Accueil > ... > Forum 938689

Ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille : Que cache la grogne des agents ?

7 juillet 2016, 14:41, par Sidpawalemdé Sebgo

Internaute 33, Nacoulma Théodore : Je ne délire pas et je ne dis pas des bêtises. Je donne une opinion, la mienne, que vous n’êtes pas obligé de partager. C’est ça aussi, la démocratie, ne vous en déplaise, et moi au moins, je n’insulte personne.

On dit souvent que c’est le manque d’arguments qui conduit à rouler dans le caniveau des attaques personnelles et des injures. Je veux bien le croire vu qu’à part affirmer que ce que je dis est faux, vous n’avancez rien de concret pour le montrer.

1°) Ce que vous appelez pompeusement "formations continues", je l’appelle "se former sur le tas". Quand on nomme quelqu’un, puis on lui fait suivre un ou deux séminaires d’une semaine chacune (étalés sur des mois, ce qui signifie qu’entre temps il se débrouille), j’appelle cela de la formation sur le tas, et je refuse de la comparer à une formation académique ou professionnelle de deux à trois ans. Mais je dis que la plupart des agents donnent satisfaction malgré cette faiblesse.

2°) Oui, il y a des médecins et des pharmaciens qui ont fait une formation en santé publique et/ou des diplômes en gestion des programmes et projets de santé. Mais combien sont-ils ? Et qui vous a dit que c’était une condition pour être nommé médecin chef de circonscription ou directeur régional ? Ce serait plutôt à vous de vous renseigner sur le contenu de la formation donnée à l’UFR/Santé de l’Université Ouaga I à nos médecins et pharmaciens. Vous nous informerez de quel module, dans quel semestre, traite de la gestion des ressources humaines ou de la rédaction administrative ?

3°) Oui, les agents de ce ministère, comme ceux d’autres, ont bel et bien contesté leur ministre. Je peux citer parmi ceux qui ont été particulièrement attaqués la ministre des postes et de l’économie numérique, celle de l’économie et des finances, celui de la jeunesse et de la formation professionnelle, celui de l’habitat, celui de la culture, celui des affaires étrangères. Ils l’ont fait de façon informelle, par la presse et les réseaux sociaux, mais ils l’ont fait, et cette contestation explique en partie les levées de boucliers sur les nominations faites par les intéressés. Car des nominations de personnes au profil pas exactement conforme ont eu lieu dans d’autres ministères sans avoir les mêmes réactions. Par exemple, Simon Compaoré a nommé des policiers, des gendarmes et des militaires préfets, haut commissaires et gouverneurs sans que cela n’émeuve personne. Martin Coulibaly a nommé des enseignants du secondaire au primaire. Le ministre de l’agriculture a nommé de nombreux chercheurs du CNRST, son institution d’origine.

3°) Je n’ai jamais préconisé le mélange des genres,et je ne vois pas dans les nominations mises en causes des décalages aussi graves que ceux que vous citez. Je dis que si un petit pourcentage de hauts postes nominatifs sont occupés par des gens "venus d’ailleurs", ce n’est pas la fin du monde, ni une cause suffisante pour parler d’incompétence et de "mépris" envers un corps et réclamer la tête du ministre. Et reconnaissez que si vous accueillez votre ministre en la traitant d’incompétente, "d’étrangère" et de "parachutée politique", vous ne lui donnez pas envie de vous nommer pour réaliser sa lettre de mission ?

4°) A moins de ne pas vivre pas au Burkina ou n’avoir jamais été fonctionnaire, vous ne pouvez pas ignorer que le préfet coiffe administrativement tous les fonctionnaires de sa localité, même ceux en A alors que lui est en B. Des instituteurs ont été nommés hauts commissaires et ont donc commandé plus gradés qu’eux, en ayant un administrateur civil comme secrétaire général et ce n’était pas dans l’armée. Des professeurs de lycée A1 ont été gérés un temps par des proviseurs professeurs de collège A2. Une infirmière a longtemps géré un des plus grands projets économiques du pays, et avait sous ses ordres des cadres techniques et de gestion de catégorie supérieure. Une autre a été haut commissaire puis gouverneur. Des magistrats (pourtant officiellement interdits de politique) ont été députés, ministres et ambassadeurs. Et vous parlez de rêve ? Vous êtes vraiment décâblé des réalités de notre pays, mon cher ami ! On ne dit pas que ça doit continuer, on dit que ce que vous dénoncez est loin de ces dérives graves et pas interdit comme ce que le régime précédent faisait.

5°) Visiblement, l’insurrection populaire a "retourné" la tête de beaucoup. Vous dites que c’est le ministre qui doit "aller ailleurs" trouver des gens de confiance ? En oubliant que ce n’est pas l’agent qui choisit son supérieur ! Le supérieur par contre peut choisir une partie de ses collaborateurs, dans le ministère ou en dehors, c’est son pouvoir discrétionnaire, limité certes par des règles élémentaires. L’administration comme le militaire se soumet aux élus politique, c’est cela la république et la démocratie. Le peuple leur a donné le pouvoir de nous diriger pendant 5 ans, ce n’est pas vous qui pouvez le remettre en cause du haut de votre suffisance, ni moi d’ailleurs ! Visiblement, avoir réussi à chasser Blaise Compaoré fait penser à certains que nous sommes désormais en anarchie. Dieu nous en garde...


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés