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Ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille : Que cache la grogne des agents ?

4 juillet 2016, 19:10, par Sidpawalemdé Sebgo

Internaute 15 (Minnayi) : Il faut savoir qu’appartenir à un corps et assumer une responsabilité sont deux choses bien différentes. Et qu’un "spécialiste" de niveau BEPC ou BAC peut se voir préférer une personne issue d’un autre corps de niveau BAC+5. Car à partir d’un certain niveau, on a appris à apprendre et on s’adapte. Or certains ministères et corps manquent tellement de compétences que ce sont les agents de catégorie B qui occupent les postes de directeurs provinciaux et régionaux. Sans compter que les hauts postes sont destinés à réaliser un programme politique, et qu’il faut donc un minimum d’adhésion à ce programme, ce qui suppose une certaine confiance dans les hommes.

Actuellement, tout le monde trouve logique qu’un médecin soit nommé DR de la santé. Or, la formation du médecin n’intègre ni la gestion administrative, financière, logistique, ni celle des ressources humaines qui sont cependant les taches principales de ce poste. A part donc peut être la connaissance du milieu médical, rien ne le distingue d’un enseignant qui serait nommé à ce poste et tous deux apprennent "sur le tas" leur nouveau métier de gestionnaire. Un administrateur civil à un poste de directeur régional de la santé aurait même moins de choses à apprendre que le médecin ! Sans compter que certains se demandent si c’est raisonnable de transformer un médecin en administrateur alors qu’on en manque cruellement.

Dans les nominations récentes, les gens ne voient que ceux issus d’un autre corps. Par exemple, tout le monde trouve normal qu’un professeur de collège (A2) soit nommé par le même conseil DR ou DP de l’enseignement. Or, il ne connait absolument rien au fonctionnement du primaire qui représente 80% de l’effectif des agents qui seront sous sa responsabilité, malgré qu’il soit lui aussi enseignant, n’a pas de formation en gestion ni rédaction administrative ou des ressource humaines. Pire, il risque d’avoir sous sa responsabilité des professeurs de lycée (A1) et des inspecteurs du secondaire (P), supposés être ses supérieurs .Mais on sait qu’avec son niveau, il s’adaptera très vite à tout cela. C’est aussi pourquoi depuis le colon, on a accepté que la fonction prime le grade. C’est cette logique qui fait que le préfet, en catégorie B, vise administrativement les documents des fonctionnaires de catégorie A de son ressort territorial.

Pour prendre les exemples que vous avez cités, le ministère de la santé a eu comme ministres un sociologue (BAC+3 s’il vous plait), un gestionnaire, un géologue. Celui de l’enseignement a eu comme ministres des professeurs de lycées (qui coiffaient donc les profs d’université), un diplomate, un gestionnaire. Le ministère de la femme a longtemps été dirigé par un maitre d’EPS. Et pourtant, personne ne s’est plaint (et ne se plaint toujours) de la façon dont ils ont géré. Un administrateur civil a battu le record de durée au poste de SG (y a-t-il poste plus "technique" ?) de l’enseignement secondaire et supérieur, et a même été rappelé après son départ et remplacement par un ’technicien" qui a déçu. Mieux, c’est généralement les "techniciens" sans charisme, sans volonté politique ferme, nommés dans leurs propres ministères qui ont eu le plus de problèmes.

Pendant que vous tirez sur les "pauvres" nouveaux nommés, des militaires, enseignants et gestionnaires nommés depuis Blaise Compaoré sont toujours en poste comme ambassadeurs, des enseignants toujours préfets, des policiers ou militaires toujours gouverneurs ou hauts commissaires. Il y en a même dans les nouvelles nominations sans que cela semble déranger quelqu’un. Pour respecter votre "exclusivité", il faudrait donc révoquer environs 30% des postes de la haute administration. Ce n’est pas raisonnable, surtout si les gens donnent satisfaction. L’appartenance à un corps n’a jamais été un critère de compétence ni de confiance !

Toute cette confusion découle en partie de l’insurrection, de sorte que tout le monde croit avoir son mot à dire sur comment l’état doit fonctionner. Or si on veut suivre votre logique l’état ne fonctionnera plus du tout. Sachez qu’un peu partout dans le monde, à partir d’une certaine catégorie, on peut être nommé à pratiquement tous les postes, même si chaque poste fait l’objet d’une description de profil minimum. En France, la porte d’entrée de la haute administration est l’ENA, ou on recrute littéraires, scientifiques, économistes, juristes, ingénieurs, et d’où l’on sort après une courte formation apte à servir à TOUS les postes de l’administration. C’est ainsi que Michel Sapin avec une Licence d’histoire et un DEA en géographie, en est sorti pour être nommé ministre des finances. L’actuelle ministre de la santé Marisol Touraine n’est même pas passée par l’ENA et est économiste de formation ! Et personne ne remet en cause leur nomination ou leur compétence ! Alors sachons raison garder et ne détruisons pas notre pays avec des doctrines sectaires et contre-productives...


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