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Arrondissement 7 : Le RPR réaffirme son appartenance à la mouvance présidentielle bien que…

16 août 2016, 15:16, par Eveline Kiswensida

Encore un parti de personnes !!!!!

Cette situation décrit bien le clivage politique au Burkina Faso qui se décline non pas par des idéaux, mais autour de personnes ("parti de Ali Badra Ouédraogo"). Un parti dit de la mouvance présidentiel (expression assez péjorative qui cache mal les intérêts personnels), qui soutient le président du faso, mais non les idéaux du parti qui a porté ce président au pouvoir. Or, et dans l’idéal, ce serait bien les idéaux du MPP qui ont fait de Roch un président. Voyez vous l’incohérence ? Je saisis donc l’occasion pour partager un post laissé au sujet d’un article "Où sont les insurgés d’octobre 2014 au Burkina Faso ?(2)".

La question du positionnement des partis politiques et leur différenciation au yeux des électeurs : Sur quel clivage faut-il analyser la politique au Burkina Faso ? Quelle ligne de démarcation faut-il envisager pour appréhender les alliances politiques ?

La question des idéaux est fondamentale pour toute organisation politique et dans une démocratie se voulant plurielle avec son corolaire qu’est l’alternance au pouvoir. Un idéal, pour un parti politique, est le modèle de société qu’il souhaite dessiner pour son pays. L’idéal inspire le parti ; c’est son ADN. Cet idéal est porteur de valeurs et ces valeurs appellent à leur tour un certain nombre de principes (hiérarchisables). Ce sont ses principes qui doivent régir l’action du parti dans l’exercice du pouvoir.

Mais avant d’exercer le pouvoir politique, il faudrait d’abord le conquérir ; à l’image d’un marché sur lequel les fournisseurs d’un bien en compétition tentent de séduire le consommateurs. Sur ce marché, les concurrents font tout pour se différencier aux yeux du consommateur. C’est cet effort de différenciation qui conduit logiquement au positionnement de chaque produit sur le marché. Or sur le marché politique burkinabé, on ne distingue pas les partis en compétition. Elles battent toutes campagne autour de la lutte contre la corruption, la justice, et le bien être des populations. Ces actions ne sauraient être des idéaux politiques. Elles ne peuvent se substituer au projet de société que propose un parti en compétition. La lutte contre la corruption, et tous ces thèmes courants de campagne auxquels on est très habitué, sont communs à tous parti politique. Personne ne battra campagne pour le vol et le mensonge et le déclin de la société ! Il s’agit là d’actions qui ne peuvent pas permettre une différenciation claire des partis politiques en compétition.

Et il est vrai que ce qui différencie les partis politiques, au Burkina Faso d’aujourd’hui, c’est bien les personnes (les chefs de parti). Il s’agit de partis de personnes mais non des partis d’idéaux (en cela faut-il même les appeler parti politique ?). Le clivage politique reste figé donc aux chefs (qui sont plus que de simples dirigeants) des partis en compétitions.

D’une part, c’est de ce constat que doit partir toute analyse des stratégies de ces partis politiques : qu’il s’agisse d’alliance ou d’opposition.
C’est aussi de là qu’il faut comprendre l’impertinence de la création dune institution de CFOP qui engloberait tous les partis qui ne sont pas au pouvoir. Cette institution traduit bien l’idée que se fait le législateur burkinabé de l’échiquier politique et des partis politique qui s’y positionnent. Or cette idée est mauvaise (disons le tout court) ! D’abord, comment peut-on créer une force d’opposition qui rassemble en elle seule des organisations assez hétéroclites et antagoniques ? Une loi contraignant à la cohabitation !!!! C’est bien à cette cohabitation que sont contraints l’UPC et le CDP aujourd’hui. Ensuite, il est impossible d’espérer (avec une institution aussi hybride) voir l’émergence d’une opposition d’idéaux avec un débat véritablement constructif (non pas cette opposition politicienne), un vrai débat de société, et même un débat véritablement libre et démocratique ; des partis se disant idéologiquement proches se retrouvent à s’opposer (c’est bien le cas du CDP et du MPP), alors que des partis idéologiquement opposés scellent des alliances (c’est la cas de l’ADF/RDA, qui se réclame libéral, et du CDP).

D’autre part, cette différenciation des partis politiques par les personnes à leur tête crée une double insécurité. D’abord une insécurité pour l’électeur qui est privé d’un choix éclairé : l’électeur ne choisit pas en fonction du programme du parti (tous les partis politiques ont quasiment me même programme par ce qu’ils prêchent caricaturalement la même lutte contre la corruption) mais en fonction de la sympathie pour tel ou tel candidat ; Ensuite (conséquence de la première insécurité) une insécurité liée à la tentative du vote ethnique. Il est clair, sur ce second point, que si le choix doit être porté sur les personnes, l’ethnie et l’achat des consciences deviennent des stratégies gagnantes.

Désolé pour la longueur du post, mais voici les prémisses d’une réflexion qui doit être menée en vue de la nouvelle constitution.

Eveline Kiswensida : onsocrate@yahoo.fr


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