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Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

18 juillet 2016, 14:26, par Le Canon

M. Zanga, votre détermination est bien perceptible mais n’oubliez jamais que l’espace culturel des sème a changé depuis l’introduction des religions révélés, le passage du colon, l’arrivée d’autres groupes sociaux à Oradara, etc etc. Ce changement est pour de bon et plus rien ne sera comme avant. Sinon, les autochtones auraient le plein pouvoir sur leur terre et ce débat ne se poserait même pas. De la Haute Volta post coloniale au Burkina Faso post insurrectionnelle, la liberté de conscience suppose que ceux qui ont choisi une voie spirituelle autre que le sème ont aussi le droit de posséder des espaces de culte dans la même localité. J’aurais compris et accepté entièrement votre position si les sunnites étaient allez s’installer sur le terrain sans aviser une autorité habilitée comme on le constate souvent dans les non lotis. Ils ont un titre de propriété ou au moins un début de titre de propriété. Dans tous les cas, l’administration a été informée d’une manière ou d’une autre de leur présence en ce lieu. Aussi, les coutumiers qui se réveillent aujourd’hui pour revendiquer cet espace doivent s’en prendre aussi à eux-mêmes pour avoir laisser faire depuis des années. Toute la philosophie propre au sème que vous magnifiez est à priori valable pour ceux qui y adhèrent. En l’absence d’une solution à l’amiable, la voie judiciaire reste le dénominateur commun pour éviter que certains ne se rendent justice eux-mêmes tel que les coutumiers ont déjà donné le ton de façon très regrettable. Si vous parcourez l’histoire des croyances au Burkina Faso, vous trouverez dans des musées des objets sacrés sensés être inamovibles, vous trouverez que des bois sacrés sont devenus aujourd’hui des boulevards, des fétiches réputés ont été vendus par ceux mêmes qui les adoraient. Aussi, vous trouverez des cultes bien conservés en tout depuis des générations. Mêmes les religions révélés ne résistent pas toujours aux vicissitudes de la vie et à l’usure du temps. Ainsi va le monde.
Soyez rassurer d’une chose, si la suite des évènements démontrent clairement que les sème ont plus droit à cette portion de terre de Orodara, malgré la distance, je les soutiendrai sans réserve pour que leurs droits soient respectés mais si par contre ce sont les sunnites qui y ont droit je les soutiendrai aussi de toutes mes forces pour qu’ils puissent continuer à exercer leur culte en ce lieu.
Moi, je suis musulman. Les enseignements que j’ai reçus venant du prophète Muhammad (paix et salut d’Allah sur lui) m’interdisent d’insulter les croyances autre que la mienne. Ils m’enjoignent de n’être ni oppresseur, ni opprimé et surtout de dire la vérité fusse - t-il contre ma personne ou mes proches. Je ne soutiendrai aucun coreligionnaire pour brimer d’autres personnes qui ne partagent pas la même foi que moi. Et le Saint Coran ajoute que Allah a prééminence sur moi et mes proches et le fait de dire la vérité de cette manière est une obligation divine à laquelle je ne peux déroger. Sachez qu’il n’y a pas plusieurs versions du Saint Coran. De tous temps les musulmans ont toujours eu le même Coran. De mon expérience des temps modernes aucune personne ne m’a déjà rapporté qu’il est allé à un endroit du monde et qu’il a trouvé une mosquée où était récité un Coran différend de celui avec lequel prie tous les musulmans du Burkina Faso.
M. Zanga, sachez que l’Islam est une tradition spirituelle dont le message est transmis sous forme de révélation. L’Islam intègre de ce fait tous les messages révélés et le Saint Coran n’est que la synthèse de tous ces messages. La diversité des croyances fait partie de thèmes les mieux abordés dans le Saint Coran et la question des sème ne saurait surprendre un musulman. Si vous connaissez l’histoire d’Ibrahim (Abraham (sur lui la paix d’Allah)), celle de Moussa (Moise (sur lui la paix d’Allah)), de Youssouf (Joseph (sur lui la paix d’Allah)) l’aversion que vous avez pour les religions révélées et particulièrement pour l’Islam diminuerait beaucoup. Sachez des pans entiers de l’histoire de l’Islam se sont déroulés en Afrique avec (Abraham (sur lui la paix d’Allah)), Moussa (Moise (sur lui la paix d’Allah)), Youssouf (Joseph (sur lui la paix d’Allah)) et même Muhammad (paix et salut d’Allah sur lui) à des périodes où le culte d’Allah a existé aux côtés du culte des idoles et autres formes de croyances. L’Islam n’est pas une religion étrangère à l’Afrique.
Revenant au différend foncier, sachez que pour moi en tant que musulman, toute la terre appartient à Allah et à Lui Seul. C’est ce même Allah qui a voulu la diversité dans la création et dans les croyances. Aucun musulman ne devait soutenir que des coutumiers soient injustement dépossédés de leur lieu de culte. Aussi, aucun musulman ne devrait accepter que des sunnites soient déguerpis injustement parce qu’ils pratiquent une religion autre de celles des autochtones d’une localité. Que la sagesse prime et que le droit soit dit et après que chacun respecte le verdict des tribunaux ou les engagements pris devant les éventuels médiateurs.
M. Zanga, apprenez de l’Islam à la bonne source, vous verrez que le débat sera plus serein, dépassionné et pas du tout incendiaire.


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