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Ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille : Que cache la grogne des agents ?

4 juillet 2016, 16:12, par Sidpawalemdé Sebgo

Le "problème" qui se pose dans ce ministère est aussi posé dans plusieurs autres, et depuis des décennies. C’est seulement qu’il a pris plus de proportion avec le plus grand partage de l’information et l’avènement de l’insurrection populaire.

En résumé, faut-il être exclusivement un spécialiste d’un domaine donné, ou un cadre d’un ministère donné, pour y être nommé et même simplement y travailler comme les autres ? Car c’est bien dans cette logique que les fonctionnaires sont en train de vouloir lancer notre pays. La réponse est clairement non, et il faut le dire.

Ainsi, les CASU et assimilés ont réclamé de diriger exclusivement les établissements secondaires et les intendances, refusant aux autres jusqu’au droit de faire "leurs" concours. Les financiers demandent que les autres acteurs comme les informaticiens et les secrétaires soient exclus du "fond commun" pour le laisser aux seuls "vrais" financiers. Les travailleurs sociaux et travailleurs culturels exigent que seuls les membres de leur corps soient nommés aux postes de leurs ministères. Cette logique d’exclusion est d’autant plus dangereuse que les premiers responsables semblent hésiter à dire clairement aux gens que l’état et la société ne peuvent pas être "compartimentés" de la sorte !

La police a besoin de médecins, d’ingénieurs et de d’informaticiens. L’enseignement a besoin de gestionnaires et de statisticiens. Avant que le Burkina ne se dote d’écoles et de recrutements conséquents, la culture et l’action sociale ont longtemps été dirigés, et bien dirigés, par des enseignants. D’ailleurs, le "meilleur ministre de la culture du monde", sélectionné pour le gouvernement mondial idéal, a été Mahamoudou Ouédraogo, journaliste de formation. Notre meilleur ministre du monde du travail et de l’action sociale a été Jérôme Bougouma, professeur de droit.

Même aux postes nominatifs, par définition politiques, on voudrait la aussi y mettre des "conditions" strictement corporatistes, comme le montrent les critiques envers les ministres nommés aux affaires étrangères, à l’économie numérique ou à la solidarité nationale, accusés de ne pas être "de la maison" ou des "techniciens du domaine". Comme si un gouvernement de "technocrates" était l’idéal démocratique à atteindre ! Qui se rappelle de la formation de Angela Merkel (physicienne atomique) ou de celle de François Hollande (juriste) ? Qui se rappelle que Pierre Bérégovoy, un des meilleurs ministres des finances de la France, ministre de la défense puis premier ministre n’avait que le CEP et le CAP comme diplômes ? Se rappellent-ils que Michelle Alliot-Marie, femme et juriste de formation, a été l’un des meilleurs ministres de la défense en France ? Connaissent-ils la formation de Barack Obama (travailleur social) ou de Hilary Clinton (avocate) ? Savent-ils quel diplôme a Bachar Al-Assad (dentiste) ou Mahmoud Abbas (historien), ou son prédécesseur Yasser Arafat (ingénieur en génie civil) ? Plus près de nous, savent-ils quel était le premier métier de Jean-pierre Guingané, ou de Juliette Bonkoungou, ou quel était celui de Maurice Yaméogo ?

Bref, il faut qu’on dise aux gens clairement que les revendications sont fondées quand elles concernent leurs conditions de travail, mais que cette histoire de "parquer" les gens selon les études et diplômes ne marche nulle part et ne va certainement pas marcher au Faso !


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