Accueil > ... > Forum 954813

« Le PAREN ne va pas se faire sans Barry, ça c’est clair. Mais, pas avec Carlos … », déclare le fondateur du parti, Laurent Bado au sujet de la crise

23 août 2016, 10:26, par Désiré personne

Internaute anonyme n° 45 (sauf si un commentaire précédent était retiré du forum, auquel cas tous les commentaires changeraient de "numéro", c’est la raison pour laquelle il est préférable d’utiliser un pseudo)

Le texte fondateur du Burkina Faso est sa Constitution de 1991, et non le texte du Gal de Gaulle pour "accorder" une fausse indépendance à la Haute Volta.
Votre connaissance du droit des peuples à modifier leur Constitution (leur texte fondateur) est bien pauvre, mais c’est logique de la part d’un esprit étroit à qui les lois de Moïse semblent suffire pour fonder les droits et devoirs des hommes. Quand la maison de quelqu’un tombe, il la reconstruit, et pour cela il en refait les fondations. C’est ce qui s’est passé après la révolution, et c’est ce qui se prépare après la faillite de l’Etat en 2014, quand le Burkina Faso repartira sur de nouvelles bases, inscrites dans un nouveau texte fondateur.

Ensuite, appliqué au texte biblique de la Genèse, le terme homosexualité est évidemment anachronique puisque le terme moderne, inventé au XIXe siècle, s’accorde difficilement avec des textes aussi anciens.

Mais revenons sur le "péché" de Sodome, malgré cet anachronisme.
Dieu, alerté par « le cri contre Sodome », dont le « péché est énorme », est résolu à détruire la ville pour punir ses habitants (Genèse 18:20-21). Il envoie alors deux anges vérifier si le « péché » est avéré. Ces anges arrivent à Sodome et Loth, le neveu d’Abraham, les invite à loger chez lui. Tous les hommes de la ville entourent la maison de Loth en demandant qu’il leur livre les deux étrangers pour qu’ils les « connaissent » (Genèse 19:5).
De nombreuses discussions ont porté sur le sens de la demande des habitants de Sodome, de "connaître" les deux étrangers. Les textes prophétiques donnent des explications qui n’ont pas trait à l’homosexualité, comme le Livre d’Ézéchiel (« orgueilleuse, repue, tranquillement insouciante ») qui reproche de n’avoir pas secouru le pauvre et le malheureux » ou d’autres documents qui soulignent le reproche du non-respect du droit.
Plus tardivement, la demande des habitants (de "connaître" les deux étrangers qui, en fait, sont les anges envoyés par Dieu) sera interprétée comme une condamnation de rapports homosexuels. Cette lecture semble apparaître aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., dans des textes qui ont peut-être été motivés par la rencontre de la culture juive avec la civilisation grecque qui vouait un culte aux éphèbes, à la nudité et à la pédérastie. Elle apparaît d’abord dans le Livre des jubilés, les Testaments des douze patriarches et le Testament de Nephtali, ou le Testament de Lévi, même si les allusions restent discrètes.
La première assimilation du crime de Sodome à l’homosexualité est apparue ainsi vers 50 av. J.-C.10.
Dans un premier temps, l’homosexualité passive est principalement visée et condamnée, étant considérée dans l’antiquité comme une faiblesse, la passivité étant un apanage féminin ; d’ailleurs dans la société antique, le viol des prisonniers constituait une grande humiliation. Cette confusion de rôles est proscrite dans le Lévitique.

Revenons encore à ce qui a causé le châtiment divin, et qui n’est pas concevable par nos esprit modernes et avec notre vocabulaire contemporain. Le terme traduit par le mot « connaître » en français a pour racine yada’ qui signifie « connaître », « savoir ». Il constitue parfois un euphémisme pour « rapport sexuel » mais cela concerne généralement les rapports hétérosexuels. Dans le cas d’un rapport homosexuel, d’autres occurrences bibliques utilisent le verbe sakan qui signifie « coucher ». Certains exégètes expliquent donc que le terme yada’ signifie « faire connaissance avec » dans le sens d’une demande de l’identité de voyageurs qui, arrivés le soir chez un étranger habitant en ville, n’aurait pas été vérifiée à l’entrée de la ville. La réaction de Loth, qui semble choqué de la demande, laisse penser qu’il suppose qu’il s’agit d’une demande d’ordre sexuel, mais n’impliquant pas nécessairement l’homosexualité. Celui-ci répond à la demande des habitants de la ville — dont font partie les « gendres » de Loth — par la proposition de leur offrir ses propres filles — dans un passage auquel répond un passage ultérieur où ce sont les filles qui utiliseront leur père dans un récit incestueux — ce qui remet en question cette supposée homosexualité de la même manière qu’il est douteux que tous les habitants de la ville, y compris les gendres de Loth, aient pu être homosexuels. Le crime des habitants de Sodome semble donc s’apparenter au crime grave pour l’antiquité du déni des lois de l’hospitalité à travers l’agression sexuelle motivée par l’agressivité, l’orgueil et l’inhospitalité de Sodome.

Et votre interprétation "rapide", Internaute anonyme n°45 (si toutefois vous gardez ce numéro), vous a poussé à la confusion, à de l’incompréhension, et à un fâcheux "malentendu" sur lequel nombre d’homophobes se jettent les yeux fermés pour servir leur thèse discriminatoire. Alors s’il vous plait, ouvrez les yeux et réfléchissez avant de relayer de dangereuses et erronées "analyses" qui n’en sont pas.

L’Épitre de Paul aux Romains, que vous citez, raconte très exactement ce qui se passe depuis toujours en Afrique du Nord. Les filles, contraintes à la virginité jusqu’au jour de leur mariage, acceptent des rapports hétérosexuels "contre-nature". Les hommes, peu à peu, ont pris goût à cette "entrée serrée", "se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres" comme le dit Paul, et c’est ainsi que de façon très hypocrite les Africains du Nord pratiquent la sodomie, sans distinction de genre, mais bien entendu pas ouvertement, l’homosexualité n’est pas acceptée en Afrique du Nord, bien que largement pratiquée.

Ce que reproche Bado aux homos, c’est qu’ils voudraient être reconnus dans leur droit à vivre leur différence, mais qui a réclamé ce droit ouvertement ? Personne, ainsi il apparait clairement que Bado utilise l’idéologie négative du bouc émissaire, commune aux pouvoirs totalitaires, idéologie qui passe par une victimisation et une théorie du complot, et l’existence de comploteurs qu’il faudrait neutraliser avant qu’il ne complotent !

Quant aux ébats, qu’ils soient d’hétéros ou d’homosexuels, ils sont protégés par le droit à la vie privée. Alors si Bado veut faire une pétition, qu’il la lance contre la prostitution, pas contre ceux qui ne cherchent qu’à s’aimer, ni contre la sodomie que bon nombre d’hétérosexuels pratiquent avec leur(s) femme(s) ou/et leur(s) maîtresses.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés