. Actuellement, il y aurait donc 16 membres dont 8 représentant l’état ! De plus, le PCA est élu par ses pairs, alors qu’on ne sait pas qui a élu le PCA "nommé" par le ministre.

9°) Le conflit viendrait du fait que le DG "s’accroche" à son poste alors que l’heure est à l’alternance. Faux, car il ne défend que ses intérêts. Les dirigeants légaux de la CAMEG ne peuvent pas embaucher quelqu’un pour trois ans, et quelqu’un qui n’en a pas l’autorité vient le transformer en "intérim" de trois mois ! N’oublions pas par ailleurs qu’il était employé de la CAMEG avec un contrat à durée indéterminée (donc jusqu’à la retraite) et que dans cette histoire le ministre veut le mettre au chômage après six mois d’intérim, un an de contrat et 3 autres mois d’intérim. C’est d’ailleurs contraire au code du travail. Pourquoi devrait-il l’accepter ?

10°) L’existence d’un nouveau récépissé donne droit au nouveau CA qui l’a obtenu. Faux, car la délivrance d’un récépissé doit respecter des normes et celui-ci ne l’a pas fait. Il aurait fallu demander un renouvellement du récépissé existant, et il y a des règles pour cela, comme la convocation régulière et la tenue de l’assemblée, la signature de plusieurs membres, etc... Sinon, cela revient à demander un nouveau récépissé avec le nom d’une association déjà existante et c’est illégal.

11°) Le ministre voudrait nettoyer un milieu corrompu. Peut être, mais pour cela, on demande des audits, on défère des gens devant les tribunaux, on impose des procédures pour réduire les détournements et la fraude et on communique. Ici, tout ce qu’on voit, c’est la volonté de contrôler la CAMEG, en changeant le DG et le CA et en violant tous les textes pour ce faire. Pendant ce temps, des responsables du même ministère déjà épinglés pour malversations et/ou mauvaise gestion sont toujours en poste !

12°) Des gens, à la CAMEG, travaillent contre la politique de gratuité des soins aux enfants et mères et doivent être "balayés" pour pouvoir atteindre les objectifs du programme présidentiel. Ce serait par ailleurs des "caciques" de l’ancien régime. Dangereux, car si nous tous qui avons travaillé dans une structure publique ou semi-publique sous Blaise Compaoré devions être "dégagés" il ne resterait pas grand-monde. D’ailleurs, on voit difficilement qui serait plus "cacique" de l’ancien régime que les RSS ! Quand à la gratuité, en dehors de la disponibilité du médicament et à son prix, la CAMEG ne joue aucun rôle dans le circuit de la gratuité. Sauf à vouloir qu’elle livre à crédit (ce qu’elle fait déjà) mais sans être jamais payée, ce qui serait la condamner au dépôt de bilan à court terme. C’est d’ailleurs le même ministre qui a fait une communication pour demander aux clients de la CAMEG de lui payer ce qu’ils doivent, alors on ne comprendrait plus ?

Au final donc, on a du mal à comprendre l’objectivité des actes du ministre, et on finit pas s’en remettre au subjectif, c’est à dire placer des proches, gérer la caisse, atteindre un objectif politique, ou plus platement flatter son orgueil ! Les uns et les autres devraient donc faire preuve de plus d’objectivité avant de se lancer dans des "encouragements".


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