Université de Ouaga II : La Cour d’appel de Ouagadougou annule la condamnation du Pr Ouaro dans l’affaire qui l’oppose aux docteurs Géneviève Kabré et Ousséni So

J’étais au procès ce jour-là. Ce qui m’a étonné c’est que les juges ne maîtrisaient pas du tout le dossier car ils ne l’avaient pas regardé avant de venir. Ils ont même fait 15 minutes pour discuter s’il fallait prendre le dossier ce jour-là ou pas. Ils étaient même étonnés du volume de pièces qui accompagnait ce dossier, pièces dont ils ignoraient évidemment le contenu. Dans ces conditions ce n’est pas étonnant qu’ils aient rendu un jugement pareil ! En effet ne maitrisant pas le dossier ils se sont contentés de poser des questions superficielles. Par contre le procureur lui maîtrisait le dossier. Ses questions étaient pointus à tel point que Maître Hervé KAM, avocat de monsieur OUARO l’accusa d’avoir un dossier parallèle. Je signale aussi que les avocats de OUARO (4 ce jour-là) voulaient que le jugement ce passe sans aucune pièce (ils avaient d’ailleurs dissimulé derrière les bancs les pièces que la partie adverse leur avait fourni). Ils ont même dit au président du jury que ces pièces n’étaient pas nécessaires. La tournure des évènements leur a donné tort.
Ce qui m’amène à faire une analyse avec deux hypothèses :
1) Hypothèses 1 : Les juges n’ont pas pris connaissance de toutes les pièces du dossier ni avant, ni après le procès. En effet, c’étaient les vacances judiciaires, ils faisaient seulement la permanence. Aussi ils ont opté pour le service minimum. Dans ces conditions, ne connaissant pas le dossier leur jugement ne pouvait être que superficiel.
Je signale que les juges du tribunal de grande instance (TGI) qui avaient rendu un verdict condamnant OUARO ont fait plus de trois mois avant de rendre leur jugement. J’imagine qu’ils ont pris tout le temps pour bien maîtriser le dossier ! Alors que ceux de la cour d’appel ont rendu leur verdict en trois semaine et en période de permanence !

2) Hypothèses 2 : Les juges ont été influencés afin de rendre ce verdict. Je me fonde sur le fait que les avocats de OUARO ont tenu à changer de chambre car la chambre qui s’occupait de ce dossier (et qui je l’imagine le maîtrisait) avait sa permanence le 12 aout, chose que Mr OUARO ne voulait pas car, il devait prendre ses vacances en aout comme il l’a signifié ce jour-là. C’est ainsi que le jugement avait été renvoyé dans l’autre chambre pour le 22 juillet. Ceci à dessein car il semble que cette chambre contient un promotionnaire de OUARO.

Dans toutes les deux hypothèses cela est très grave pour notre justice qui se veut indépendante. Cela mérite en tout cas une enquête minutieuse de la cour d’appel car et le laxisme (hypothèse 1) et la corruption (hypothèse 2) sont deux maux qu’il faut bannir de notre société en général et de notre justice en particulier.
Je ne dis pas que tous les juges sont dans cette lignée ! Bien heureusement ! En effet les juges du TGI ont pris tout leur temps pour étudier le dossier. Au niveau de la cour d’appel, le premier jugement a été renvoyé à une autre date car la présidente du jury ce jour avait reconnu que Pr KABRE fût son professeur au lycée. Elle craignait donc d’être sensible à cela. Voici deux cas de vertu qui sont attendus de nos juges ; ceux-là mêmes qui ont lutté et obtenu et leur indépendance vis-à-vis de l’exécutif et leur indépendance financière par la revalorisation de leur statut.